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La foule

1928

Voir : Photogrammes
Genre : Drame social

(The crowd). Avec : Eleanor Boardman (Mary), James Murray (John Sims), Bert Roach (Bert), Estelle Clark (Jane). 1h44.

John Sims naît un quatre juillet. Son père espère faire de lui quelqu'un d'important mais il meurt alors que John n'a que douze ans. Celui-ci se rend à New York et travaille dans un bureau. En compagnie de son copain Bert, il sort avec Mary et Jane. Peu de temps après, John épouse Mary. Le voyage de noces a lieu - comme il se doit - aux Chutes du Niagara.

Le couple a un fils puis ensuite une fille. Grâce à un concours de slogans, John gagne un prix de 500 dollars mais le malheur frappe bientôt le couple. Leur fille est renversée par un camion.

John travaille alors de plus en plus mal, quittant une place pour une autre. Il refuse un travail que lui proposaient, par charité, ses beaux-frères ; il n'a même pas la force de se suicider. Mary est décidée à le quitter mais, au dernier moment, elle y renonce. John et Mary dansent ensemble puis vont au cinéma. La vie semble à nouveau leur sourire...

King Vidor, qui a décrit si souvent des individualistes forcenés, des hommes d'action et de conquête, peint ici un homme ordinaire, perdu dans la foule dont il n'arrive pas à s'extirper.

Sans être une œuvre de tout premier plan, La foule a au moins deux mérites. Ses méthodes et son intrigue sont originales ; elles anticipent sur les recherches réalistes de l'après-guerre : décors volontairement banals, utilisation d'une caméra cachée dans les cènes de rue, récit dépourvu d'événements exceptionnels.

En second lieu, le film évoque une faillite du rêve américain et traite du thème de l'échec avec une intensité peu commue à l'époque. Vidor n'alla pas jusqu'à conclure par une fin tragique, qu'exigeait pourtant la logique du scénario, et filma sept dénouements différents. Deux versions furent proposées aux exploitants et celle que nous connaissons, quoique discrète et réservée quant à l'avenir du personnage, laisse le spectateur sur une note d'optimisme peu convaincante.

Jacques Lourcelles