(Tahrir liberation square). Avec : Elsayed, Noha. 1h31.
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Le
Caire, 30 janvier 2011. Elsayed, Noha, Ahmed sont de jeunes Egyptiens et ils
sont en train de faire la révolution. Ils occupent la place jour et nuit,
ils parlent, crient, chantent avec d'autres milliers d'Egyptiens tout ce qu'ils
n'ont pu dire à haute voix jusque-là. Les répressions sanguinaires du régime
attisent la révolte ; à Tahrir on résiste, on apprend à discuter et à lancer
des pierres, à inventer des slogans et à soigner les blessés, à défier l'armée
et à préserver le territoire conquis : un espace de liberté où l'on s'enivre
de mots. Tahrir est un film écrit par les visages, les mains, les voix de
ceux qui ont vécu ces journées sur la Place. C'est une chronique au jour le
jour de la révolution, aux côtés de ses protagonistes.
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Ce
documentaire politique démontre la force libératrice de la prise
de parole face aux situations figées et simplificatrices que relaient
parfois les médias pour garder les peuples sous la domination de responsables
qui se présentent comme protecteurs mais qui pensent avant tout à
eux-mêmes. Les chants des révolutionnaires , la coexistence des
hommes et des femmes et parmi celles-ci de celles au visage découvert
ou voilé, des jeunes et des vieux, de ceux qui prient ou de ceux qui
s'affirment fermement laïcs est filmé au plus près. Nul
commentaire puisque que ce sont les deux personnages principaux Elsayed et
Noha qui nous menent au cur de la foule au cur de cette révolution
solidaire et enchantée.
Savona indique qu'il commence à filmer le 30 janvier, au sixième jour de la révolution, mais il se dispensera ensuite de donner des indications de temps. Un premier discours de Moubarak à la télévision, les trois journées de combats avec des pierres, l'intervention paternaliste d'un colonel de l'armée, l'intervention du bloggeur récemment libéré déclarant que c'est la foule qui est le héros de la révolution et le discours de démission du 11 février permettent toutefois de suivre l'évolution de cette grande fièvre collective.
La cohabitation des laïcs et des musulmans ne semble pas poser problème
même si, dès le départ, ce fait jour la préoccupation
d'une récupération du mouvement par les Frères musulmans
et surtout les extrémistes salafistes. Un court épilogue, filmé
le 12 février préfigure la dépression qui saisira sans
doute tous ces révolutionnaires d'une quinzaine quand ils retourneront
chez eux affronter la banalité du quotidien. Un dernier chant un dernier
cri pour ne pas partir de la place Tahrir.