Nous sommes en permanence entourés de choses que nous considérons comme inanimées. Mais les choses sont aussi des êtres. Elles ont leur nature et leur forme de vie propre. Lorsqu'on les «laisse vivre», elles nous révèlent sur elles et sur nous des nouveautés insoupçonnées ; les chapeaux, les cols, les fûts de réverbères, les tuyaux d'incendie ou les mains de poupées qui se disloquent, les cibles, les échelles, sont aussi vivants que des branches, des souris ou des yeux... Les phantasmes mobilisent «l'objet inanimé» et en font le personnage principal du film.
Les nazis ont détruit la version sonore de ce film au nom de la défense
contre "l'art dégénéré".
Des pendules s'affolent, des chapeaux deviennent oiseaux et s'envolent, des
objets prennent leur indépendance, l'eau coule à l'envers et
des bagarres absurdes éclatent entre des personnages magrittiens. Ce
film de Hans RICHTER est un pur produit dada dans sa volonté de provocation
et d'humour sans limite. Il laisse la place au travail déroutant du
rêve, aux associations d'idées, aux images fulgurantes issues
"uniquement d'elles-mêmes" comme disait Arthaud. Il fait partie
de l'avant-garde expérimentale des années 20 que l'on peut définir
comme des productions coupées de tout souci de rentabilité et
de diffusion, où les préoccupations formelles sont au poste
de commande, qui se moquent du sens et saccagent la belle ordonnance du réel.
Ghost before breakfast
16 mm 1 bobine (77 métres) cadence 24 ips cadre 1,37 7'00.