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Mes parents n'avaient pas
d'appareil photo

2013

Avec : Jean-Luc Guingouain, le maire de Langrune-sur-mer et les habitants du village. 0h51.

La plage de Langrune-sur-mer recouverte de neige. Les rideaux de fer de la boite à gui-gui sont fermés. Un couple et son enfant s'amusent aux boules de neige. Un cerf-volant dans le ciel, c'est l'été. Une petite fille de quatre ou cinq ans, des bottes aux pieds, barbotte sur le rivage en regardant l'horizon.

Sur la jetée de Langrune-sur-mer, les employés municipaux installent les cabines de plage. Un maitre-nageur vient ouvrir le poste de secours qui donne sur la plage. C'est aussi l'installation de la bibliothèque de la plage puis son inauguration par le maire. La petite fille s'amuse toujours sur la plage. Des enfants lisent les bandes-dessinées prêtés par la bibliothèque. Sur la foire aux greniers, une machine Singer et de vieilles poupées sont proposées aux promeneurs. Deux des poupées sont bientôt sur la plage.

La rentrée de bateaux de pêche donne lieu à des ventes de poissons aux habitants et touristes : 1 euro les quatre macros. Un jour de pêche à pied sur la plage : les grands-parents encouragent leurs petits-enfants dans la pêche aux crevettes.

C'est jour de grand vent sur la page et les baigneurs tentent de s'abriter derrière une grande toile protectrice... qu'une rafale un peu plus forte aura bientôt emportée plus loin.

Le 15 août, la messe est dite sur la jetée. Un père éloigne son enfant dans une poussette qui s'était mis à pleurer. Le soir c'est bal sur la jetée.

Des sportifs, hommes et femmes, font du longe-côte devant les baigneurs interloqués qui les voient passer de gauche à droite, puis, plus tard, revenir de droite à gauche.

C'est bientôt la fin de l'été. Les employés municipaux enlèvent les cabines de plage pour les mettre à l'abri. Le maitre-nageur ferme le poste de secours. C'est temps de brouillard sur la mer et pourtant de nombreux pécheurs à pied profitent de la forte marée.

Chantal Richard déclare avoir voulu faire ce film pour se refabriquer un album de souvenirs. Elle a passé toute son enfance à Langrune-sur-mer mais n'en a que peu de traces. Ses parents ne prenaient pas de photos si ce n'est lorsqu'ils partaient en vacances, hors quotidien donc.

L'enfance est effectivement privilégiée avec le retour de la petite fille contemplant la mer, les enfants qui lisent leurs bandes dessinées, ceux qui se baignent à côté des poupées et les adolescents qui se protègent derrière le paravent. Chantal Richard reste suffisamment éloignés d'eux pour en faire des figures, non pas singulières, mais presque abstraites d'une jeunesse plutôt sérieuse qui s'ennuie parfois et s'y installe doucement loin de la suractivé des clubs Mickey. Un cerf-volant, des livres, une course en sac, de vieilles poupées montrent une jeunesse de Langrune-sur-mer préservée de la technologie et du temps, telle qu'elle pouvait aussi sans doute se voir il y a quarante ans dans l'enfance de la cinéaste ou dans Les vacances de Monsieur Hulot.

Aucune voix off ne vient se surajouter à la seule captation des images qui composent ce portrait ethnologique d'un village côtier qui a su ne pas vendre son âme aux casinos ou à une modernité de pacotille. Il s'agit d'un petit théâtre avec lever de rideau sur la plage, la jetée et le poste de secours qui se clôt avec les mêmes séquences à la fin de l'été. L'attention aux autres qui s'y déploie rappelle celle d'Eustache tournant La rosière de Pessac.

Le film a été tourné durant un an sur toutes les saisons mais se focalise sur la période plutôt estivale. Il pourrait constituer le premier volet d'une trilogie que la réalisatrice espère prolonger avec "J'ai eu 15 ans sur la Côte de Nacre", sur les adolescents au printemps et "Ma mère aurait dû avoir 80 ans ", sur les femmes de 70 à 80 ans de Langrune-sur-mer, forces vives du village

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