En l'an 690, à Luoyang, la toute-puissante Chine des Tang s'apprête à célébrer en grande pompe le couronnement de l'impératrice Wu Zetian. Mais celle-ci ne montera officiellement sur le trône qu'une fois achevée la construction d'un stupa, gigantesque Bouddha haut de 120 mètres, en plein cur de la cosmopolite Cité Impériale.
L'effervescence est à son comble sur le chantier lorsqu'une série de phénomènes étranges et terrifiants met soudain en péril la cérémonie : plusieurs hommes, dont le maître d'uvre du stupa, se transforment sans raison apparente en torches humaines. Littéralement consumés de l'intérieur, ils sont réduits à l'état de cendres aux yeux de tous en quelques secondes à peine.
L'impératrice Wu fait alors appel au seul homme qu'elle estime capable de résoudre l'énigme : Dee Renjie. Elle l'avait fait emprisonner et marquer au fer 8 ans auparavant parce qu'il avait osé s'opposer à elle. Revenu de l'enfer, Détective Dee est aussitôt nommé Juge Suprême de l'Empire, titre prestigieux qu'il avait autrefois refusé. Mais Wu, prudente, lui impose une garde rapprochée : l'albinos Bei Donglai, un officier ambitieux et violent et Jing, sa favorite, à qui elle donne pour mission d'offrir son corps à Dee entre deux combats au sabre ou au fouet où elle excelle.
Avec ses compagnons d'armes, Détective Dee traque les indices jusque dans les entrailles tentaculaires du Marché Fantôme : peuplé de parias et de fous, ce monde fantasmagorique souterrain situé sous la Cité impériale recèle des pièges mortels... L'illusion et la magie règnent en maîtres.
Et dans son pavillon sacré, Lu Li, l'intouchable et énigmatique Sorcier Royal, dicte sa volonté à tous, y compris, semble-t-il, à Wu elle-même. Mai Lu Li n'est que Wu elle-même et, en s'enfuyant, Dee ne peut empêcher la mort de Jing.
Dee découvre que Shata, ancien opposant au régime avec lui s'est faussement repenti. Il est devenu architecte en chef du chantier après avoir tué son prédécesseur et prépare l'écroulement du stupa sur l'impératrice. Dee parvient à éviter que celui-ci ne s'écroule directement sur la cité impériale. Au milieu des décombres, il assure l'impératrice de son soutien, même s'il doit partir pour d'autres aventures.
Après deux films à peine distribués en France, Tsui Hark revient au cinéma de genre, s'enfonçant encore plus profondément dans le temps qu'avec Seven swords (2005).
Détective Dee abuse des effets numériques aussi bien pour les vues du stupa avec les navires à l'arrière-plan que pour les scènes de foules. Les séquences du marché fantômes sont un peu usées après Pirates des Caraïbes qui avait lui-même puisé aux sources de La guerre des étoiles.
Les séquences intimes (avec Jing) ou dépouillées (le décor presque abstrait, plateau entouré d'arbres en fleurs qui conduit à la prison de Dee) sont les plus inventives mais le film reste dans les limites de l'enquête policière. Jing, une fois morte, le seul enjeu est de savoir qui manipule qui et si les opposants à l'impératrice parviendront à tuer celle-ci.
Le message politique du film est pour le moins ambigu. En faisant finalement l'apologie de l'impératrice, Tsui Hark légitime le pouvoir absolu, protecteur contre les terroristes aigris (il y a pourtant de quoi l'être). Le message vis à vis du pouvoir chinois est clair : tant que vous êtes clairvoyants, vous pouvez rester au pouvoir même si, dans quelques décennies il vous faudra passer la main. Comme critique on a vu plus engagé et mobilisateur.
Jean-Luc Lacuve le 15/05/2011.