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Editeur : Wild Side Video, 2006. 1h39 minutes | Japonais Mono | Nouveau master restauré - 2.35, 16/9e comp. 4/3 - Noir & Blanc | Sous-titres : Français Bonus :
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Dans le Japon du XVIème siècle, deux généraux samouraïs, Washizu et Miki, se perdent dans les brumes et la forêt au retour d'une bataille victorieuse. Ils rencontrent une sorcière qui prédit que l'un règnera sur le royaume (Washizu), mais que ce sont les enfants de l'autre qui lui succèderont (Miki). Kurosawa transforme assez profondément le sens de la pièce de Shakespeare où le guerrier succombe à la tentation du pouvoir qu'il porte obscurément en lui tout en gardant sa grandeur jusque dans la chute. Ce sont moins les passions profondes des individus qui sont révélées ici que leurs erreurs. La séquence d'ouverture, qui sera reprise à la fin, indique assez clairement le message humaniste de Kurosawa. Le tragique des passions humaines s'accompagne d'un message bouddhiste appelant l'homme à se détourner du sang et des passions et à jouir sainement de la brièveté de la vie C'est pourquoi la brume n'est plus, comme dans la plupart des adaptations, le domaine des sorcières. Plus universelle, omniprésente dans les séquences d'extérieur, elle confond temps et espace pour les hommes enfermés dans la même confusion qui les fait agir avant de réfléchir. Parmi les plus longues séquences du film, on compte d'ailleurs l'errance dans le brouillard qui suit la prophétie de l'esprit de la forêt. Les impressions d'enfermement et d'aveuglement seront renforcées par la mise en scène des cavalcades de Washizu et Miki dans la forêt de l'araignée derrière des branchages et sous la pluie. La forêt de l'Araignée, comme il est souligné par Miki puis Inui, est une métaphore de l'égarement : on est amené à y tourner en rond sans trouver son chemin. La dimension intérieure n'est pas pour autant abandonnée. La maison de la baronnie du Nord où Washizu et sa femme Asaji complotent la mort du seigneur reflète le vide intérieur de Washizu qui se laisse dominer par le discours de sa compagne. La chambre de l'exécution, tachée du sang d'un traître qui y mourut vient rappeler, la permanence de la traîtrise et préfigure via le paravent de flèches le sort de Washizu.
Cette séquence magnifique permet de renvoyer à la fin l'épisode de la tache de sang imaginaire que lady Macbeth ne peut enlever de ses mains. Remarquable aussi le glissement du kimono d'Asaji, presque irréel comme si celui-ci transportait celle-là plus sorcière que femme. La grandeur est absente du personnage de Washizu. Ce n'est que par un stratagème (que n'a pas besoin d'utiliser Lady Macbeth, seulement plus clairvoyante de ce qui anime son mari) qu'Asaji convint Washizu de tuer le fils de Miki : elle fait croire qu'elle est enceinte. De même, Washizu ne sera pas tué en combat singulier. Il déclare à ses soldats proche de la trahison qu'il ne perdra aucune guerre tant que la forêt de l'araignée ne bougerait pas, tant qu'elle n'attaquera pas le château. Quand celle-ci le fait, ses soldats le criblent de flèches.
Chez Shakespeare, Macbeth garde la prophétie (Il ne sera vaincu que lorsque la forêt de Birnam viendra à Dunsinane) pour lui. Ce n'est que lorsqu'il comprend la seconde (absente ici) : "aucun être né d'une femme ne peut nuire à Macbeth" qu'il succombe. Kurosawa mit plus d'un an pour réaliser ce film, pour lequel il fit construire un château sur les pentes du Mont Fuji. La critique le jugea pourtant trop grand-guignolesque à l'époque, et le film fut un échec. Une trentaine d'années plus tard, Akira Kurosawa transposera le Roi Lear au temps des samouraïs, avec Rân. J.-L. L. le 18/03/2007 |
présente
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Le
château de l'araignée de Akira Kurosawa
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