Une nuit d'orage sur la côte sauvage d'un pays d'Amérique latine. Dans une villa isolée, momentanément privée d'électricité et de téléphone, Paulina Escobar guette le retour de son mari Gerardo. Elle vient d'apprendre par la radio que le Président l'a nommé à la tête d'une commission d'enquête sur les crimes du précédent régime. À ses yeux, cette commission n'est qu'une mascarade, puisqu'elle ne prendra en compte que les personnes disparues et non celles qui, comme elle, ont survécu aux tortures et pourraient témoigner.
Une voiture dépose son mari devant leur porte, puis repart. Gerardo explique qu'il a crevé un pneu à quelques kilomètres de là et qu'il a été pris en stop par un aimable voisin. Peu après, l'homme en question revient à la villa, sous prétexte de rapporter le pneu endommagé. Il se présente comme le docteur Miranda, bon époux, bon père de famille et partisan du nouveau régime. Cachée dans l'ombre, Paulina reconnaît cependant un tout autre individu : l'homme qui, des jours durant, l'a violée et torturée et qu'elle n'a jamais vu, puisqu'elle avait en permanence les yeux bandés. Même voix, même ricanement étranglé, mêmes tics de langage.
Pour elle, il ne fait pas de doute que Miranda est son bourreau. Ultime preuve : elle découvre dans sa voiture un enregistrement de «La jeune fille et la Mort» de Schubert, morceau qu'il aimait écouter pendant leurs «rencontres». Après avoir précipité le véhicule du haut d'une falaise, elle retourne à la villa où les deux hommes, passablement ivres, se sont endormis. Elle ligote Miranda, puis réveille son mari afin qu'il serve d'avocat à son prisonnier et obtienne de lui des aveux complets. Gerardo ne peut admettre ce simulacre de procès, mais il reste solidaire de son épouse qui, en résistant à la torture, lui a jadis sauvé la vie. Miranda, pour sa part, proteste de son innocence : à l'époque où Paulina a été arrêtée, il se trouvait, dit-il, à Barcelone. Il accepte malgré tout de se livrer devant une caméra vidéo à des «aveux» peu convaincants.
Pendant que Paulina le conduit au bord de la falaise pour le jeter dans le vide, Gerardo obtient de Barcelone la confirmation de ses dires. Paulina n'y croit pas : les fascistes possèdent à l'étranger des complices prêts à tous les mensonges. Alors, dans la lumière de l'aube, sous le regard implacable de sa victime, Miranda confesse ses méfaits. Libérée des fantômes du passé, la jeune femme renoncera à se venger.