Ce film est l'histoire de la grande bataille qui opposa sur le Niger, de janvier à juin 1951, 21 pêcheurs Sarko de Firgoun, Ayorou, Koutougou aux hippopotames de Affasane, Baria, Tamoulés et Labbezenga.
En janvier 1951, les 21 plus grand pêcheurs Sarko du Niger se réunissent au village de Firgoun pour préparer un "bangawi", une guerre aux hippopotames. Pour lutter contre des bêtes de plusieurs tonnes, les petites pirogues sont trop frêles. Il faut construire une grande pirogue aux planches épaisses qui résisteront aux charges et aux morsures.
A côté du chantier naval se tient l'atelier de fabrications d'armes. Les harpons à flotteurs, des tiges légères ligaturées autour d'un morceau de bois central, et des lances nécessaires pour tuer l'animal sont construits. Apres un mois de travail, 80 harpons sont prêts.
Le 19 février, une fête religieuse est organisée pour demander au génie de l'eau l'autorisation de tuer les hippopotames. Les femmes, les chevaux des génies, après des heures de danse seront possédées par les génies. Fatouma est possédée par le génie de l'eau. Elle est habillée par "les femmes tranquille"s du costume du dieu. Il est donné trois hippopotames à tuer selon les règles. Mais attention au vieil hippopotame barbu. Les hommes dans la nuit Implorent les "Houka", les génies de la force.
Le 20 févier, Illo Gaoudele, qui n'a plus souvenir de sa crise nocturne, rejoint les Sorko sur l'ile de Santia. Oumarou fait le rite de courage. Il règle les différents entre les chasseurs et répand l'eau magique des pieds à la tête. Ainsi, aucun Sorko ne reculera devant les animaux furieux. Les harpons "zogou" aiguisés une dernière fois...
Une femelle hippopotame sera tuée et un jeune capturé vivant. Mais un vieux mâle, solitaire et féroce, bien que criblé de harpons, réussira à s’échapper après avoir endommagé la grande pirogue des chasseurs.
Jean Rouch est resté quatre mois sur une pirogue pour filmer cette technique de la chasse à l'hippopotame qui est surtout un rituel où les pêcheurs refont une alliance avec le fleuve Niger.
Le métrage de la pellicule ne permet pas des plans de plus de 22 secondes ce qui donne au film sa dynamique avec son montage rapide et ses changements d'angles obligatoires.
Film tourné avec un objectif de 25 mm sans possibilité de zoom. Pour prendre en gros plan, il faut se rapprocher. Pas de table de montage sonore. Les sons sont transcris sur disque puis mixés sur piste optiques en même temps que le commentaire.
Jean Rouch rappelle l'intérêt d'avoir une personne chargée du montage. Lui voit le contexte : la rive droite puis la rive gauche à traverser mais, sa monteuse lui fait remarquer que lorsqu'il n'a pas de courant et que le soleil est vertical, il n'y a pas de différence à la projection. La monteuse est la première spectatrice.
Lors de la première projection aux indigènes, ceux-ci reprochèrent à Jean Rouch d'avoir mis de la musique : "L'hippopotame a de grandes oreilles : s'il entend, il fuit". Jean Rouch, se sentant victime du cinéma classique, décida depuis lors de n'utiliser qu'avec la plus extrême parcimonie la musique.
Source : entretien avec Enrico Fulchignoni en 1982 sur le DVD : Cocorico ! Monsieur Poulet des éditions Montparnasse.
Editions Montparnasse , 2007 et 2010.
|
||
Supplément sur le DVD : Cocorico ! Monsieur Poulet (2007) ou coffret 4DVD : Jean Rouch une aventure africaine, Montparnasse (février 2010). |