La côte nord-ouest de l'Écosse au début des années soixante-dix. Bess, une jeune fille un peu naïve, vit dans une petite communauté où règne l'obscurantisme religieux. Elle tombe amoureuse de Jan, un homme d'âge mur, qui travaille sur une plate-forme pétrolière en Mer du Nord. Malgré les réticences de leur entourage, ils se marient. Jan lui fait découvrir l'amour physique mais, à peine ont-ils le temps de se rendre compte de la force de leur amour, que Jan doit repartir travailler.
Bess compte les jours qui la séparent de son retour. Sa foi ne l'aide qu'à peine à surmonter cette longue absence. Persuadée de communiquer avec Dieu, elle lui demande de faire revenir Jan, espérant qu'il sera victime d'un petit accident comme l'un de ses compagnons revenu se faire soigner d'un poignet foulé. En mer, les conditions de travail sont difficiles. Lors d'une manœuvre délicate, l'un des tubes de forage se détache. Jan porte secours à Terry l'un de ses copains assomé par une énorme masse métallique, mais il est frappé violemment par un tuyau d'acier qui s'est décroché.
Jan est ramené en hélicoptère. Il est paralysé et le diagnostic du médecin de l'hôpital ne lui laisse aucune chance de recouvrer l'intégralité de ses moyens physiques. Bess se sent coupable de sa demande auprès de Dieu mais finit par se persuader que celui-ci met leur amour à l'épreuve. Le Dr. Richardson, le psychiatre de l'hôpital voit la détresse de Bess qui lui avoue son sentiment de culpabilité, qu'il tente de minimiser
Condamné à rester allongé, Jan ne veut pas que Bess sacrifie sa jeunesse. Mais les médicaments qu'il prend perturbent son esprit qui devient obsédé par sa sexualité. Il convainc Bess de se donner aux autres hommes par amour pour lui. Bess accepte cette épreuve qu'elle juge divine et se soumet à cette volonté avec l'espoir de guérir Jan. Elle masturbe un homme dans un bus et Jan va un peu mieux. Mais cela ne suffit pas à Jan dont l'état empire. Bess tente de s'offrir au docteur Richardson qui la renvoie gentiment mais humiliée.
L'état de Jan s'aggrave. Bess demande l'aide des prostituées de la ville et offre son corps au premier venu. Mais la communauté la rejette et menace de la proscrire.Le Dr. Richardson tente de raisonner Bess qui le rejette dès qu'elle s'aperçoit qu'elle en est aimée. Le psychiatre décide alors de l'hospitaliser demandant son autorisation à Jan dans un de ses rares moments de lucidité. Alors qu'elle doit être hospitalisée à Glasgow, Bess s'enfuit. Sa mère refuse de l'accueillir. Poursuivie par des gamins qui la caillassent, elle s'effondre devant l'église. Le pasteur ne la relève pas. Seule dodo vient à son secours. Elle lui dit adieu, lui demande de prier pour Jan : de lui dire de se lever et de marcher. Bess repart vers le bateau. Prête au sacrifice mais réconfortée : Dieu parle de nouveau avec elle. Dodo s'en va prier devant la chambre de Jan. Dans la nuit, on lui annonce que Bess est très grièvement blessée sur le bateau duquel elle est rapatriée. Bess a tout juste le temps d'embarsser Dodo et sa mère avant de mourir, stupéfaite que Jan n'aille pas mieux.
Epilogue: l'enterrement
Une court de justice statue sur les circonstance de la mort de Bess s'appuyant sur le rapport du Dr Richardson qui la décrivit comme une personne immature et instable qui, à cause du traumatisme causé par la maladie de son mari se laissait aller de manière obsessionnelle à une forme perverse de sexualité. Richardson dit que s'il devait réécrire au lieu de névrose ou psychose, il écrirait "bonté". Il convient toutefois qu'il est inacceptable dans un procès-verbal d'écrire que la défunte souffrait de bonté; cette déficience mentale l'ayant conduite à la mort.
La paroisse accepte de l'enterrer mais avec les mots la condamnant à l'enfer. Le jour de l'enterrement, Dodo vient reprocher leur dureté aux hommes mais s'aperçoit que du sable coule du cercueil. Elle comprend que Jan et ses amis ont remplacé par du sable le corps de Bess. Celui-ci se trouve bien sur le bateau qui conduit Jan et ses amis sur la plateforme dans laquelle Bess est immergée de nuit. Le lendemain matin, revanche divine contre les mesquins, des cloches, matérialisées dans le ciel, sonnent joyeusement.
Découpé en 7 chapitres (sensiblement égaux) suivis d’un épilogue, chacun doté d’un carton de garde et agrémenté d’une chanson, le film évoque un récit lyrique que renforce le format Scope. Néanmoins la caméra à l'épaule, refusant la convention du champ/contrechamp, renouvelle par un côté délibérément mal élevé ce mélodrame qu'aucune musique d’accompagnement ne se charge d'intensifier artificiellement
Exaltation de l'amour humain, de l'incommensurable amour féminin. Il s'exprime dans l'opposition entre les doctes paroles des puritains ("Il n'existe pour nous pécheurs d'atteindre la perfection aux yeux de Dieu que par l'amour inconditionnel de chaque mot des Ecritures, par l'amour inconditionnel de la loi") et la réponse de Bess ("Je ne comprends pas ce que vous dites. Comment peut-on aimer un mot ? On ne peut pas aimer des mots. On ne peut pas être amoureux d'un mot. On peut aimer un être humain. C'est ça la perfection).
Miracle totalement plasphématoire et parfaitement joyeux des cloches finales dans le ciel. Le miracle eut été chrétien, s'il était intervenu en montage alterné lors de la guérison de Jan ou de l'enterrement de Bess.