C'est samedi, Clara prend son petit déjeuné en couvrant de son cri strident le bruit de la machine à café qu'utilise sa mère. Le père se prépare à aller faire les courses. Karin leur fille ainée est venue la veille mais ils en sont pas bien certain que Simon leur fils venue tard dans la nuit soit dans sa chambre. L'oncle vient sonner à la porte accompagné de son fils, Jonas. Ils doivent réparer la machine à laver. L'oncle se met torse nu dans la salle de bain pendant que Jonas observe. Il se demande ainsi si le chien qui observe le chat ronronner ont le droit d'être dans la même pièce.
Le père emmène Clara au supermarché. Karin se lève. Sa mère lui raconte en étrange histoire qui lui est arrivée au cinéma où elle n'a pas su quoi faire quand, dans le noir, son voisin a posé son pied sur le sien. Elle était heureusement accompagnée de sa mère qui, en se réveillant brusquement, lui a sauvé la mise. Karin raconte à son tour une étrange expérience d'une déambulation en jetant des écorces d'orange qui tombaient toujours sur le côté blanc. Dans la salle de bain, la machine à laver est réparée. Simon se lève. Un enfant du voisinage joue avec une balle qu'il jette par inadvertance au travers de la fenêtre ouverte de l'appartement. Elle lui est rendue. Clara revient du supermarché et se décide à nettoyer la flaque de vomi qui attire un rat au pied de l'immeuble.
La mère s'en va promener le chien et déjeune solitaire dans un bistrot. Jonas a perdu un bouton de sa chemise. Une bouteille fait un bruit incessant dans la marmite
En fin d'après-midi, la sur de la mère accompagnée de sa fille et de sa mère rejoignent l'oncle pour un repas familial. Le bouchon posé sur une bouteille d'eau gazeuse, jaillit à la verticale et brise l'ampoule de la cuisine. Le jus d'une saucisse gicle sur la chemise de l'oncle lorsque sa femme la découpe. Ils en rient. Il change de chemise. La grand-mère dort dans une chambre Tous vont partir ensuite, sans doute pour le concert de la nièce violoncelliste. La mère reste la dernière dans la pièce alors que la grand-mère dort toujours dans la chambre et que le chat ronronne.
Zurcher filme douze heures de la vie d'une famille dans leur appartement de Berlin, depuis le petit déjeuner jusqu'au départ pour le concert de la cousine. Entretemps quelques évènements interviennent qui semblent s'enchaîner avec naturel.
La rigueur et la beauté des cadrages de Zurcher semblent contenir davantage que les éléments très précis qu'il met en scène. Plus beaux car plus colorés, magnifiquement éclairés, que dans la réalité, les plans semblent appeler un plus de sens ou de fiction et suggèrent aussi tout un ensemble d'histoires possibles : une relation amoureuse possible entre la mère et son beau-frère, entre Simon et Karin. Car ce qui s'enchaîne avec grâce et légèreté laisse des béances de fiction à l'imagination du spectateur... Comme le simple fait de dire "étrange petit chat" rend étrange un chat au comportement somme toute normal. Une bien curieuse expérience de cinéma.
Jean-Luc Lacuve le 14/05/2014.