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Le secret magnifique

1935

Genre : Mélodrame

(Magnificent Obsession). Avec : Irene Dunne (Helen Hudson), Robert Taylor (Robert Merrick), Charles Butterworth (Tommy Masterson), Betty Furness (Joyce Hudson), Sara Haden (Mrs. Nancy Ashford), Ralph Morgan (Randolph), Henry Armetta (Tony), Gilbert Emery (Doctor Ramsay), Arthur Treacher (Horace), Beryl Mercer (Mrs. Eden). 1h52.

La vie du riche Robert Merrick est sauvée grâce à l'utilisation du seul réanimateur d'un hôpital, mais comme l'appareil médical ne peut pas être à deux endroits à la fois, il en résulte la mort du Dr Hudson, un chirurgien brillant et altruiste et un généreux philanthrope. Merrick tombe amoureux de la veuve d'Hudson, Helen, bien qu'elle le tienne pour responsable de la mort de son mari. Un jour, il insiste pour la raccompagner chez elle et lui fait des avances. Elle sort de la voiture et est heurtée par une autre voiture, puis devient aveugle. Merrick parle à un ami du Dr Hudson qui lui dit que son mari avait une philosophie : aider les gens, mais ne jamais laisser savoir que c'est vous qui les aidez. Ce n'est qu'à ce moment-là, croyait-il, qu'il pourrait y avoir une véritable récompense dans la vie. Merrick veille sur Helen et lui rend visite pendant sa convalescence, dissimulant son identité et se faisant appeler Dr Robert. Lorsqu'il découvre qu'elle est presque sans le sou, il paie secrètement des spécialistes pour essayer de lui rendre la vue. Finalement, elle se rend à Paris et apprend qu'elle a perdu la vue pour toujours. Robert la suit, lui avoue sa véritable identité et la demande en mariage. Elle lui pardonne mais s'en va, ne voulant pas être un fardeau pour lui. Des années plus tard, Robert se met à l'école et devient neurochirurgien. Il apprend qu'Helen a besoin d'une opération urgente, qu'il effectue. Lorsqu'elle se réveille, elle a miraculeusement recouvré la vue.

Un an avant Laura, qui allait consacrer son pouvoir de fascination, Gene Tierney incarnait Ellen, un personnage de femme possessive, dominatrice et monstrueuse. Le film est l'étude singulière d'un cas de névrose. La manière dont l'héroïne se débarrasse de Danny, frère infirme du héros par un "meurtre indirect" ouvre un processus de haine et de frénésie qui rend le personnage tragique, comme si John Stahl plaignait cette femme emportée par son obsession. Ellen, en proie au démon de la jalousie, va jusqu'à se jeter du haut d'un escalier pour se faire avorter.

La couleur, enchanteresse, contribue pour une grande part à échafauder un universparadisiaque au sein duquel John Stahl va installer une intrigue particulièrement noire et tragique. L'un des maîtres du mélodrame américain d'avant guerre oppose ainsi, fidèle à l'esprit du genre, perfection de la nature et imperfection de la nature humaine

Le thème du bonheur impossible cher au mélodrame (le film pourrait s'intituler "le paradis perdu" s'y trouve évoquer dans une atmosphère peu à peu empoisonnée où l'obsession amoureuse se mêle au crime dans la meilleure tradition du film criminel de l'après guerre.

Deux moments inoubliables figurent à tout jamais dans la cinémathèque idéale des cinéphiles la chevauchée de Gene Tierney répandant à tous vents les cendres de son père et sa chute volontaire dans l'escalier. Cette dernière scène s'attira les foudres de la censure mais fut finalement tolérée.

Le Technicolor trichrome

Au milieu des années trente, ce procédé représente un progrès considérable. Dans le vieux Technicolor bichrome utilisé par De Mille dans Les dix commandements, version muette, on ne pouvait pas reproduire la couleur bleu.

Le procédé trichrome permet de recouvrir le spectre entier. De très grosses caméras peuvent exposer trois négatifs simultanément, chacun d'eux enregistrant une couleur primaire.

La couleur est alors rarement utilisée pour des drames contemporains et réservée aux comédies musicales et aux films en costume.

Plutôt que de favoriser le réalisme, la palette du Technicolor va au-delà, elle ajoute un côté flamboyant au mélodrame

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