Le mois de mai. Sept mois qu'il n'a pas plu. Le vent d'Est a craquelé la terre. Il a brulé les herbes. Il a dépouillé les arbres. Et dans les brousses éloignées du fleuve, l'eau est rare.
Dans l'un de ces villages perdus dans la grande brousse, à Simiri, s'élève un arbre mort que les hommes arrosent parfois de bouillie de mil ; c'est l'arbre de l'arc-en-ciel, le serpent multicolores qui arrête avec son dos l'eau du ciel et qui l'enfouit avec sa tête dans les puits. Tout à côté s'élève une case, le dongo, la maison de Dongo, le génie du tonnerre qui donne aux hommes et la foudre et la pluie.
Le septième jour du septième mois, tous vont à la maison de Dongo, le génie du tonnerre pour la fête de la pluie, le Yenendi. Le chef de la fête c'est Wadi Sorko. C'est un fils de l'eau, il connaît toutes les paroles et toutes les musiques de la pluie.
Les dieux sont paresseux. C'est pourquoi il a fixé au manche se son violon la dig-bas, la longue queue de fer qui va porter la musique jusque dans les oreilles des dieux. Personne ne résiste à la musique. Quand les femmes entendent la musique, elles sont obligées de danser. Quand les dieux entendent la musique, ils sont obligés de venir. Les danseurs s'appellent "les chevaux des génies". La danse s'appelle "danse de possession". Les chevaux doivent danser pendant des heures. Une femme est possédée, c'est Niaberry, la terre. La terre est paralytique, la terre danse à genoux.
Sadyara, l'arc en ciel, le serpent de toutes les couleurs qui perce la terre avec sa tête pour y enfouir l'eau des nuages. La possession est difficile: il faut aider les chevaux qui tombent, encourager ceux qui tremblent.La doyenne des femmes tranquilles habille les dieux. Dongo accepte les cadeaux faits pour que la pluie tombe.
Pour calmer Sadiara, l'arc-en-ciel, le serpent qui aime le sang frais, une chèvre est sacrifiée devant l'arbre arc en ciel. Les dieux décident de la pluie et, quand elle vient, elle est surabondante.