Lorsque Joshua Oppenheimer se rend en Indonésie pour réaliser un documentaire sur le massacre de plus d’un million d’opposants politiques en 1965, il n’imagine pas que, 45 ans après les faits, les survivants terrorisés hésiteraient à s’exprimer.
Les victimes sont les membres du Parti Communiste Indonésien accusés d'avoir tenté un coup d’État déjoué par le général Suharto. Après avoir pris la tête de l'armée, le général a ordonné une violente répression des sympathisants du parti, causant entre 500 000 et 1 million de victimes torturées et massacrées en quelques mois.
Les bourreaux, gangsters ayant participé à ces exactions aux côtés des militaires et de la milice, protégés par un pouvoir corrompu, s’épanchent librement et proposent même de rejouer les scènes d’exactions qu’ils ont commises. Joshua Oppenheimer s’empare de cette proposition où les bourreaux revivent fièrement leurs crimes devant la caméra, en célébrant avec entrain leur rôle dans cette tuerie de masse. "Comme si Hitler et ses complices avaient survécu, puis se seraient réunis pour reconstituer leurs scènes favorites de l’Holocauste devant une caméra", affirme le journaliste Brian D. Johnson. Une plongée vertigineuse dans les abysses de l’inhumanité