À lautomne 1939, les Allemands, victorieux de la Pologne, regroupent les Juifs dans des ghettos, comptant sen servir comme main duvre à bon marché, en attendant de les exterminer.
Industriel joueur, bon vivant et coureur de jupons, Oskar Schindler entend utiliser son sens des affaires et ses amitiés au sein du Parti nazi pour profiter de cette situation et faire rapidement fortune.
Conseillé par le comptable Itzhak Stern, il obtient de la communauté juive les capitaux nécessaires au rachat dune fabrique de casseroles que, nécessité aidant, il convertira plus tard en usine darmements. Les denrées de luxe que lui procure Poldek Pfefferberg, un artiste du marché noir, lui servent à soutirer aux autorités allemandes toutes les autorisations et dérogations nécessaires. Bientôt, lusine de Schindler, qui nemploie plus que des Juifs, est connue comme une sorte de havre où ces derniers peuvent, pendant un certain temps, espérer échapper au massacre.
Mais la menace se précise. À côté de lusine, un camp de travaux forcés est dirigé par le commandant SS Amon Goeth, un psychopathe qui samuse à tirer sur les prisonniers.
En mars 1943, Schindler assiste, impuissant, à la liquidation du ghetto de Cracovie. Dès lors, il fera tout pour sauver non seulement «ses» Juifs, mais bien dautres encore, comme Helen Hirsch, quil gagne aux cartes contre Goeth. Sa fortune servira à racheter un par un 1100 ouvriers et à les transférer dans une nouvelle usine en Tchécoslovaquie, où ils fabriqueront des obus volontairement inutilisables.
Lorsque lAllemagne sera enfin vaincue, Schindler devra, en tant que «criminel de guerre», prendre la fuite avec sa femme Emilie. Mais tous les Juifs quil a réussi à sauver, ainsi que leurs descendants, ne loublieront jamais.
En 1993, les acteurs du film et les Juifs de Schindler rescapés lui rendent hommage sur sa tombe.
Dans l'entretien qu'il a accordé à Neesweek, Spielberg se décrit comme un cinéaste de l'imagination qui a découvert la réalité. En terme cinématographique, cela semble définir un style proche du cinéma vérité, principalement influencé par le cinéma européen avec son respect pour le réel. Paradoxalement l'oeuvre est intéressante, lyrique, par la mise en scène des effets de l'imagination.
Une séquence en noir et blanc, tirée sur une pellicule couleur, ajoute une seule et simple tâche de couleur : le manteau rouge de la petite fille que Schindler voit d'abord, lorsqu'il assiste, sur une colline proche, à la rafle des juifs du ghetto de Cracovie. Ce caprice de la perception coupe Shindler de la société (des Nazis) et le plonge dans une solitude à laquelle fait écho l'image de l'enfant en manteau rouge perdue dans la foule.
Ce pénible processus d'individualisation marque, chez Schindler, le début de sa prise de conscience de la valeur de l'individu qui culmine dans la scène où son comptable et lui, examinant la liste des juifs à qui ils épargneront d'aller à Auchwitz, sont forcés de se souvenir de chaque personne par son nom.
Les derniers plans , en couleur, du film se terminent avec des plans, en silhouette de Liam Neeson, la tête penchée sur la tombe de l'homme dont il a joué le personnage. Spielberg réinvente l'archétype romantique de la rencontre entre la nature et l'imagination humaine dont le plus grand représentant de la littérature américaine fut Woodworth. Chez lui, une soudaine prise de conscience se fait chez un voyageur qui fait halte, provoquée par la vue d'une tombe perdue dans le paysage. Cette prise de conscience, selon les poèmes, peut être à propos de la guerre ou du mariage.
Spielberg est donc nettement du côté du film d'aventure, exaltant le rôle de l'individu et laissant une large place à la comédie que du côté de la saisie du drame collectif et de l'enregistrement neutre des souffrances endurées par le peuple juif.
La scène initiale, de comédie , où Schindler fait preuve de son talent d'entregent est très réussie : cynique et légère. Le film est parfois bavard : Kingsley cabotine et surtout les histoires d'amour (femme, maîtresses, Hélèna la juive) rallongent inutilement le film. Un grand sujet pouvait très bien être traité en 90 minutes.
Remarquable construction. Les trois premières scènes (après le shabat intemporel et le premier carton historique, "septembre 1939 invasion de la Pologne") décrivent son talent de corrupteur. On ne le voie pas (il est de dos dans sa chambre, dans la rue, à l'église) puis il agit. Magnifique plan séquence où il se découvre pour la première fois dans le cabaret, au judenrat en se fournissant au marché noir.