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Editeur : Océan, décembre 2008. 7 DVD-5Films. Shadows (1959), Faces (1968), Une femme sous Influence (1975), Meurtre d'un bookmaker Chinois (1976) et Opening night (1978). 70 €. Le coffret 7DVD de Océan rassemble cinq films majeurs de John Cassavetes, auteur mythique, majeur et incontournable. Mort à soixante ans en 1989, il ne bénéficia pas de l'habituelle longévité des cinéastes (il est né un an après Clint Eastwood) et ne nous laisse que douze films dont trois sont généralement considérés comme mineurs : les deux films de studio réalisés pour Kramer, Un enfant attend et La ballade des sans espoirs ainsi que son dernier, Big trouble, il est vrai quasi invisible. Ce coffret constitue donc la pièce centrale et indispensable pour apprécier toutes les facettes de cet auteur. On lui adjoindra Husbands édité en 2012 par Wild Side, Minnie and Moskowitz réédité en septembre 2007 par MK2, Gloria édité en 2006 et Love streams et Un enfant attend édités en 2004. Ne manque encore que La ballade des sans espoirs et Big trouble pour une édition complète de l'uvre en DVD zone europe. MK2 offrait en bonus l'indispensable portrait de John Cassavetes réalisé pour Cinéma de notre temps par André S. Labarthe en 1965 et 1968. Océan n'est pas en reste avec des bonus qui occupent deux DVD à eux seuls. Ils rassemblent les bandes-annonces originales, des entretiens inédits avec ses plus proches collaborateurs (Gena Rowlands, Peter Falk, Ben Gazzara, Seymour Cassel, Al Ruban, Lea Goldoni...), des interviews sonores réalisées par les critiques et historiens du cinéma Michel Ciment et Machael Henry Wilson (150 mn), le documentaire inédit "Anithing for John" réalisé par Doug Headline et Dominique Cazenave, qui retrace l'ensemble de la carrière de l'artiste via des images d'archives, des vidéos de tournage, des interviews de ses proches... (90 mn). Chacune des films enfin est introduit par Patrick Brion, historien du cinéma, et un cinéaste, Alain Corneau, Claude Miller ou Jean-François Stévenin. Films majeurs et bonus à foison permettent aussi de tracer une frontière entre un Cassavetes plutôt classique et un Cassavetes résolument moderne ainsi que le rappelait Gilles Deleuze. Dans l'image temps, il ne lui fallait pas moins de quatre chapitres pour évoquer l'ouvre du cinéaste. Pour les chapitres de l'Image-mouvement concernant l'Image-affection et la crise de l'image action il faisait ainsi souvent référence à Shadows et Faces alors que les chapitres de l'Image-temps concernant les puissances du faux et le cinéma du corps appelaient les exemples d'une femme sous influence et du Bal des vauriens. Suppléments : DVD1 : Autour de Shadows : Introduction de Patrick Brion (5'), Présentation du film par Alain Corneau (15') , Interview de l'actrice Lelia Goldoni (11'40), Interview du producteur associé Seymour Cassel (4'30), Bande Annonce (3'). Présentation du film par Alain
Corneau (0h15, 2008)
Alain Corneau fut d'abord sensible au portrait de la beat generation : jeunes désuvrés, ballades de nuit, parties dans les appartements. Le thème le plus évident est celui de la question noire du racisme ordinaire, traité en deux gros plans inoubliables : le froncement de sourcil de Tony dans le premier gros plan et le gros plan de Laila où elle voit le regard de Tony. Tout le monde a compris. Plus fondamentalement le film traite des gens qui ne savent pas qui ils sont, qui portent des masques sont en perte d'identité puis en quête d'identité, scène très explicite au MOMA. Cassavetes trouve que le cinéma américain fait toujours semblant ; n'essaie jamais de trouver la vérité ou du moins d'essayer même si c'est douloureux de trouver qui on est vraiment. Il préfère masquer cette vérité pour faire un spectacle plaisant. Le film ne possède pas de dénouement explicite mais les personnages se rendent compte qu'ils sont en train de mentir sur eux mêmes; Ben ne veut plus être comme ça. Cette prise de conscience est un espoir. Il retrouve confiance même s'il ny a aps de happy-end avec uen scène positive. Le film se termine sur un point d'interrogation. Mean street ou le cinéma de Woody Allen sont quand même différents. Il y a une quête de la grâce, un fond religieux chez Scorsese et chez Allen un milieu ambiant protecteur. cassavetes décrit un milieu plus âpre et plus souffrant. Le cinéma est l'art majeur de l'identité. Chez Charlie Mingus il y a aussi une structure permettant l'improvision. Le film reprend très peu de Self portrait in three colors. Interview de l'actrice Lelia Goldoni
(0h12, 2004)
Lelia Goldoni vient de Los Angeles où elle a déjà entendu parler des cours de John Cassavetes. Elle échange ses leçons contre des cours de danse et se souvient des visites de Gina Rowlands qui joue alors à Broadway. Cassavetes, pour son cours, s'appuie sur l'improvisation. Il définit le personnage de Leila comme la sur de Hugh et Ben. Chacun entre et improvise un rôle. Un soir, il annonce qu'il doit se rendre à l'émission de Jean Shepherd où il déclare qu'il va faire un film à partir de leur travail d'improvisation. A la séance suivante, il leur parle du film. Importance de passer du temps entre acteurs, au café, chez le coiffeur. Les dialogues pouvaient changer mais la forme de la scène restait dans une certaine mesure la même, se concentrant sur une personne après l'autre. Il y a avait une certaine répétition dans l'improvisation. Deux ans après, elle est retournée à Los Angeles et s'est mariée. Cassavetes la rappelle pour tourner d'autres scènes, lui fournit un billet pas cher pour New York... et une perruque car elle a maintenant les cheveux courts. La scène dans le night-club avec David Jones, la scène du lit aussi et celle du départ de la gare routière de Porth Authority où, ensuite, elle remonte la rue pendant 40 secondes. Les scènes sont très écrite j'ignorais que ça pouvait être aussi affreux dans les années 50 loi du halo romantique, rompre avec les conventions. Interview du producteur associé
Seymour Cassel (0h05, 2004)
Il rencontre Cassavetes en 1957 à New York au Variety arts studio, salle de répétions qui comptait 5 étages. John donnait un cours au rez-de-chaussée pour lequel il existait des bourses. Il joue dans L'homme qui tua la peur et est un acteur en vogue à la télévision (playhouse 90, The U.S. Steel hour). Seymour Cassel devient l'assisant d'Erich Kollmar à la caméra.
DVD3 : Autour de Faces (DVD2) : Introduction de Patrick Brion (5mn), Présentation du film par Jean-François Stévenin (16mn), Document "Lighting and Shooting" (12mn), Making of "Making faces" (42mn), Interview de Seymour Cassel (47mn) Making Faces.
Al Ruban coproducteur cameraman et monteur sur Faces, "un film sur la vie de tous les jours à laquelle vos voisins ne prêtent pas attention" avec Gena Rowlands et Lynn Carlin, personnage féminin principal que Cassavetes engagea alors qu'elle était la secrétaire d'Altman.
DVD5 : Autour de Une Femme Sous Influence (DVD4) : Introduction de Patrick Brion (5mn) Présentation du film par Patrick Grandperret (10mn) Conversation entre Gena Rowlands et Peter Falk (17mn) Interview de John Cassavetes par Michel Ciment et Michael Henry Wilson (1h16) Bande Annonce (2mn53) Interview d'Elaine Kagan, assistante de John Cassavetes (19mn) DVD6 : Autour de Meurtre d'un bookmaker Chinois : Introduction de Patrick Brion (5mn), Présentation du film par Alain Corneau (15mn) , Conversation entre Ben Gazzara et Al Ruban (18mn), Interview de John Cassavetes par Michel Ciment et Michael Henry Wilson (17mn), Scènes commentées par Peter Bogdanovich et Al Ruban (52mn). Introduction de Patrick Brion (5mn). Présentation du film par Alain Corneau (15mn) Conversation entre Ben Gazzara et
Al Ruban
BG. La première a eut lieu dans deux grands cinémas l'un en face de l'autre au Village. Les salles étaient pleines à craquer. En voyant la réaction du public j'ai vite compris qu'on était mort. Ils n'ont pas aimé. AR confirme le film est retiré au bout de six jours. Cassavetes rappelle Al Ruban quelques mois après que le film a disparu de l'affiche pour dire qu'il avait l'intention de couper le film. Il ne l'a pas coupé pour faire plaisir à quelqu'un d'autre. Il n'était pas satisfait. Il se trouve que la seconde version est plus courte mais c'est sa décision. A un moment, Ben comprend que ce film est le plus personnel de John et ça l'a ensuite beaucoup aidé pour jouer le personnage. Au début BG se dit très réservé sur le film, ce n'était pas un film drôle, trop professionnel. A la fin de la scène du retour, John se met à parler des empoisonneurs, ceux qui volent les rêves des autres, les gangsters qui sont en fait des voleurs d'âmes. Il lui explique que Cosmo, cet homme ordinaire, vit pour le rêve, pour l'art, pour le club, pour le spectacle, les filles. Les gangsters symbolisent tous ceux qui, dans la vie de tous les jours, s'interposent entre les gens et leurs rêves, qui les tuent. Il comprend lors que ce n'était pas un film de gangsters ; le film parlait de John, de sa lutte pour rester honnête. Pour Al Ruban, il s'agit bien de la vie de John, créer un univers vivre pour le voir se réaliser, tout faire pour le protéger, passer son temps à se battre contre les interférences, les gens qui ne parlent que d'argent, les influences extérieures qui ont leur mot à dire sur tout. Meade, Mr sophistication était un écrivain que John appréciait. Ce n'est pas un show professionnel drôle et spirituel. Il est plutôt exécrable, voire ennuyeux. En s'asseyant et regardant, le spectateur devient le prolongement de Cosmo et cette chose exécrable devient du grand art. AR le mélange d'amateurs et de professionnel
sans amateurisme, c'est une pratique qui rend les professionnels plus
précis, plus attentifs alors que les amateurs ont le désir
profond de faire partie de l'aventure et de jouer ces personnages. En
ayant la patiente de les accompagner, ils sont très bons et on
ne fait pas la distinction. Ils sont tous professionnels. cassavetes
regarde les répétitions à la caméra plutot
qu'à la visionneuse BG : John ne voulait pas d'aide des techniciens ou des professionnels pour eux La grande majorité des scènes sont répétées et scénarisées mais parfois, comme pour la scène avec la mère où Cosmo, blessé, se révèle, il n'y avait pas de dialogues ni d'indications alors que c'est une amateur. Caméra lointaine sauf caméra a l'épaule,
il donne l'impression de nous rejoindre comme un autre acteur. C'est
alors une histoire d'amour entre l'acteur et le réalisateur ainsi
lorsque Cosmo est blessé allongé sur le lit. C'est plus agréable sur un tournage de connaître les gens de les apprécier et de se sentir à l'aise avec eux. il fait répéter deux a trois semaines pour apprendre à se connaître.
Divertissement de masse différent de l'investissement dans un film on ne sait où il nous emmène. On peut s'y intéresser sans pour autant aimer réfléchir à cette histoire de quelqu'un qui a un rêve et qui peut aller jusqu'à tuer pour le défendre Interview sonore de John Cassavetes
Interview de John Cassavetes par Michel Ciment et Michael Henry Wilson (17mn) au festival de Berlin de 1978.
Ma motivation pour ce film. En remontant Sunset boulevard tous les jours pour aller travailler, je voyais les boîtes de strip-tease tout le long de Sunset boulevard et je me demandais en y regardant de plus près qui peut posséder en endroit pareil où des gens s'assoient en silence pour regarder de la chair et quelles sortes de personnes se produiraient là ? D'où vient ce besoin d'exhibitionnisme dans notre société dans certains endroits dédiés au sexe. Un après-midi, à mon retour, je suis entré dans l'un et j'ai parlé à l'un des types. Il m'a montré sa voiture dehors et il m'a dit combien de gangsters venaient chez lui. Pas tout le temps, mais il m'a dit précisément en fonction de leur importance qui venait et qui le connaissait et il m'a aussi raconté qu'il créait ses propres spectacles. Il les mettait en scène, les écrivait, il avait les plus belles filles ; il m'a montré la scène qu'il avait construite. Il en était extrêmement fier. Et j'ai vu cet univers, en partie américain, probablement international ca il y des boites de strip-tease partout et j'ai apprécier cet homme. C'était un homme très conventionnel qui portait une cravate, une chemise sur mesure, le type gangster, les chaussures et le chapeau qui vont avec. Il ressemblait à Humphrey Bogart, l'étui à cigarettes original, des lunettes qui n'étaient pas en plastique. Tout était plus élaboré que n'importe quel restaurant ou café. Nous venions de finir Une femme sous influence difficulté a trouver des distributeurs angoissé. Envie de tourner quelque chose sans trop se compliquer la vie. Il réunit une petite équipe et propose de commencer deux semaine plus tard. Il écrivait le scénario au fur et à mesure sur la manière dont les gangsters veulent plus même s'ils ne savent pas quoi et sur les gens dans cette société qui mènent une vie américaine banale, savent seulement travailler dur et cherchent à faire bien leur boulot. L'objectif est de gagner de l'argent et de le faire avec style. MBC traite moins de gangsters que du ait que dans noter société on est contraint de faire les choses mécaniquement sans pouvoir exprimer son individualité. Il faut se conformer à ce que veulent les autres. Il n'y a pas âme. La société dans laquelle nous vivons est tributaire d'un seul point de vue : faire les choses ainsi qu'il faut les faire. Ici Cosmo perd avec style serre les mains avec courtoisie ; l'innocence défaite et ceux qui luttent pour leur vie anéantis. Même si on fait ce qui est juste, on n'est pas forcement dans une direction légitime. Il voudrait tuer gentiment et est furieux d'être poursuivi caractéristique des jeunes. Ils sont idéalistes, critiquent leur propre violence. Ils prennent modèle sur la vie qui n'est pas forcement un bon exemple d'un point de vue politique ou économique. Années 70, Boorman, Altman, Schatzberg, Rafelson affichent leurs personnalités puis retour à la technique sur des sujets proposés par les majors. Atmosphère paranoïaque : le désir d'utiliser l'argent pour créer se heurte à la peur de ne pouvoir réaliser son deuxième film a moins de rentrer dans le rang. Le seul rempart, la critique et les festivals, la seule arme des gens créatifs c'est de gagner dans un festival. Cassavetes ne se sent pas très révolutionnaire. A 48 ans il est temps pour moi de dire : "laissez moi faire mes films, sans me soucier du succès ou de là où je vais. Et laisser les jeunes me montrer le chemin sans devoir constamment livrer non pas une bataille créative mais commerciale. Si je reçois une commande d'une major je suis déprimé de ne pas pouvoir l'accepter. A 18 ou 25, les jeunes attendent déjà qu'on les tire d'affaire par une proposition de major. Quelle chance ont-ils de réaliser quelque chose digne d'intérêt ?
Scènes commentées par
Peter Bogdanovich
Dix scènes commentées par Peter Bogdanovich et Al Ruban (52mn). Le film a até tourné dans un club sur Sunset Boulevard, Gazzari's, qu'on a renommé le Crazy Horse West. Azizi Johari, mariée à De Niro, est la seule professionnelle. Tout est écrit mais une partie des dialogues est inventé sur le moment, de légers changements, les filles en rajoutent un peu. John ne dit pas comment jouer mais fait répéter. Plusieurs répétitions pour donner l'impresion que c'est improvisé. Les filles sont des strip-teaseuses. La maison de jeu tourné à partir d'une devanture vide sur Sunset, completement redecorée. Tim Carey créait toujours des conflits sur les plateaux. DVD7 : Autour de Opening night : Introduction de Patrick Brion (5mn), Présentation du film par Xavier Durringer (10mn), Conversation entre Gena Rowlands Ben Gazzara (23mn), Interview de John Cassavetes par Michel Ciment et Michael Henry Wilson (30mn), Bande Annonce (4mn45).
Jean-Luc Lacuve le 02/12/2008
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Océan films
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présente
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