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Le poison

1939

Le poison
Rene Magritte, 1954
Gouache sur papier, 33,5 x 40,7 cm
Rotterdam, Musée Boijmans Van Beuningen

L’idée à l’origine de la série L’empire des lumières semble avoir germé dans l’esprit de Magritte plusieurs années avant sa première peinture sur le thème. Lors d’un séjour chez le collectionneur Edward James à Londres au printemps 1937, Magritte fit une présentation à la galerie londonienne de Roland Penrose au cours de laquelle il évoqua « certaines caractéristiques propres aux mots, aux images et aux objets réels » (cité dans D. Sylvester, op. cit., 1993, vol. III, p. 53). Dans un exemple au début de la discussion, l’artiste citait le premier vers du poème d’André Breton L’Aigrette (extrait de Terre de clair, 1923) : « Si seulement le soleil brillait ce soir » (ibid.). L’année suivante, l’artiste créa une gouache intitulée Le Poison (Sylvester, n° 1142 ; Museum Boijmans-Van Beuningen, Rotterdam) dans laquelle une rangée de bâtiments prenait l’apparence du ciel nocturne, parsemé de constellations d’étoiles et d’un délicat croissant de lune, transformant le paysage urbain de briques et de mortier en une vision évocatrice et surnaturelle du cosmos.

Le Poison s’inscrit ainsi dans la continuité des différentes traductions et juxtapositions du ciel par Magritte, un personnage récurrent dans son œuvre, dont la familiarité lui permet d’étudier le monde des apparences et de questionner notre compréhension de ses propriétés. Si des tableaux tels que Les muscles célestes (Sylvester, n° 166 ; Collection particulière) explorent la physicalité et la présence du ciel, et L’ombre céleste (Sylvester, n° 168 ; Collection particulière) le transforme en un élément plat de décor de scène, il apparaît le plus souvent sous la forme d’un tableau encadré dans l’œuvre de Magritte. Dans ces œuvres, un petit segment de la vaste étendue bleue, parsemée de nuages, a été capturé et condensé de manière magique en un petit objet portable, comme dans Les perfections célestes (Sylvester, n° 329 ; collection particulière), Le Salon de Monsieur Goulden (Sylvester, n° 300 ; collection particulière) et Le palais de rideaux (Sylvester, n° 305 ; The Museum of Modern Art, New York). Dans d’autres œuvres, Magritte a utilisé cette vision omniprésente pour générer des scénarios impossibles, comme dans son célèbre oiseau de ciel, un oiseau magique, capturé en plein vol, qui semble être coupé du ciel lui-même, son corps rempli d’un ciel bleu pâle et de nuages ​​doux et pelucheux.

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