Armand joue au magicien avec Alix, tous deux préparant l'anniversaire de la fille de celle-ci quand il apprend, au téléphone, que sa grand-mère vient de mourir. Il l'avait oublié, Armand sa mémé tant il est préoccupé par la double vie qu'il doit gérer entre sa maitresse, Alix, et sa femme, Hélène, avec qui il tient l'une des pharmacies de la ville de Chatou. Hélène, qui aime son mari, n'est pas pressée de le voir quitter le domicile conjugal. Elle aimerait que leur séparation se fasse en douceur. Il n'en est pas de même de Suzanne, la mère d'Hélène, qui habite au-dessus de la pharmacie, qu'elle a probablement financée, et qui a déjà, comme à son habitude, pris les choses en main. L'enterrement de la grand-mère de son gendre sera confié à l'entreprise de pompes funèbres de luxe de la ville, tenue par son ami Charles Rovier Boubet.
Armand n'apprécie pas beaucoup les innovations marketing de Définitif, l'entreprise de Rovier Boubet et, lorsqu'il apprend que le seul jour possible pour l'enterrement est le mercredi où il a justement promis de fêter l'anniversaire de la fille d'Alix, il décide de trouver une autre solution. Celle-ci va se présenter avec Yvon Grinda et son collègue Haroun qui font vivoter leur entreprise de pompes funèbres, Obsecool....
Bruno Podalydès impose une nouvelle fois univers qui pourrait se rattacher au vaudeville s'il n'y maintenait un ton particulier où est préservée une certaine forme d'insouciance. Adieu Berthe parvient même à imposer une forme, celle de boites de toutes sortes dont on parvient à s'échapper par magie.
Eloge de l'entre-deux
Les boites qui menacent d'enfermer les personnages sont de toutes sortes : cercueils, voitures, rayonnages de la pharmacie, télévision et téléphone portables. Tant est si bien que l'indécision, si elle peut être perçue comme une forme de lâcheté, devient une pulsion de vie qui s'oppose à l'âge adulte toujours prêt à couper ses branches pour aller toujours plus haut.
Armand ne trouve pas son compte dans ce monde-là. Il se déplace en trottinette motorisée ou dans les voitures des autres ou en vélo. Entre la grand-mère qu'il a oublié et son père Alzheimer qui l'a oublié, entre deux femmes qu'il aime et qui l'aiment, entre son gagne-pain de pharmacien et sa passion pour la magie, entre une gamine d'adoption qui l'adore et un fils qui, lui non plus, ne sait pas vouloir, Armand ne choisit pas et promet aux uns comme aux autres de leur revenir... en se servant de la malle des Indes de Berthe
Car la magie relie présent et passé. Le passé de Berthe fut plus simple mais sans doute plus douloureux. La fleur rouge (coquelicot ou fleur de papier) de la passion ou le ballon rouge viennent effleurer au présent (belle chanson interprétée par l'infirmière, les fleurs en papier de la fille d'Alix). Le présent est plus gai et varié avec les texto de différentes couleurs (procédé formellement simple mais rapidement efficace pour augmenter l'impact humoristique sans se demander qui répond à qui). L'émotion s'accommode du burlesque (le discours perdu d'Armand lors de la cérémonie new-âge, twilight, voulue par Rovier Boubet) qui s'incarne encore dans Haroun Tazieff dont Haroun s'obstine à prétendre qu'il s'appellerait Taziouff (ce qu'un livre viendra faussement prouver au spectateur) sans parler du gag du mulot incinéré ou du "Sors ta bite et fais pas chier !" de l'excellente Valérie Lemercier.
Jean-Luc Lacuve le 17/07/2012.