"Quand les hommes sont morts, ils entrent dans lhistoire. Quand les statues sont mortes, elles entrent dans lart. Cette botanique de la mort, cest ce que nous appelons la culture.
Cest que le peuple des statues est mortel. Un jour, nos visages de
pierre se décomposent à leur tour. Une civilisation laisse derrière
elles ses traces mutilées, comme les cailloux du petit Poucet, mais
lhistoire a tout mangé. Un objet est mort quand le regard vivant
qui sest posé sur lui a disparu, et quand nous aurons disparu,
nos objets iront là où nous envoyons ceux des nègres
: au musée.
Lart nègre. Nous le regardons comme sil trouvait sa raison
dêtre dans le plaisir quil nous donne ; les intentions du
nègre quil crée, les émotions du nègre quil
regarde, cela nous échappe. Parce quelles sont écrites
dans le bois, nous prenons leurs pensées pour des statues ; et nous
trouvons du pittoresque là où un membre de la communauté
noire voit le visage dune culture. Cest son sourire de Reims quelle
regarde ; cest le signe dune unité perdue où lart
était le garant dun accord entre lhomme et le monde ; cest
le signe de cette gravité qui lui lègue, au-delà des
métissages des bateaux desclaves, cette vieille terre des ancêtres
: lAfrique.
Voici le premier partage de la terre. Voici le ftus du monde. Voici lAfrique du onzième siècle ; du douzième ; du quinzième ; du dix-septième. Dâge en âge, tandis que sa forme se dégageait lentement, lAfrique était déjà la terre des énigmes ; le noir était déjà la couleur du pêché. Les récits des voyageurs parlaient de monstres, de flammes, dapparitions diaboliques. Déjà le blanc projetait sur le noir ses propres démons pour se purifier. Et pourtant, lorsquau-delà des déserts et forêt, il croyait aborder au royaume de Satan, le voyageur découvrait des nations, des palais.
Quelle musique berçait cette petite princesse, cette petite orange
mûrie dans les caves du Bénin ? Quel culte présidait cette
petite république de la nuit ? Nous nen savons rien : ces grands
empires sont les royaumes les plus morts de lhistoire. Contemporain
de Saint-Louis, de Jeanne dArc, ils nous sont aussi inconnus que Sumer
et Babylone. Au siècle dernier, les flammes des conquérants
ont fait de tout ce passé une énigme absolue. Noir sur noir
: combat de nègres dans la nuit des temps, le naufrage nous a laissé
seulement ces belles épaves striées que nous interrogeons. Mais
si leur histoire est une énigme, leurs formes ne nous sont pas étrangères.
Après les frises, les monstres les Atrides casqués du bénin,
tous les vêtements de la Grèce sur un peuple dinsectes,
voici ces Apollon dAïphé, qui nous tiennent eux aussi un
langage familier. Et cest à juste titre que le noir y puise lorgueil
dune civilisation aussi vieille que la nôtre ; nos ancêtres
peuvent se regarder en face, sans baisser leurs yeux vides.
Mais cette fraternité dans la mort ne nous suffit pas. Cest beaucoup
plus près de nous que nous allons trouver le véritable art nègre
: celui qui nous déconcerte.
Lénigme, elle commence maintenant, ici, avec cet art pauvre,
cet art du bois dur, avec ce plat à divinations par exemple. Il ne
nous sert pas à grand-chose de lappeler religieux dans un monde
où tout est religion, ni de lappeler art dans un monde où
tout est art. Lart ici commence à la cuillère, et finit
à la statue. Et cest le même art. Nous connaissons un art
où lornement dun objet utile, comme lappuie-tête,
est la beauté inutile de la statue, appartiennent à deux ordres
différents. Ici, cette différence tombe, quand nous regardons
la statue de près. Un calice nest pas un objet dart, cest
un objet de culte. Cette coupe de bois est un calice. Tout ici est culte :
culte du monde.
Quand il fait reposer le siège sur des pieds dhommes, le noir
crée une nature à son image. Dès lors tout objet est
sacré, parce que toute création est sacrée ; elle rappelle
la création du monde et la continue.
Lactivité la plus humble concourt à lensemble dun
monde où tout est bien : où lhomme affirme son règne
sur les choses en leur imprimant sa marque et quelques fois son visage...
Formes animales, comme sur cette bobine de tissage. Formes végétales,
comme sur ces boîtes à fard. Toute la création défile
sous les doigts de lartiste noir. Dieu lui a montré le chemin
; il imite dieu ; et cest ainsi quà son tour il invente
lhomme.
Gardiens de tombeaux, sentinelles des morts ; chiens de garde de linvisible,
ces statues dancêtres ne forment pas un cimetière. Nous
mettons des pierres sur nos morts pour les empêcher de sortir. Le Nègre
les conserve près de lui pour les honorer et profiter de leur puissance
dans un panier rempli de leurs ossements. Cest des morts que procède
toute sagesse et toute sécurité ; ils sont les racines du vivant.
Et leur visage éternel prend parfois forme de racines.
Ces racines fleurissent. La beauté involontaire des animaux et des
plantes éclaire un visage de jeune fille. Et nous pouvons bien prendre
sa lumière pour un sourire, ou même son huile pour une larme,
et nous émouvoir, à condition de bien savoir que ces images
nous ignorent, quelles sont dun autre monde ; que nous navons
rien à faire dans ces conciliabules dancêtres qui ne sont
pas les nôtres.
Nous voulons y voir de la souffrance, de la sérénité,
de lhumour, quand nous nen savons rien. Colonisateurs du monde,
nous voulons que tout nous parle : les bêtes, les morts, les statues
; et ces statues-là sont muettes, elles ont des bouches et ne parlent
pas ; elles ont des yeux, et ne nous voient pas. Et ce ne sont pas des idoles,
plutôt des jouets ; des jouets sérieux, mais qui ne valent que
parce quils représentent. Il y entre moins didolâtrie
que dans nos statues de saints. Personne nadore ces poupées sévères.
La statue nègre nest pas le dieu, elle est la prière.
Prière pour la maternité ; pour la fécondité des
femmes ; pour la beauté des enfants ; elle peut être couverte
dornements qui ont la valeur des enluminures ; elle peut aussi être
fruste, comme cette boule de terre qui protège la moisson ; ou encore,
liée à la terre et à la mort, par la forme et par la
matière.
Ce monde est celui de la rigueur, chaque chose y a sa place. Ces têtes nont pas à être effrayantes, elles ont à être justes. Et regardez bien leurs cicatrices : ce champ magnétique où viennent se prendre toutes les formes du ciel et de la terre. Lobjet nen a pas besoin pour exister et servir. Ce débordement de création qui dépose ses signes comme des coquillages sur la paroi lisse de la statue, cest un débordement dimagination, cest la liberté : roue du soleil, nud de la fleur, courbe de leau, fourche des arbres, sy déploient, lun après lautre ; les techniques se mélangent : le bois imite subtilement le tissus ; le tissus prend ses motifs à la terre. On saperçoit que cette création na pas de limite, que tout y communique ; et que de ces planètes à ces atomes, ce monde de la rigueur renferme à son tour le monde de la beauté.
Un dieu a fait ses gestes. Le dieu qui a tissé cette chair lui a
enseigné à son tour à tisser la toile et son geste à
chaque seconde renvoie au tissage du monde. Et le monde est la toile des dieux,
où ils ont pris lhomme.
Essayez de distinguer ici ce qui est la terre et ce qui est la toile ; ce
qui est la peau noire et ce qui est la terre, vue davion ; ce qui est
lécorce de larbre et celle de la statue.
Ici lhomme nest jamais séparé du monde ; la même
force y nourrit toutes les fibres ; ces fibres parmi lesquels le premier homme
sacrilège, en soulevant les jupes de la terre, découvrit
la mort.
Masques de bêtes. Masque dhommes. Masques participant de lun
et de lautre. Masques maisons. Masques visages. Pierrot des fleuves.
Arlequin de la forêt. Ces masques luttent contre la mort. Ils dévoilent
ce quelle veut cacher. Car la familiarité des morts mène
à apprivoiser la mort ; à la gouverner par le moyen des envoûtements
; à la transmettre ; à la charmer par la magie des coquillages.
Et le sorcier capture dans son miroir les images de ce pays de la mort où
lon va en perdant la mémoire.
Mais victorieuse du corps, la mort ne peut rien contre la force vitale éparse
en chaque être qui compose son double. Pendant la vie, ce double prend
parfois la forme de lombre, ou du reflet dans leau ; et plus dun
homme sest noyé pour avoir été tiré par
là.
Mais la mort nest pas seulement quelque chose que lon subit, cest
aussi quelque chose quon donne. Voici la mort dun animal. Où
est passé la force qui habitait cette main ? Elle est libre maintenant.
Elle rôde. Elle va tourmenter les vivants jusquà ce quon
la recueille dans son ancienne apparence. Cest à elle que sadresse
le sang du sacrifice. Et cest elle que lon fixe dans ces métamorphoses
légendaires pour lapaiser jusquà en faire ces visages
victorieux qui réparent le tissus du monde.
Et puis ils meurent à leur tour : classés, étiquetés,
conservés dans la glace des vitrines et des collections, ils entrent
dans lhistoire de lart : paradis des formes où sétablissent
les plus mystérieuses parentés. Nous reconnaissons la Grèce
dans une tête vieille de deux mille ans. Le Japon dans un masque de
Logoué. Et encore lInde, les idoles sumériennes, nos Christs
romans, ou notre art moderne.
Mais en même temps quil gagne ses titres de gloire, lart
nègre devient une langue morte. Et ce qui naît sous ses pas,
cest le jargon de la décadence. A ces exigences religieuses succèdent
des exigences commerciales. Et puisque le blanc est acheteur, puisque la demande
excède loffre, puisquil faut aller vite, lart nègre
devient lartisanat indigène. On fabrique par milliers ces répliques
de plus en plus dégradées des belles figures inventées
par la culture africaine. Ici loutillage vulgarise, la technique appauvrit.
Au pays où toutes les formes signifiaient, où la grâce
dune courbe était une déclaration damour au monde,
sacclimate un art de bazar. Ces bijoux en toc, que les explorateurs
offraient aux sauvages pour les amadouer, voici que le nègre nous les
rend. A la beauté particulière de lart nègre se
substitue une laideur générale : un art où les objets
deviennent des bibelots, un art cosmopolite ; un art du vase à fleurs,
du presse-papier et du porte-plume souvenir où lon voit en transparence
la tour de Babel. Un art du portrait aussi : incapable désormais dexprimer
lessentiel, le sculpteur se rattrape sur la ressemblance. Nous lui avons
appris à ne pas sculpter plus loin que le bout de son nez.
Mais ce que nous faisons disparaître de lAfrique ne compte guère
pour nous en face de ce que nous y faisons apparaître.
Cest que nous sommes les martiens de lAfrique. Nous débarquons
de notre planète avec nos façons de voir, avec notre magie blanche,
et avec nos machines. Nous guérissons le noir de ses maladies, cest
certain. Il attrape les nôtres, cest certain aussi. Quil
perde ou quil gagne au change, son art en tout cas ny survit pas.
La magie destinée à la protéger lorsquil mourait
pour son compte, est sans pouvoir lorsquil meurt pour le nôtre.
Entre le paradis chrétien et limmortalité laïque,
le culte des ancêtres sévapore. Le monument aux morts remplace
la statue funèbre.
Tout ceci dominé par le blanc qui voit les choses de sa hauteur,
et sélève au-dessus des contradictions de la réalité.
De cette hauteur, lAfrique apparaît ordonnée, riche, recouverte
déjà de villages modèles, pleine de ces iglous de béton,
comme des globules blancs de la civilisation. De cette hauteur, lAfrique
est un merveilleux laboratoire où se préfabrique patiemment,
en dépit de quelques saignées, le type du bon nègre rêvé
par le bon blanc.
Alors, tout cet appareil de protection qui donnait son sens et sa forme à
lart nègre se désagrège et disparaît. Cest
le blanc qui prétend assumer le rôle des ancêtres. La véritable
statue de protection, dexorcisme et de fécondité, désormais
cest sa silhouette. Tout se ligue contre lart nègre. Prise
dans une pince entre lIslam, ennemie des images, et la chrétienté
brûleuse didoles, la culture africaine seffondre. Pour la
relever, léglise tente un métissage : lart négro-chrétien.
Mais chacune des deux influences détruit lautre. Et ce mariage
manqué fait perdre au catholicisme en Afrique sa luxuriance, son éclat,
tout ce côté nègre justement à quoi on le reconnaît
en Europe.
Les pouvoirs temporels pratiquent la même austérité. Tout
ce qui était prétexte à uvre dart est remplacé,
quil sagisse de lhabillement, du geste symbolique, du gri-gri,
ou des palabres. On dit oui oui oui oui. Quelques fois, on dit NON. Cela,
cest lartiste noir qui le dit. Alors une nouvelle forme dart
apparaît, lart de combat. Art de transition pour une période
de transition. Art du présent, entre une grandeur perdue, et une autre
à reconquérir. Art du provisoire, dont lambition nest
pas de durer, mais de témoigner. Ici le problème du sujet ne
se pose pas. Le sujet, cest cette terre, naturellement ingrate, ce climat
naturellement éprouvant et là-dedans le travail à une
échelle démesurée. Le rythme de lusine affrontant
celui de la nature : Ford chez Tarzan. Le sujet cest cet homme noir
mutilé de sa culture et sans contacte avec la nôtre. Son travail
na plus de prolongement spirituel ni social. Il nouvre sur rien,
il ne mène à rien, quà un salaire dérisoire.
Dans ces pays du don et de léchange, nous avons fait pénétrer
largent. On achète son travail au noir et on dégrade son
travail. On achète son art et on dégrade son art. La danse religieuse
devient un spectacle. On paie le nègre pour nous donner la comédie
de sa joie et de sa ferveur. Et ainsi, à côté du nègre
esclave, apparaît une seconde figure, le nègre guignol. Sa force
nous sert, son adresse nous amuse ; accessoirement, elle nous sert aussi.
Des nations de tradition raciste trouvent tout naturel de confier à
des hommes de couleurs le soin de leur gloire olympique.
Mais un noir en mouvement, cest encore de lart nègre.
Et dans le sport, le noir peut trouver, en attendant mieux, un bon terrain
pour mystifier lorgueil du blanc.
Le blanc ne comprend pas toujours la plaisanterie. Il lui arrive de crier
« pouce » quand les choses tournent mal. Quun boxeur nègre
se permette de corriger un blanc dans un pays marqué par le racisme
hitlérien, on lui démontre à coup dinsultes, de
menaces et de projectiles, quil ferait mieux de rester à sa place.
Et quand ce nest plus pour jouer, quand le noir par exemple se mêle
aux luttes du travail, cest à coup de fusils et de matraques
que sopère la démonstration. Ce climat de brimades et
de menaces conduit lartiste nègre à une nouvelle métamorphose
: mis sur le ring ou dans lorchestre, son rôle consiste à
rendre les coups que reçoit son frère dans la rue.
Voici, loin des apparences de lart nègre art de communion,
art dinvention, qua-t-il en commun avec ce monde de la solitude
et de la machine ? Lhomme qui imprimait sa marque sur les choses accomplit
maintenant des gestes vides. Or cest du fond de cette solitude quil
va se créer une nouvelle communauté. Lart nègre
était linstrument dune volonté de saisir le monde
; cest la même volonté qui survit ici sous dautres
formes. Regardez bien cette technique qui affranchit lhomme de la magie
; elle présente parfois avec elle une étrange parenté
de gestes. Cest toujours contre la mort quon se bat. La science
comme la magie admet la nécessité du sacrifice animal, la vertu
du sang, la fixation des forces mauvaises. Le sorcier capture toujours des
images ; et la mort est toujours un pays où lon va en perdant
la mémoire.
Non, nous nen sommes pas quittes en enfermant un noir dans sa célébrité.
Et rien ne nous empêcherait dêtre ensemble les héritiers
de deux passés si cette égalité se retrouvait dans le
présent. Du moins est-elle préfigurée par la seule égalité
quon ne dispute à personne : celle de la répression. Car
il ny a pas de rupture entre la civilisation africaine et la nôtre.
Les visages de lart nègre sont tombés du même visage
humain, comme la peau du serpent ; au-delà de leurs formes mortes,
nous reconnaissons cette promesse commune à toutes les grandes cultures
: dun homme victorieux du monde. Et blanc ou noir, notre avenir est
faite de cette promesse."
A la demande du collectif Présence africaine les deux jeunes cinéastes que sont Alain Renais et Chris Marker entreprennent, en 1952-53, de faire un film sur l'art nègre. Le contexte est alors à la contestation de la colonisation sous la bannière de penseurs comme Cheikh Anta Diop, Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor, Price Mars, Alioune Diop ou Frantz Fanon, Richard Wright et Jean-Paul Sartre. Le film qui en appelle avec une ironie mordante à une égalité sans compromis entre bancs et noirs, à la fin de la domination des premiers par les seconds, à la fin de la répression et montre les effets dévastateurs de la colonisation reçoit le Prix Jean Vigo en 1954. La commission de contrôle refuse au film son visa du fait du discours anticolonialiste explicitement véhiculé dans le documentaire. Au bout de 10 ans, une copie tronquée du film sort toutefois sur les écrans. Il aura précède de peu la conférence de Bandung qui réunit les représentants de pays pauvres et proclame leur volonté de se débarrasser du colonialisme mais, aussi, le premier congrès des écrivains noirs qui se déroule à la Sorbonne en 1956 et, dix ans plus tard, le premier festival des arts nègres à Dakar.
Les statues meurent aussi est une démonstration ironique et violente en cinq parties de la nécessité d'en finir avec la colonisation pour retrouver l'essence de la culture africaine et partager notre fraternité avec l'homme noir.
(I) L'art nègre antique est encore plus difficile à interpréter que l'arc grec ou celui du moyen-âge occidental, faute de témoignages historiques. (II) Mais c'est surtout l'art nègre moderne qui nous déconcerte avec son art pauvre du bois d'une part mais aussi par sa proximité avec le sacré ou plus exactement par l'accord qu'il entérine entre les hommes, la nature et les dieux dans un monde où tout est à sa juste place. (III) Les statues de bois qui scellent cet accord n'ont plus ce pouvoir quand elles entrent dans les musées. En même temps qu'il gagne ses titres de gloire, l'art nègre devient une langue morte. En Afrique même le tourisme conduit à remplacer l'art par la fabrication industrielle de bibelots ; à l'essentiel se substitue le ressemblant. (IV) Mais ce que nous faisons disparaître de l'Afrique ne compte guère pour nous en face de ce que nous y faisons apparaître. Notre apport en matière de santé est discutable et nos monuments aux morts remplacent les statues funèbres. Tout ceci dominé par le blanc qui voit les choses de sa hauteur, et s'élève au-dessus des contradictions de la réalité. Il achète et dégrade l'art noir pour en faire un spectacle. Le noir, d'esclave, devient guignol. Et s'il se révolte, il est violemment réprimé. Le noir n'amuse que dans le sport où on lui fait porter sans vergogne nos couleurs et dans la musique. (V) L'homme blanc et l'homme noir ne pourront être les héritiers de deux passés, issu d'une même volonté d'être victorieux du monde, que s'ils retrouvent cette égalité dans le présent.
Jean-Luc Lacuve le 7/10/2012