Mécanicien à bord d'un bateau, Paul profite d'une escale pour débarquer. Il se qualifie de déserteur, comme "quelqu'un qui a envie de dormir, de marcher, de rêve... de ne pas bouger". Il aime cette ville où il a décidé de s'arrêter, comme pour y casser ses attaches, comme pour y faire le vide, loin du temps et de l'espace ; il aime également deux femmes en même temps ; Rosa, la serveuse d'un bar-hôtel et Elisa, sa femme, à qui il envoie des lettres accompagnées de films super-8 parlant de sa "désertion" et de cette autre femme.
Un soir, un voleur lui dérobe son argent. Bien plus tard, Paul retrouve le coupable et le menace ; celui-ci cependant le blesse d'un coup de couteau.
Quelques temps après cet accident, Paul cherche Rosa, en vain. Exaspérée d'attendre cet homme sans projet, Rosa se lasse et s'en va. De son côté, Elisa souhaite le retour de Paul pour lui déclarer la guerre ; façon de préciser les choses, mais aussi ultime signe d'amour.
Seul, Paul repart vers le Nord par le train. Dans le compartiment, en face de lui, deux femmes. Les regards se croisent, c'est tout.
Comme le dit si bien Paul, personnage principal du film, ce ne sont pas des vacances qu'il prend à Lisbonne, car en vacances on organise son temps libre or lui ne fait rien. Le film est donc une succession de temps mort, comme ce temps que prend Paul dans sa vie.
Nous sommes bien dans un film moderne où le personnage ne se définit pas par ses actions mais par le temps qu'il traverse, qui le traverse. Paul essaie de se fondre dans le temps si particulier de la ville, qui semble comme suspendu, et pour cela filme en super 8 les rues de Lisbonne, la femme qu'il rencontre et aime. Mais afin de n'être que traversé par ces images il ne garde pas les bandes pour lui ni ne les regarde, il laisse ce soin à sa femme.
Le film devient donc une lente plongée dans le temps comme ces lents travellings avant qui ne cherchent pas tant à avancer mais plutôt à laisser venir le monde à nous comme si ce n'était plus la caméra qui avançait mais le monde qui se pressait vers elle. Le film est donc un véritable poème sur le temps et n'a de cesse de faire remonter d'autres films comme ceux d'Antonioni ou de Wenders sans pour autant souffrir de la comparaison.
Barthélémy Guillemet le 17/10/2007