Des carrés, des panneaux noirs et blancs s'avancent de plus en plus gros ou reculants de plus en plus petits, mêmes effets de grossissement rétrécissement avec des rectangles de différentes tailles et de nuances de gris différentes jouants les uns avec les autres. Carrés blancs et noirs, rectangles.
"Après 1924, il n’y eut plus de Dada, mais les dadaïstes survécurent. Eggeling et moi, nous basant sur les impulsions de mouvements contenus dans ces rouleaux, nous commençâmes, en 1920, nos premiers essais de films abstraits. Eggeling devait finalement filmer son deuxième rouleau La symphonie diagonale et moi, mon Rythme 21.
Bien qu’étant abstraits, ces deux films étaient très différents par l’esprit et la manière de poser le problème, puisque Eggeling partait de la ligne, alors que moi, je partais de la surface. Eggeling orchestrait et développait des formes, alors que je renonçais complètement à la forme pour essayer d’articuler le temps à des vitesses et des rythmes variés.
Je me mis à filmer des suites de rectangles et de carrés de
papier de toutes grandeurs, allant du gris foncé au blanc. Le rectangle
et le carré me fournissaient une forme simple, un élément
dont je pouvais sans peine contrôler le rapport avec le rectangle de
l'écran. Je fis alors s'agrandir et disparaître mes rectangles
et mes carrés de papier, je les fis bouger par saccades ou par glissements,
non sans calculer les temps avec soin, et selon des rythmes déterminés.
Partant de là, il ne paraissait pas trop difficile de mettre chacun
de ces mouvements en relation avec les autres, aussi bien du point du vue
du temps que de la forme.
Je suis encore aujourd'hui persuadé que le rythme, c'est-à-dire
l'articulation d'unités de temps, constitue la sensation par excellence
que toute expression du mouvement dans l'art du cinéma peut procurer.
(Hans Richter, Dada Art et Anti-Art, éd. de La Connaissance, Bruxelles, 1965.)
(Rhythm 21), 3min