Adam est le fils d’un pêcheur de la ville de Manzala, dans le nord du pays. Pieux et fervent adepte de la mosquée de son village, il est ravi d’apprendre par son imam local qu’il va recevoir une bourse de l’État pour étudier la pensée islamique sunnite à la prestigieuse université Al-Azhar du Caire. Une fois arrivé à l’université, il est impressionné par la discipline, la rigueur et l’atmosphère de piété, mais il est également déconcerté lorsqu’un camarade de classe, Zizo, lui offre une cigarette et l’invite à sortir pour une soirée en ville.
Lorsque le grand imam décède d’une crise cardiaque alors qu’il s’adresse à l’ensemble des étudiants, les politiques avec à leur tête le général Al Sakran, se livrent immédiatement à des manœuvres pour déterminer qui occupera un poste à l’influence politique considérable.
Le désarroi et la détresse d’Adam s’aggravent lorsqu’il assiste au meurtre de son nouvel ami étudiant. Il est bientôt contacté par un agent de renseignement, le colonel Ibrahim qui lui fait comprendre que son ami était un informateur "dirigé" par l’appareil de sécurité de l’État, qui rendait compte secrètement au gouvernement des opinions politiques subversives des imams. Adam doit donc remplacer Zizo sous peine de représailles et avec toutefois la promesse que son père pourra être soigné de ses calculs. Adam doit tenter de savoir ce que veulent les Frères musulmans qui prient très tôt tous les matins à la mosquée. Adam les identifie et est bientôt intégré à leur communauté en exhibant auprès de Soliman un livre radical interdit que lui a confié Ibrahim à dessin. Soliman et son groupe se méfient toujours. Pour gagner leur confiance, Adam trahit son ami, Read, qui avait gagné le concours de théologie. Il dissimule ses propres dossiers des services politiques sous son matelas et en informe Soliman. Ils passent Raed à tabac et celui-ci doit quitter l'université. Mais cela ne suffit pas à Soliman qui demande à Adam d'où il tient le livre interdit. Celui-ci tente de joindre son oncle à la mosquée de son village qui ne comprend pas. Démasqué, Adam est emmené en haut de la tour mais Ibrahim qu’il a appelé au secours veille et c'est Soliman qu’il oblige à démissionner.
Entre temps, Negm, le Cheikh aveugle, s'est déclaré coupable du meurtre de Zizo ce qui a obligé Ibrahim à l’incarcérer à la grande colère de Sohby, son chef, partisan des manières expéditives.
Adam est appelé à remplacer Soliman, comme serviteur particulier du Cheikh Omar Beblawi. Adam découvre, après que le cheikh lui ait demandé de quoi soigner les dents d'un bébé, qu’il est le père d'un très jeune fils. Ibrahim est informé et l'oblige à se rendre chez le cheikh en son absence pour découvrir l'enfant de la maîtresse du cheikh plus ou moins vendue par sa mère et dorénavant entretenues par le Cheick, vivant confinées. Devenu inutile, Adam se sent menacé mais il promet de parvenir à mettre en accusation le Cheikh Omar Beblawi. Adam le dénonce en effet au Sheikh Al Durani qui favorise sa prise de parole dans une assemblée délibérante pour l'accession au titre d'Imam. La question posée par Adam fait comprendre à tous que le Cheikh Omar Beblawi est directement visé. Il comprend sa situation et se retire laissant le champ libre lors de l’élection au Sheikh Al Durani.
Le pouvoir est néanmoins inquiet de la présence du Cheikh aveugle en prison qui pourrait être considéré comme une ingérence de l'état dans l’élection de l’iman. Ainsi Shoby ordonne à Ibrahim d’arrêter Adam qui devra s'accuser du meurtre. Ibrahim se révolte contre cet assassinat programmé comme il avait reproché à son chef le meurtre de Zizo. Il ordonne donc à Adam de fuir au plus vite et déclare à Shoby qu’Adam s'est enfui avant qu'il n'ait pu l’interpeller alors qu'il ne connaît que son nom.
Juste avant de pouvoir rentrer chez lui, Adam est appelé par Raed qui souhaite lui parler. C’est un piège et Adam est arrêté, trainé en prison et menacé de torture sous les yeux de son père s'il le faut par Sohby. Ibrahim qui est plus ou moins en état d'arrestation fait néanmoins remarquer à Shoby que cela ne règle pas le cas du Cheikh aveugle qui continue de se proclamer coupable. Shoby se déclare prêt à l'assassiner mais doit se résoudre à obtenir l’aval du général. Celui recule devant une possible complicité de meurtre d'un haut dignitaire religieux. Ibrahim plaide pour qu’Adam soit entendu par le général. Celui-ci lui explique que le cheikh veut être entendu lors d’un procès public où les médias ne pourront être muselés. Il se propose de le faire renoncer à s'accuser.
Adam vient entamer avec le Cheikh un duel théologique. Doit-il mentir ? Oui pour une cause plus juste. Adam raconte alors les circonstances de la mort du prophète. Un général affirme qu’il faut nier la mort du prophète. Mais le grand théologien à ses côtés déclare qu’il est inutile de nier la mort du prophète puisque Dieu est toujours là et que rien, pas même la mort du prophète, peut mettre fin à son règne. Le cheikh aveugle comprend ce qu’Adam lui signifie : il est inutile de falsifier la vérité puisque Dieu veille à tout. Le général ordonne qu’Adam et le Cheick sortent de prison.
Adam revient chez lui les bras chargés de cadeaux. Il se rend à la mosquée du village où l'imam est surpris de le voir vivant et, penaud, accepte le pardon d’Adam. Celui-ci s'en va pêcher avec son père.
La critique de la religion consiste à montrer aux impressionnantes foules masculines pieuses qui envahissent les rues avec leurs prières que celles-ci sont contrôlées par les pouvoirs religieux et séculier qui ont souvent intérêt à s'entendre pour faire régner le statu quo et le maintien des privilèges. C'est d'ailleurs ce qui est arrivé en Egypte où le pouvoir révolutionnaire des religieux est bien vite passé sous la coupe des militaires. Les allusions sont transparentes puisque, bien que le film soit tourné en Turquie, des portraits du général Abdel Fattah al-Sissi sont très présents dans les rues. Le géneral Al Sakran est sa possible incarnation dans la fiction.
Cette "critique" des pouvoirs aussi bien religieux que séculiers est amoindrie par les circonvolutions scénaristiques qui, aux grès des manipulations de tous, renvoient tout le monde dos à dos sous prétexte qu'il faudrait avant tout éviter la guerre civile. Les citoyens ordinaires ou brillants sont conviés à rester éloignés de ces magouilles, à prier dans la rue ou à retourner à leur métier de pêcheur.
Ne reste donc que le scénario d'un film d’espionnage plutôt bien tricoté qui joue contre la mise en scène en se contentant d'accumuler des scénettes à suspens centrées sur les personnages d'Adam et d'Ibrahim auxquels, on s'intéresse bien davantage qu'aux idées qu’ils portent.
Jean-Luc Lacuve, le 11 novembre 2022