Jean Renoir nous invite à pénétrer avec lui dans son petit théâtre où quatre histoires vont prendre corps...
1. Le dernier réveillon : Gontran, un riche bourgeois, grande
gueule, paie un clochard pour qu'il regarde la fête de Noël de
ses amis à travers la fenêtre du restaurant. Certains des clients
gênés s'en vont ailleurs et tous sont rendus nerveux par cet
observateur jusqu'à ce que le maître d'hôtel lui donne
de la nourriture et du vin pour décamper. Le clochard apporte la nourriture
à sa petite amie et sous le pont, ils font la fête en parlant
ensemble. Ils se couchent et meurent de froid avec des sourires heureux sur
leur visage.
2. La cireuse électrique : Emilie, ménagère maniaque tyranise son mari en lui imposant des patins pour le sol qu'elle cire avec amour. Un voisin surpend ces conversations incessantes et, demosntrateur de cireuse electrique, en vend une au couple. Emilie, utilise avec volupté la cireuse électrique. Mais son mari glisse sur le parquet et se tue... Elle ne reste pas veuve longtemps. Son nouvel époux, nettement plus énergique, ne supporte pas le bruit de l'engin et lui interdit de faire fonctionner la machine pendant qu'il est à la maison. Elle désobéit et il la jette par la fenêtre. Désespérée, Emilie s'y précipite à son tour. Les voisins tirent la morale de l'histoire en chantant.
3. La chanteuse : Jeanne Moreau interprète une chanson 1900 : "Quand l'amour meurt ", sur une scène de Caf'Conc'.
4. Le roi d'Yvetot : En Provence, M. Duvallier, un brave bourgeois
découvre que sa jeune épouse, Isabelle, insatisfaite, le trompe
avec un vétérinaire du village, ami du couple, Féraud.
Duvallier s'interroge sur la situation, demandant des conseils à ses
voisins tandis que l'ami décide d'abord de quitter la ville ("Il
vous aime", Mme Duvallier: "Oui, mais seulement quand je suis heureuse
quand je suis malheureuse, il est bouleversé.... et si vous me laissez
je vais être malheureuse") ou un duel. Mais Duvallier décide
qu'il est préférable pour tous de rester heureux, de vivre comme
ils l'ont été, de sorte que le trio se rend en ville pour un
jeu de boules. Duvallier fait savoir à tous qu'il accepte philosophiquement
la situation et qu'il veut en rire, comme tout le monde. Les comédiens
viennent saluer et le rideau se referme sur le petit théâtre.
Jean Renoir explique dans un préambule facétieux que, maintenant qu'il travaille pour la télévision, il a jugé plus adapté de nous présenter dans son minuscule théâtre des histoires courtes plutôt qu'un long film qui ne conviendrait qu'à l'écran monumental du cinéma.
Les deux premiers épisodes se terminent par la mort. Dans le premier, reprise étrange de la petite marchande d'allumettes, Renoir oppose à la richesse matérielle bourgeoise le plaisir de la parole. Les clochards, tout à leur amour, dédaignent la nourriture donnée à contre cur par le maitre d'hôtel. Le second est une réflexion amusée sur la technologie moderne, objet un peu inutile mais qui peut être commenté par un chur de tragédie grecque !
L'intermède de Jeanne Moreau fait la transition entre ces deux épisodes amers et celui d'une défense d'une morale moins mécanique, apologie joyeuse de l'infidélité.
Diffusé en 1970 à la télévision, le film sera exploité en salles à partir de 1975.