La veille d'une fête religieuse en l'honneur du saint local : Saint Yorgen, deux voleurs, Korkis et Choultz s'évadent de prison. Ils arrivent jusqu'au parvis de l'église, et Korkis conçoit alors un plan pour s'approprier une partie des richesses; c'est ainsi qu'il s'introduit la nuit dans l'édifice, mais son complice Choultz qui devait venir lui ouvrir les portes et le délivrer ne peut le faire car il est poursuivi par la police. Korkis est pris de court par le service solennel; il endosse alors les vêtements du saint et se présente à la foule comme saint Yorgen revenu sur terre. Le commissaire de police le reconnait et le dénonce au supérieur des religieux. Celui-ci, afin de confondre l'imposteur, lui demande un miracle. Korkis l'accomplit sans peine en guérissant Choultz qui feint d'être boiteux. Les prêtres ne savent plus quoi faire de ce saint un peu embarrassant. Ils lui proposent de l'argent et un passeport pour fuir à l'étranger, ce qu'il fera, emmenant avec lui la jolie fille du supérieur.
Si la religion est souvent mise en cause dans le cinéma soviétique, c'est la première fois qu'on va l'attaquer avec une arme nouvelle : le rire. Protozanov raille le clergé et les fidèles de façon très humoristique. Riche de trouvailles et tourné dans un style vaudevillesque, La fête de saint Yorgen se présente comme un film anticlérical comique.
Protozanov a cherché à faire rire le spectateur plutôt qu'à le convaincre, et ce ne fut pas tout à fait du goût de la critique soviétique, fort sévère dès lors qu'on badinait un peu trop sur des problèmes aussi sérieux que l'aliénation religieuse et le rôle réactionnaire de l'Église. En outre, le film est produit par la Mejrabpom, société mixte (50% capitaux privés, 50% aide de l'État) qui n'a pas bonne presse.
(Prazdnik Svyatogo Yorgena). Avec : Igor Ilyinsky (Franz Choultz), Anatoli Ktorov (Korkis), Mariya Strelkova, Mikhail Klimov, Vladimir Uralsky. 1h23.