Dans un futur proche, la violence et le crime règnent dans la cité industrielle de Detroit. L'Omni Consumer Products (OCP), un gigantesque conglomérat, militaro-industriel et commercial, a la mainmise sur divers marchés lucratifs comme, entre autres, l'armement, la conception et la fabrication de robots et de prothèses médicales, mais aussi plus marginalement la gestion du département de la police de Détroit. Le bilan de ce dernier service est catastrophique pour les forces de l'ordre qui menacent de faire grève : trente et un agents assassinés en moins d'un an.
Cependant, le haut dirigeant de l'OCP, le vieil homme, poursuit un rêve : dans six mois, Delta City, la cité aux crêtes d'argent, remplacera la vieille cité de Détroit moribonde. En effet, la ville est envahie par le crime, la violence et le non-respect des lois. Ce "cancer", que représente le crime, doit être éradiqué avant l'embauche massive des deux millions de nouveaux ouvriers chargés d'insuffler la vie dans cette cité. Le numéro deux de l'OCP, Richard « Dick » Jones, présente alors à la direction son projet d'un robot-policier, l'ED 209. Selon lui, la ville a besoin d'"un policier qui fonctionne 24 heures sur 24, qui n'a besoin ni de manger ni de dormir, doté d'une grande puissance de feu et des réflexes adéquats". À l'appui de ses dires, une démonstration est improvisée dans la salle de réunion entre un prototype ED 209 et un cadre de l'OCP, simulant un voyou armé. Malheureusement, l'expérience vire au carnage : l'ED 209 abat le cadre ayant accepté l'expérience en le criblant de balles bien que celui-ci ait obéi au robot en jetant son arme sur le sol. L'ED 209 ne semblait pas l'avoir remarqué, n'ayant pas entendu l'arme toucher le sol à cause de la moquette et réagit comme si le suspect refusait d'obtempérer. Morton, un très arriviste vice-président en propose donc une autre infaillible : un policier électronique de chair et d'acier, sans faille, mettant les terroristes hors d'état de nuire. Bien entendu, le président de l'OCP, après le fiasco de Jones, envisage favorablement le projet de Morton qui promet un premier prototype avant quatre mois.
L'officier de police Alex Murphy, qui fait équipe avec l'agent de police Anne Lewis, fait partie de ceux qui ont été affectés dans le secteur Ouest, le plus mal famé de Detroit. C'est un policier exemplaire qui veut servir de modèle à son fils et rengaine pour cela son arme avec la dextérité du héros de télévision T.J. Lazer. Au cours d'une mission, Clarence J. Boddicker et sa bande de tueurs psychopathes le réduisent à l'état de quasi-cadavre, en le mitraillant sauvagement.
Opéré, équipé de circuits intégrés, harnaché d'une indestructible armure, débarrassé de toutes ses émotions, et même du bras gauche encore valide qui lui restait, Murphy est devenu le cyborg RoboCop. L'OCP le réaffecte dans son ancien commissariat incognito, bien que son ancienne équipière, Lewis, soit prise d'un doute à son sujet ayant remarqué une même dextérité au pistolet que Murphy.
Bon pour le service, RoboCop est envoyé combattre le crime dans Detroit. Il fait merveille et nettoie la cité de ces crapules grâce à ses méthodes expéditives : il élimine ainsi un voleur de supérette, deux violeurs et le preneur d'otages du maire de la ville. Il est le héros des jeunes des écoles auxquels il conseille "d'éviter les ennuis"... en contradiction avec les "jeux éducatifs" vantés par la télévision où il s'agit d'atomiser son adversaire.
Morton, fier de son succès, se laisse aller à insulter Richard Jones dans les toilettes sans avoir remarqué la présence et celui-ci qui le menace alors d'être aller trop loin dans son mépris pour son chef.
Alors que RoboCop se repose, il est soudain en proie au rêve et se souvient partiellement de son ancienne vie puis de son exécution. Traumatisé par celle-ci, il refuse alors de se tenir tranquille et part en mission. Anne Lewis parvient à le rejoindre et lui demande en vain quel est son nom. Ne serait-ce pas Murphy ?
En patrouille, Robocop tombe sur Emil qui cambriole une station service. Emil est stupéfait et n'en revient pas que Murphy, qu'il a reconnu à l'une de ses expressions, soit encore vivant. RoboCop enregistre son image dans sa mémoire et, dans les entrailles informatiques de l'OCP, identifie Emil et la bande de Clarence Boddicker. Il constate aussi que Murphy est déclaré mort. Ayant enregistré l'adresse de celui-ci, il se rend à son ancien domicile. Dans sa maison, abandonnée et mise en vente, lui reviennent les souvenirs de sa vie heureuse avec sa femme et son fils. Très en colère RoboCop arrête ensuite Nash dans une boite de nuit.
Morton s'est montré trop confiant dans son succès. Alors qu'il passe une soirée avec deux prostituées, Clarence Boddicker, l'immobilise de plusieurs balles dans la jambe et lui passe un enregistrement vidéo de Richard Jones lui expliquant suavement qu'il a commandité son meurtre pour son mépris envers lui. Clarence dépose en effet une grenade hors de la portée du malheureux Morton qui explose avec elle quelques secondes plus tard.
Clarence J. Boddicker débarque dans une entreprise de drogue en gros et oblige son propriétaire à négocier avec lui. C'est alors que survient RoboCop qui abat tous les assaillants et fait prisonnier Boddicker. Paniqué, celui-ci dit obéir aux ordres de Richard Jones. Celui-ci lui promet de le faire relâcher et ne semble pas trop inquiet de la venue de RoboCop qui connait désormais son implication chez les truands. En effet, quand RoboCop survient, il est tétanisé par la directive 4, secrète, qui lui interdit de nuire à un dirigeant de l'OCP. John lance contre lui l'ED 209 mais celui-ci se montre incapable de descendre les escaliers et se fracasse dans l'inter-étage. Les ennuis de RoboCop n'en sont pas pour autant finis. Jones a aussi ordonné à la police de l'abattre dans le sous-sol du parking. Grièvement blessé par un déluge de feu, RoboCop ne doit son salut qu'à Anne qui le fait fuir dans sa voiture de patrouille.
Un spot télévisuel fait l'éloge des grosses voitures. Le Journal télévisé informe des 113 victimes de l'incendie géant dues au canon laser du satellite de la paix qui était mal réglé et de la grève imminente de la police de Detroit face aux insuffisance de l'OCP.
Jones a convoqué Clarence et exige qu'il le débarrasse de RoboCop qui connaît son rôle à la tête de la pègre. Il promet en contrepartie à Clarence de régner sur le marché du vice (jeu, drogue, prostitution) que ne manquera pas d'entrainer la construction de Delta City. Clarence obtient du matériel lourd, celui de l'armée, pour détruire RoboCop. Anne retrouve Murphy dans l'usine désaffectée qui répare les dégâts mécaniques subis et dit sentir la présence en lui de sa famille d'autrefois sans pouvoir s'en souvenir.
Tandis que la ville est livrée au pillage suite à la grève de la police, Clarence J. Boddicker et sa bande s'amusent avec leurs nouvelles armes avant de rejoindre l'usine désaffectée pour détruire RoboCop. Avec l'aide de Anne, RoboCop décime la bande de Clarence. Il arrive jusqu'à la salle de réunion du conglomérat éliminant le ED-209 posté à l'entrée grâce aux armes lourdes de Jones. Dans la salle de réunion, RoboCop dit vouloir arrêter Jones mais ne pouvoir le faire car la directive quatre lui interdit de nuire aux dirigeants de l'OCP. Confondu par un enregistrement vidéo, Jones prend le vieil homme en otage. Celui-ci comprend ce qui retient RoboCop d'éliminer Jones et déclare qu'il le vire instantanément. Jones, qui n'est alors plus rien dans l'organigramme de l'OCP, est immédiatement abattu par RoboCop et tombe dans le vide. Quand le vieil homme lui demande son nom, RoboCop lance gaiement : Murphy est de retour...
Verhoeven, convaincu de la violence inhérente au monde, ironise pour son premier film américain sur les paradoxes de l’Amérique de Reagan. Son obsession de l'ordre, de la sécurité et de la prévisibilité ne s'incarne que dans un discours simpliste, cynique et stéréotypé qui laisse, plus vivantes que jamais, les forces de destruction agir en sous-main. Satire pleine d''humour de l'Amérique contemporaine, c'est aussi un film d'action très efficace avec, pour héros, un être-machine sans chair ni sang.
Le sourire décervelé de la télévision.
La société de production Orion a produit trois ans plus tôt Terminator (James Cameron, 1984). Elle poursuit avec RoboCop, une réflexion sur le devenir de l'homme machine. Paul Verhoeven, assumant pleinement cette influence, glisse un morceau de la bande originale du film de James Cameron dans la séquence d'arrestation de Leon Nash dans la boite de nuit : la chanson "Show me your spine" du groupe américain PTP. La vision de RoboCop se fait au travers d'un moniteur vidéo qui est aussi un écran informatique avec grille de visée et lignes de commandes de programmes. Alors que l'humain s'est dissous dans la machine audiovisuelle, RoboCop c'est la machine qui va se fondre dans l'humain pour constituer un hybride moderne.
La satire de la société contemporaine comme porteuse d'un discours stéréotypé cachant les pires horreurs se fait d'abord au travers de la télévision. Le film s'ouvre sur un journal télévisé, Media Break, qui prétend faire le tour du monde en trois minutes. Les journalistes débitent en souriant les pires horreurs : une guerre nucléaire se préparant à Pretoria où le gouvernement blanc est prêt à déclencher sa bombe à neutron pour défendre la ville. Seconde nouvelle, le satellite de la paix a connu une panne électrique laissant le président en visite en apesanteur. Vient alors s'intercaler une page de publicité à peine annoncée pour de prothèses médicales (net d'impôt) qui se termine par le cynique "Vous comptez pour nous!". Ce n'est qu'après cette publicité qu'intervient l'élément en rapport avec la dramaturgie : le syndicat de la police se révolte face à l'incurie de l'OCP. Au milieu du film, alors que RoboCop a nettoyé la ville, c'est une publicité pour des jeux prétendument éducatifs faisant l'apologie de la guerre nucléaire. Enfin, alors que la grève menace, la publicité vante des voitures qui écrasent tout sur leur passage tel Godzilla.
Les téléviseurs sont partout et diffusent le même programme stupide et grivois que tous regardent : Emil dans l'usine, les propriétaires de la superette, les passants devant les vitrines des magasins. L'humain a aussi été remplacé par un écran de télévision pour vendre la maison Murphy.
Robocop without Flesh & blood.
L'action du film se déroule aux États-Unis dans un futur proche, au sein de la ville de Détroit, dans le Michigan. En réalité, le film n'a pas été tourné à Détroit, mais à Dallas car, selon Paul Verhoeven, c'est la ville à l'architecture la plus futuriste du monde. La plupart des scènes urbaines ont été tournées à Pittsburgh et Dallas. Le Dallas City Hall a été utilisé pour représenter le siège social de l'OCP. Le choix de la ville de Detroit n'est pas dû au hasard. Autrefois mégapole économique de l'État du Michigan, fleuron de la bonne santé de l'industrie automobile américaine et berceau du fordisme dans les années 1920, cette ville est devenue à partir de la fin des années 1960 un symbole du déclin de l'empire américain, avec la fuite des grands constructeurs automobiles. Pourtant, dans le discours du capitalisme (Jones) comme pour la pègre (Clarence), une même phrase revient : "Derrière chaque porte il y a une affaire à faire". Il suffit ainsi d'ouvrir la porte pour voir surgir l'horreur; ainsi de l'ED 209 pour sa première apparition.
Le rêve d'une ville moderne, épurée, aux lignes parfaites, c'est la maquette blanche de Delta city. Mais la réalité, c'est l'usine désaffectée dont les produits corrosifs, encore mal stockés, rendront Emil à son état originaire de sang et d'eau. Ces pulsions organiques, inhérentes à l'humain ne peuvent, au mieux,être contrecarrées que par leur absence dans un homme-machine dont il ne reste d'humain que le visage lisse et le subconscient. RoboCop est un surhomme qui na ni chair ni sang. Comme un clin d'œil et une continuité vis à vis de Flesh & blood, son dernier film européen.
Jean-Luc Lacuve le 21/06/2016.
Robocop donnera lieu à deux suites RoboCop 2 (Irvin Kershner, 1990) et RoboCop 3 (Fred Dekker, 1992). Il sera ensuite décliné sous forme de série télévisée, de jeu vidéo et fera l'objet d'un remake.