Un lieu la résurgence de la Sorgue à Fontaine-de-Vaucluse , un livre de géographie, un tableau de Giorgione, un commentaire de Lucrèce par Bergson, une forme poétique de Pétrarque sont les éléments qui, agencés en un système circulaire de résonances et déchos, composent La Vallée close.
Un homme tombe amoureux d'un site, ne cesse d'y retourner et, au fil de ces retours, le convertit en lieu poétique où se recueillent et résonnent d'autres objets d'amour et d'admiration : la poésie de Pétrarque, un livre de géographie pour cours élémentaire, un résumé par Bergson d'un des plus beaux passages du De Rerum Natura de Lucrèce, La tempête de Giorgione.
Pas de scénario, pas de technique lourde, un art solitaire en accord avec un art de vivre : Jean-Claude Rousseau part caméra super 8 ou magnétophone à la main, rarement les deux à la fois, afin de ne garder qu'un instrument avec lui. Le son est enregistré indépendamment de l'image, souvent sur place mais il y a aussi sur certaines prises des enregistrements sonores fait ailleurs.
Pour le cinéaste, il s'agira donc de filmer les deux chambres d'où il part chaque matin : l'hôtel du château (petite chambre très modeste, une fenêtre) ou l'hôtel des sources (grande chambre, quatre fenêtres, beau mobilier), Fontaine-de-Vaucluse, les rives de la Sorgue et la grotte. Le film vibre de cette nécessité de filmer et d'être là, quand la fontaine cesse de couler en été et que l'on peut pénétrer dans la grotte ou, lorsqu'en hautes eaux, la Sorgue déferle dans la vallée comme un torrent.
Le film est constitué de douze leçons à l'image du livre de géographie dont il s'inspire. Il ne comporte pas de montage à proprement parler mais se constitue de la succession des prises. Pour Jean-Claude Rousseau, les bobines sont une unité, une unité de saisissement qu'il est souvent impossible au cinéaste d'arrêter durant ses deux minutes et demi. D'où une grande attention au cadre puis le risque ou la chance du hors champ et enfin la possibilité pour la caméra de s'arrêter ou de se déplacer car "Le regard dure un certain temps et on finit par fermer les yeux ou par regarder autre chose".
Avec : Jean-Claude Rousseau. 2h20.