L'homme regarde le port de Messine d'où il va rejoindre Syracuse où il est né. Il discute avec un pauvre sicilien venu vendre ses oranges et reconnait qu'il a perdu, comme le serait un Américain, la tradition locale qui consiste à ne pas manger le matin. Il affirme donc vivre à New York et le sicilien lui dit sa difficulté à vendre ses oranges dont personne ne veut.
Dans le train, l'homme discute avec des voyageurs et dit vivre depuis quinze ans dans le Nord de l'Italie, entre Florence, Bologne, Turin et Milan. Les voyageurs n'aiment guère les deux policiers qui discutent dans le couloir et pour qui un crève-la-faim est un homme dangereux. L'homme leur dit que les siciliens font souvent ce métier dans le reste de l'Italie. Un voyageur convient que les Siciliens sont lugubres et que, souvent désespérés, ils font ce qu'ils détestent le plus. Après Catane, l'homme parle avec un croquemort de Bologne qui se fait passer pour un employé du cadastre et qui a une belle voix de baryton.
Il arrive chez lui. Sa mère fait griller un hareng sur le feu. Elle lui raconte son grand amour. Femme de cheminot, fille de paysans, elle a découvert que son mari, non seulement était coureur, mais était aussi un lâche. Au sortir de la guerre, un vagabond affamé était venu demander de l'eau. Chaque jour, il faisait cinquante kilomètres aller puis cinquante kilomètres retour pour la voir. Un jour, il ne vint pas. Il avait été tué pour une révolte dans les soufrières. Son mari cheminot, non seulement n'avait pas participé à la grève, mais avait conduit les hommes de la répression. Ils s'étaient séparés.
L'homme discute avec un rémouleur qui n'a pu ni couteaux ni ciseaux à aiguiser.
A partir des dialogues du roman Conversation en Sicile (1939) d'Elio Vittorini (1908-1966), c'est le voyage initiatique d'un homme qui part à la recherche de son enfance, "non seulement pour retrouver les lieux et les morts, les personnages, les sensations, les bruits, les odeurs, les interrogations de ses sept ans mais pour se comprendre lui-même". Il découvre le grand amour de sa mère.
Les plans très simples sur le feu ou les visages rendent d'autant plus attentifs aux images et odeurs suggérées par le texte. Les repas de fèves avec les "cardons", le hareng à griller l'hiver, les poivrons l'été. Les râpas avec beaucoup d'huile et beaucoup de pain. Les "fins" de mois difficiles : vingt jours par mois où ils devaient se contenter des escargots avec de la chicorée sauvage....
Selection "Un certain regard" à Cannes en 1999..
Editeur : Montparnasse, mars 2008. Format : 1.37.
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Coffret Straub - Huillet vol. 2 DVD 1 : De la nuée à la résistance DVD 2 : Ces rencontres avec eux DVD 3 : Sicilia ! DVD 4 : Fortini / Cani
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