Chapter 1 : Last Stage to Red Rock. Wyoming, quelques années après la Guerre de Sécession, vers 1870. Une diligence, conduite par O.B. Jackson avance dans la neige. Sur le chemin, la diligence fait la rencontre d'un chasseur de primes, le major Marquis Warren, un ancien officier de cavalerie de l'armée de l'Union. Ce dernier souhaite amener à Red Rock trois cadavres de criminels recherchés afin de récupérer la prime de 8000 dollars attachée à leurs trois têtes. Il s'arrange alors avec l'occupant de la diligence : un autre chasseur de primes, John Ruth. Les deux hommes se connaissent pour avoir sympathisé un court moment il ya de cela huit mois. John Ruth amène lui aussi une prise à Red Rock, mais vivante : Daisy Domergue. Bon prince, Ruth accepte d'emmener Warren à Red Rock, mais le prévient qu'il ne doit rien tenter pour lui voler la prime de 10000 dollars sur Daisy.
John Ruth est un chasseur de primes à principes, surnommé le bourreau, il se fait un honneur de ramener ses prises vivantes au bourreau alors qu'elles sont payées mortes ou vives. C'est aussi un sentimental, il demande Warren de pouvoir relire la lettre que lui a écrite Abraham Lincoln, son ami de plumes. Daisy qu'il cogne sans management dès qu'elle le dérange n'a pas cette révérence et crache sur la lettre. De colère Warren l frappe mais si violemment qu'elle tombe de la diligence entrainant Ruth auquel elle est menottée. Warren arrête la diligence et tous vont y remonter lorsqu'ils aperçoivent devant au loin un homme. Ruth, craignant un complice de Warren, demande à celui-ci de se menotter. Ce que Warren accepte à contrecœur.
Chapter 2 : Son of a Gun. L'homme qui demande aussi le secours de la diligence dit avoir perdu son cheval. Il s'appelle Chris Mannix et affirme être le nouveau chérif de de Red Rock, obligeant ainsi les chasseurs de primes à l'embarquer avec eux pour être payés. De plus si le laisse mourir de froid, ce sera un meurtre Ce dernier, qui, est finalement accepté par les deux autres.
Durant le trajet, Ruth révèle que le père de Mannix dirigeait une troupe de soldats confédérés pendant la guerre, spécialisée dans le massacre des Noirs, et que Chris en faisait lui-même partie ; ce dernier s'attire ainsi l'animosité de Warren. Mannix révèle de son côté que la tête du major a été mise à prix par la Confédération (d'abord à 30 000 dollars, puis moins au fil du temps). Warren avoue s'être échappé de son camp de prisonniers en y mettant le feu, tuant 47 soldats confédérés dans leur sommeil. De retour chez lui, Warren a été immédiatement chassé de l'armée à cause des 37 prisonniers nordistes également morts dans les flammes ; seuls ses brillants états de service l'ont sauvé d'une exécution. Il s'est battu dans les montagnes contre tous les gens à ses trousses pour sa prime, aucun de ceux qu'il a croisés n'est revenu.
Chapter 3: Minnie's Haberdashery. Du fait du Blizzard, O.B., Ruth, Warren, Daisy Domergue et Mannix doivent s'arrêter à la dernière étape avant Red Rock : la mercerie de Minnie. Cette grande cabane, habituellement tenue par Minnie et son époux Dave, dit « la Bonne pâte », sert de refuge aux voyageurs. Cependant, Minnie et Sweet Dave sont absents. Bob, un Mexicain travaillant pour Minnie, informe Warren que cette dernière lui a laissé la charge de la mercerie pendant qu'elle rend visite à sa mère en compagnie de Dave. Warren ne peut s'empêcher de remarquer que cela ne ressemble pas à Minnie, mais n'insiste pas. Entre-temps, O.B. et Mannix sortent planter des piquets pour baliser un chemin menant de la mercerie aux latrines, pendant que John Ruth et sa prisonnière entrent dans la mercerie, où se trouvent déjà trois autres personnes : Oswaldo Mobray, un Anglais bavard censé être le bourreau qui pendra Domergue à Red Rock, Joe Gage, un cow-boy, en chemin pour aller voir sa mère, et le vieux général confédéré Sanford Smithers. Dans l'auberge, Chris Mannix est tout heureux de trouvé le vieux général qui lui dit rechercher son fils parti faire fortune dans ces montagnes, il y a deux ans.
John Ruth craint que quelqu'un veuille empocher la prime sur Daisy Domergue à sa place, ou qu'un des occupants soit un complice de Domergue venu la libérer. Il passe alors un pacte de protection avec Warren et confisque les armes de toutes les personnes présentes, sauf celles de Warren. Ce dernier, de son côté, fait face à l'animosité du général Smithers, qui a exécuté de nombreux Noirs lors de la bataille de Bâton Rouge, à laquelle Warren a participé. Warren est à deux doigts de le tuer de sang-froid, mais Mannix et Mobray lui rappellent tous deux ce que pourrait lui coûter de tuer un homme désarmé. À cause de cette tension, Oswaldo propose de "couper" la cabane en deux, entre les partisans du Nord et du Sud, avec la table à manger comme territoire neutre ; le groupe mange alors calmement le ragoût fraîchement préparé par Bob. Au cours du repas, Mannix affirme que la lettre d'Abraham Lincoln que transporte Warren est un faux : il n'a pu recevoir une lettre amicale d'Abraham Lincoln alors qu'il a laissé brule 37 soldats nordistes. ce que l'intéressé confirme, affirmant que cette lettre sert à lui garantir un respect de la part des Blancs, comme cela a été le cas avec John Ruth, qui lui a permis de voyager dans sa diligence. Warren, s'asseyant à la chaise de « Dave la Bonne pâte », commence ensuite à discuter avec le général Smithers, qu'il finit par provoquer en revendiquant avoir capturé, torturé, violé et finalement tué son fils. Smithers, à côté duquel Warren avait déposé un de ses revolvers, tente d'abattre Warren, mais ce dernier le tue avant, de légitime défense.
Chapter 4 : Domergue got a secret. Un narrateur raconte alors que quinze minutes plus tard O.B. Jackson et Joe Gage transportent le cadavre dehors alors que chacun est pris divers taches. Le narrateur affirme aussi que, quelques secondes avant le coup de feu, un événement tout aussi important était passé presque inaperçu : quelqu'un empoisonna le café. Seule Daisy Domergue le vit et sourit. Tel est son secret.
Quand O.B. Jackson rentre, il s'en sert une bonne tasse puis John Ruth s'en sert également une tasse alors que Daisy chante à la guitare. Alors que Mannix est sur le point d'en boire à son tour, ils se mettent à vomir du sang. John Ruth frappe une Daisy hilare, mais cette dernière parvient à s'emparer du revolver du chasseur de primes et l'abat, avant d'être désarmée par Warren. Toujours menottée à John Ruth, elle ne peut plus vraiment bouger compte tenu du poids du cadavre. O.B. meurt également des suites de l'empoisonnement. Warren ordonne alors aux quatre autres hommes de se mettre contre le mur de la mercerie et de lui obéir pendant qu'il cherche le meurtrier. Décidant de faire confiance à Mannix, qui a failli boire également le poison, il lui confie le revolver de Ruth et lui demande de garder les trois autres en joue. Il se met alors devant le Mexicain Bob, qu'il accuse d'être un menteur. En effet, Minnie, la propriétaire de la mercerie, déteste les Mexicains et n'aurait donc jamais confié sa mercerie à l'un d'eux. Par ailleurs, Warren affirme que le ragoût qu'ils ont mangé (et préparé le matin même) a exactement le même goût que celui de Minnie, pourtant absente depuis une semaine, et il montre enfin qu'une grosse tache de sang a été cachée sur la chaise de Sweet Dave. Fort de ces indices, Warren en déduit que Bob est un imposteur et le tue.
Warren sait cependant que Bob n'est pas celui qui a empoisonné le café puisqu'il jouait du piano pendant le meurtre de Smithers : il n'était qu'un complice. Il menace alors Mobray et Gage de faire boire du café empoisonné à Daisy si le coupable ne se dénonce pas. Joe Gage avoue alors avoir empoisonné le café mais, avant que Mannix ait pu l'exécuter, un individu caché sous le plancher de la mercerie tire sur Warren et l'atteint entre les jambes. Mobray, à l'aide d'un pistolet qu'il avait caché sur lui, tire sur Mannix, qui réplique et blesse Mobray. Mannix, blessé à l'abdomen, parvient à tenir Gage en joue.
Chapter 5 : The four passengers. Un retour en arrière s'ouvre alors. Plusieurs heures avant, une diligence, conduite diligence tirée par Ed et Six-Horse Judy. Celle-ci leur avait fait l'éloge de Minnie et son nonchalant compagnon, Sweet Dave, qui tenaient la taverne, aidés de Charly et Gemma. Les quatre salopards avaient abattu les deux cochers et les quatre aubergistes. Joe Gage après avoir tué Six-Horse Judy allant chercher Charly, réfugié dans les toilettes extérieures. Seul le général avait échappé au massacre pour contribuer à une atmosphère plus crédible pour l'arrivée de Daisy. Les quatre salopards avaient effet l'intention de la tirer des griffes de John Ruth. Bob devait alors jouer le rôle du tavernier; Oswaldo Mobray celui du bourreau, Joe Gage, un voyageur alors que Jody allait se cacher au sous-sol. Une fois les quatre salopards conduits par John Ruth, ils devaient attendre le moment propice pour libérer Daisy.
Last chapter : Black man, white hell. De retour au présent, Mannix et Warren, tous les deux très mal en point, forcent Jody à sortir de sa cachette, menaçant de tuer Daisy, tout en ayant pris soin de le forcer à se débarrasser de ses armes. Jody sort, mais avant qu'il ait pu faire quoi que ce soit pour sa sœur, Warren l'exécute. Daisy, enragée, tente alors de passer un marché avec Mannix. S'il abat Warren et la laisse partir, il pourra emmener le corps de Bob à Red Rock pour toucher la récompense sur sa tête : Bob, de son vrai surnom Marco le Mexicain, fait partie, comme le reste des personnes présentes, de la bande de Domergue, chacun de ses membres étant recherché pour au moins dix mille dollars chacun. Daisy prétend qu'une quinzaine de bandits sont présents à Red Rock, prêts à tuer Mannix et à ravager la ville, s'il ne se comporte pas comme Daisy le souhaite. Cependant, Warren, irrité des provocations de Domergue et d'un Mobray mourant, tire dans le pied de Daisy avant d'abattre Mobray, qui proposait son propre corps à Mannix pour valider l'accord. Joe Gage se saisit d'un pistolet caché sous une table mais est abattu par Warren et Mannix. Warren décide d'abattre également Daisy, mais se retrouve à court de balles. Mannix, qui considère que Daisy bluffe en parlant des quinze bandits, décide de l'abattre à sa place, mais s'évanouit, ayant perdu trop de sang. Warren, paniqué car ne pouvant quasiment plus bouger, voit avec horreur Domergue se déplacer tant bien que mal pour saisir le revolver de Joe Gage ; heureusement pour eux, Mannix reprend conscience et la blesse avant qu'elle ait atteint l'arme. Mannix et Warren décident alors de la pendre à une poutre de la mercerie, en souvenir de John Ruth (qui ramenait toujours les criminels vivants pour qu'ils soient pendus). Après l'exécution, tous deux, grièvement blessés, savent que la mort les attend. Chris Mannix lit la fausse lettre de Lincoln qu'il a demandé à Warren. Ils regrettent à peine qu'elle ne soit qu'un faux.
Le film débute par un plan à la grue en travelling arrière du christ en croix en gros plan puis perdu dans la neige. C'est une figure ironique des thèmes et motifs du film. Les huit salopards procède bien davantage par rétrécissement que par l'élargissement de l'espace de l'action mais est bien moins désespéré qu'il ne le parait.
Des montagnes du Wyoming au lit des agonisants.
La première partie du film, ses trois premiers chapitres, étonnamment linéaires alternent grands espaces menacés par le blizzard et intérieurs chaleureux de la diligence ou chacun parvient plus ou moins à prouver ce qu'il est : deux chasseurs de primes, une chef de bande et un ancien renégat sudiste devenu shérif. Les plans de chevaux caracolant dans la neige, une femme traitée avec la même violence qu'un homme et les histoires racontées dont la fameuse lettre de Lincoln assurent l'essentiel de la narration. Le deuxième chapitre s'achève par les chevaux à dételer dans la grange où Warren met en doute les paroles de Bob. Le troisième chapitre amorce le huis clôt dans la taverne mais comporte encore une belle scène d'extérieur, celle des cordes reliant la taverne à la grange... et aux toilettes. On reconnait dans cette scène gratuite narrativement, l'humour un peu puéril de son auteur.
La chevauchée de la diligence et l'ensemble des extérieurs sont portés par le thème menaçant qu’Ennio Morricone. Celui-ci est sorti de sa retraite pour composer pour son admirateur, qui avait par le passé si souvent utilisé ses compositions existantes. Zélateur du support argentique, Tarantino a imposé la projection au format 2,76 grâce à un tournage en Ultra Panavision 70mm, format qui n’avait plus été employé depuis 1966 et dont l’utilisation a entraîné la nécessaire restauration de plusieurs objectifs anamorphiques. La restitution telle quel de ce format dans une version jouissant de 8 minutes supplémentaires, d’une ouverture musicale et d’un entracte n'est possible, en France, qu'au Gaumont Marignan de Paris.
La seconde partie amorce, au début du quatrième chapitre, un second flash-back qui reprend les quinze dernières minutes de l'épisode 3 mais vu du point de vue de Daisy. On y reconnaît là la virtuosité attendue de Tarantino d'autant plus que le chapitre s'achève par la surprise du coup de feu tiré depuis le sous-sol. Le quatrième chapitre est un long flash-back sanglant et le cinquième une négociation inaboutie. L'espace de l'action s'y est rétréci à l'espace d'un lit où agonisent Warren et Mannix, non sans avoir pu, rassemblant leurs maigres forces, pendre Daisy et relire la fausse mais belle lettre de Lincoln.
Solidarité de l'action
Le western est le film de la conquête et de l'initiation par excellence auquel Django unchained répondait magnifiquement. Les huit salopards pourrait former le second volet d'un diptyque, inversé : l'espace du film s'y rétrécissant et la violence s'y exacerbant jusqu'au grand guignol, semblant réduire à néant toute transcendance. Mais c'est probablement parce que Tarantino fait semblant, dans son titre, de rassembler dans un unique ensemble les huit salopards que le spectateur ne se révèle pas très attentif aux différences entre eux ; c'est parce qu'ils font couler des flots hémoglobine qu'on les juge un peu trop vite.
Les quatre passagers de la première diligence sont des tueurs animés du seul désir de sauver la sœur de leur chef. Ils n'ont aucune compassion mais non plus aucune cruauté pour ceux qu'ils tuent. La solidarité qu'ils manifestent les uns envers les autres ne se dément jamais. Seule Daisy atteint peut être un niveau de démence meurtrière qui en fait l'unique et magnifique anti-héros du film, la digne successeuse de Django.
En effet, le major Marquis Warren est bien moins triomphant que le héros noir qu'était Django. Il a besoin d'une fausse lettre de Lincoln pour s'attirer le respect des blancs. Et sa vengeance cruelle sur le fils du général est probablement une affabulation destinée à abattre le bourreau de Bâton-rouge qui, en 1862, extermina les prisonniers noirs.
Une fraternité se trouvera finalement au bout du compte : le noir et le sudiste renégat tirent ensemble la corde pour pendre Daisy et communient dans la chaleur de la fausse lettre de Lincoln. John Ruth doit son surnom au soin qu’il met à livrer les criminels vivants, quand bien même la prime serait versée qu’ils soient morts ou vifs. C'est le plus droit de tous les salopards : il exige que ses proies soient jugées avant d’être pendues. Semblant sortir de The Thing (Carpenter, 1982) ou de Los Angeles 2013 (Carpenter, 1996), Kurt Russel est l'âme du film, influencé par ailleurs par le western glacial Le Grand Silence (Sergio Corbucci, 1968) ou le paranoïaque Reservoir Dogs de l'auteur.
Jean-Luc Lacuve, le 13/01/2016