Editeur : Bac Films. Décembre 2007.

Suppléments:

  • Edition simple : Filmographies du réalisateur et des acteurs - Galerie Photos - Bandes-annonces - Liens Internet et Playliste des chansons.
  • Edition double DVD : Commentaire audio de Christophe Honoré et Alex Beaupain - Interview de Christophe Honoré par Jean-Marc Lalanne, rédacteur en chef des Inrockuptibles (35’) – « Dernier couplet »: Chritophe Honoré filme l’équipe du film, autour d’un dîner animé (20’) – « Faire chanter les filles » : Ludivine Sagnier, Clotilde Hesme et Alex Beaupain interprètent des chansons du film et un titre inédit (23’) – « Les Chansons d’amour à Cannes »: montée des marches et conférence de presse (25’).

 

Ismaël et Julie vivent ensemble ; ensemble avec Alice avec laquelle ils forment un couple à trois. Julie est au cinéma alors qu'Alice et Ismaël bouclent très tard leur journal "L'Actu". Ismaël fait le clown lors du déjeuner familial chez Julie avec ses parents et ses deux sœurs : la trop sérieuse Jeanne et Jasmine, la littéraire angoissée. Un soir, pendant un concert dans une boite entre les quartiers de Strasbourg-Saint-Denis et Bastille, Julie se sent mal et sort sur le trottoir, où elle meurt sous les yeux d'Ismaël...

 

Le film musical substitue au monde réel un monde enchanté où chansons, danses et musiques emportent l'imaginaire des personnages comme celui des spectateurs. La comédie musicale américaine dont s'inspira beaucoup Jacques Demy emportait sur les rives de la comédie sophistiquée ou de la tragédie. La comédie musicale moderne à la française tricote plus étroitement les thèmes de l'amour et de la mort dans les mailles du quotidien. Chaque chanson y apparaît comme une parenthèse enchantée dans la trame narrative mais surtout comme un précipité de l'émotion dispersée dans les séquences précédentes. La force du cinéma d'Honoré est de travailler continuellement le symbole (le génie de la Bastille, la rose déchirée) ou le simple signe comme éléments constitutifs du réel. La chanson y est alors un signe supplémentaire que le talent d'Alex Beaupain rend inoubliable.

L'engagement social d'Honoré est transparent. Erwann colle des affiches de la LCR sans doute parce que la rose du parti socialiste apparaît dès l'un des premiers plans déchirée sur une affiche et que Sarkozy semble attendre son heure dans l'ombre. L'Actu, le journal d'Ismaël ne se fait pas faute d'épingler la mobilisation policière autour du scooter volé de Sarkozy ou les propos racistes de Georges Frèche qui lui valurent son exclusion du parti socialiste. Le Paris montré est celui des quartiers des 10ème et 11ème entre de Strasbourg-Saint-Denis la gare de l'Est et Bastille. On y voit, au parc de la pépinière, des enfants pauvres et le soir dans les rues des SDF dormant sur un matelas.

C'est un Paris hanté par le génie de la Bastille, par les fantômes de Michaux et d'Aragon. Michaux que l'on lit au cimetière pour soutenir la mort d'une sœur. C'est Aragon que l'on déclame à huit heures le matin en hiver quand le jour n'est pas levé mais que le temps promet d'être beau. C'est un Paris hanté par la mort et les fantômes dans lequel Julie peut revenir, appelée par toutes les enseignes, lumineuses. Dans De bonnes raisons, elle s'était étrangement éloignée, emportée par le chariot du travelling. Dans Pourquoi viens-tu si tard ?, on en comprend la raison. Elle revient appelée par l'imaginaire d'Ismaël et le travelling fait marche arrière, aussi artificiel qu'un signe, qu'une chanson, qu'une poésie mais tout aussi inoubliable. Et la chanson se clôture sur une surimpression : elle en gros plan, lui silhouette s'éloignant dans la nuit.

Signes politiques, poétiques propices à la réapparition du fantôme de Julie se révèlent dans un Paris concret fait de pleur, de sang et de larmes. Les changements d'humeur y sont constants de l'engueulade à la scène d'amour ainsi de la chanson Inventaire passant de la joie amoureuse à la question de la survie du couple.

Il pleut sur Paris, le mercure y est à zéro. Autant d'obstacles aux plaisirs de la découverte que le film prône sans cesse. Ismaël continue donc de refuser le poids des responsabilités (juif, patron) pour le plaisir de la découverte et même la mort contribuera à la connaissance de plaisirs inconnus jusqu'alors.

J.-L. L. le 05/06/2007

 

Suppléments de l'édition simple

On apprécie tout particulièrement la playlist qui renvoie aux chansons du film.

 

 

BAC-Films
 
présente
 
Les chansons d'amour de Christophe Honoré