Pour donner sa propre histoire du fascisme en Italie, Mauro Bolognini construit Liberté, mon amour ! comme une farce grotesque qui se délite progressivement en tragédie. À travers le personnage sublimé de Libera Amore Anarchia, femme en constante révolte incarnée par une Claudia Cardinale enflammée, c’est la lutte au quotidien et l’esprit révolutionnaire qui sont glorifiés.

Bolognini aborde l'Italie des années 30, après une incursion dans les années 20 dans Quand la chair succombe (1961). Dans ce voyage entre Rome, Livourne, Modène et Padoue, Bolognini met en valeur le décor des années 30, avec ses extérieurs linéaires et ses décorations intérieures inspirés du Bauhaus. On a en effet beaucoup construit sous le fascisme les années 30.

Pour figurer la guerre et la libération, Bolognini a recours à des images d'archives dont l'image de la tête de Mussolini dans la presse que l'on reverra dans le Vincere de Bellocchio. Il y a eut plusieurs massacres semblables à celui d'Oradour-sur-Glane en Italie, où la violence allemande s'est exacerbée contre des italiens qui s'étaient retourné contre eux après avoir été leurs alliés. Une fois abattu le fascisme, les grands espoirs arrivent mais les débuts de la révolution possible sont trahis. Cet échec de la démocratisation conduira au terrorisme.

Vincenzo, l'un des scénaristes s'est beaucoup inspiré de l'attitude de sa mère. Claudia Cardinale s'habille de rouge pour afficher ses idées dans sa manière d'être. Le rouge est une agression permanente au noir des chemises noires du fascisme. Le fascisme est terrible à l'égard des femmes qui doivent rester à l'intérieur du foyer pour procréer et servir l'homme.

Mauro Bolognini, au-delà du style (première partie) (1992 – Couleurs et N&B – 29 mn) un film inédit de Richard Frances, Jean A. Gili et Philippe Jamont La première partie d’un entretien fleuve avec Mauro Bolognini, avec les témoignages de Claudia Cardinale, Adriana Asti, Marthe Keller et Dominique Sanda.