Jeanne Dielman, 23 quai du commerce, 1080 Bruxelles. Titre en forme d'adresse postale pour trois jours de la vie d'une ménagère belge, prostituée d'occasion. Vaisselle et épluchage des pommes de terre s'y déroulent en temps quasi-réel. Les deux premiers jours, les gestes sont précis, réglés, millimétrés. La succession des plans fixes, les entrées et sorties de champs du personnage font du film une sorte de balai domestique aux somptueuses natures mortes.

Les confidences du fils ouvrent cependant la porte sur le vide affectif de Jeanne . Lors de la passe avec le deuxième client, probablement, le réveil s'arrête. Jeanne est en retard, les pommes de terre sont trop cuites. Elle n'a pas le temps de se coiffer. Le soir elle n'arrive à rien.

Ce dérèglement augmente le lendemain. La brosse à chaussure tombe, la petite cueillere tombe. Elle s'arrête entre les taches ménagères. Elle soupire. La troisième passe révèle que Jeanne éprouve un plaisir qu'elle n'assume pas dans la prostitution; déréglée, perdue pour perdue sous le coup d'une impulsion, elle assassine son client. Longuement (le dernier plan dure 5 minutes 30) elle attend.

Chantal Akerman par Chantal Akerman (0h17)

Entretien avec Chantal Akerman (1996). Un entretien personnel et émouvant de Chantal Akerman sous forme d’autoportrait issu du film Chantal Akerman par Chantal Akerman dans la collection Cinéma, de notre temps. Difficile de parler de soi, ou plutot de son cinéma, de ce qui motive son désir ; trouver une forme qui ne soit pas une banale déclaration d'intention, sincère seulement.

Autour de Jeanne Dielman (1h18)

Un documentaire inédit (1975-2004) sur le tournage de Jeanne Dielman monté par Chantal Akerman et Agnès Ravez et filmé tout au long du tournage par Sami Frey. Des répétitions aux rapports entre Delphine Seyrig, Chantal Akerman et l’équipe, presque exclusivement féminine.