Harry Cain, vigile, ne se remet pas de la mort de Claire, son épouse, tuée par balles dans le parking du centre commercial où il travaille. La police n'a pas retrouvé le meurtrier. L'enquête piétine. Alors, Harry, hanté par le souvenir de sa femme, tente de résoudre le mystère. Grâce à son travail, il récupère les cassettes vidéo de surveillance, passe son temps à les visionner et à les analyser minutieusement, à la recherche du moindre indice. Au fur et à mesure, il accroche au mur les photographies de témoins ou de suspects potentiels. Un jour, une piste le conduit dans l'Etat du Montana, vers une certaine Kate, dont le mari, Peter, un policier, aurait été la dernière personne à croiser Claire...
Le silence et la neige dans lequel est saisi le visage de Claire lors du premier plan, le geste de Harry qui entrouvre les rideaux ; le mouvement de Claire pour entrer silencieusement dans la maison d'en face ; Claire vue au milieu de la neige comme posée sur le socle d'un de ces objets-souvenirs destinés à être renversé pour faire tomber des flocons de neige : tout le début du film indique que l'on se trouve dans un univers mental, une fabrication de l'esprit de Harry. Pourtant, lorsque l'on apprend que sa femme est morte, la mécanique de l'intrigue policière laisse au second plan tous les indices indiquant le dérèglement croissant du comportement de Harry.
Lorsque celui-ci doit se résoudre à ne rien voir sur les photos
ou les bandes vidéo, il ne lui reste plus que la folie pour expliquer
l'inexplicable.
Il se laisse alors guider par le signe mental et virtuel que lui avait adressé Claire et fouille l'appartement d'en face. A un moment, quelqu'un vient frapper à la porte puis repart. Sans intérêt dramatique, cette interruption pourrait être comme le rappel de Harry à la réalité : son "moi" réel n'est pas entré. Seule son imagination trouve le négatif (!) et le conduit sur la piste. Seul un basculement dans l'univers mental peut expliquer que l'assassin de sa femme, qui aurait tué Claire sans le vouloir en cherchant à se débarrasser d'un policer véreux habite justement là où lui et sa femme ont passé leur voyage de noce.
Dès lors, rien ne relève plus de la réalité physique tout est subtilement dilué dans le mental, le ralenti, l'excès ou le miroir autant de comportements par lequel le mental donne corps au vide. Excès des couleurs chaudes de l'hôtel, dont le rougeet les nappes de sang évoquent Shining. La prostituée, provocante et douce au-delà du probable est le double magnifié de celle avec laquelle il a probablement trompé sa femme et que son seul mental peut maintenant pitoyablement refuser. De même le personnage de Peter est un double de lui-même pris dans une intrigue tracée à grands traits mais dont la situation de couple pourrait être la sienne.
Rien d'étonnant dès lors que l'intrigue tourne à vide. Les paysage vidés et désolés de la fin indiquent probablement que le personange est encore dans son délire mental, seul.
Nicolas Winding Refn
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