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Huit ans ont passé depuis la capture du Joker et la mort de Harvey Dent. Grâce à une loi d'exception prise en l'honneur du procureur tombé, le commissaire Gordon a réussi à mettre la pègre de la ville en prison. Il n'a cependant toujours pas oublié les meurtres de Harvey Dent, que Batman a endossé, et s'apprête à révéler la vérité dans un discours avant de renoncer.
Au même moment, la CIA convoie trois prisonniers dans un avion militaire dont Bane, un terroriste masqué connu pour sa violence. Il s'agit d'un piège destiné à faire croire à la mort de Leonid Pavel, un physicien. Lors du vol, l'avion est attaqué et Bane est sauvé par ses hommes, emmenant Pavel avec lui.
Avec la disparition de Batman a suivi celle de Bruce Wayne, qui vit reclus dans une aile de son manoir. Handicapé par ses nombreuses blessures, il ne parvient pas à empêcher une mystérieuse femme chat de lui dérober le collier de perles de sa mère, mais aussi ses empreintes digitales.
Bruce, intrigué par la femme-chat, tente d'en percer le secret et découvre qu'il s'agit de Selina Kyle, recherchée pour de nombreux cambriolages. Lors d'une réception donnée par Miranda Tate, il récupère le collier de perles porté par Salina. Celle-ci fuit dans la voiture d'un député.
Salina veut échanger les empreintes de Wayne contre un programme qui lui permettra de disparaitre de tous les fichiers informatiques. Elle rencontre Dagget dans un bar mal famé où pour se protéger, elle a pris soin faire appeler Dagget sur le téléphone du député qu'elle a enlevé. Gordon et ses hommes débarquent immédiatement. Gordon est enlevé dans les égouts et conduit devant Bane qui met la main sur son discours et va le faire exécuter lorsque Gordon se jette dans le flot des égouts et ne s'échappe. Il est sauvé par John Blake qui enquêtait sur la mort d'enfants dans les égouts. Ceux-ci trouvaient là un revenu âpres avoir été renvoyés de l'orphelinat de la fondation Wayne passé leur seize ans.
John Blake vient s'en expliquer avec Wayne qui apprend que son entreprise a perdu beaucoup d'argent avec le temps et les investissements dans un projet d'énergie propre par un réacteur à fusion, défendu par Miranda Tate mais abandonné devant les risques.
Bane apparait aux yeux de Gotham lors d'une attaque armée de la bourse
et provoque la banqueroute de Bruce Wayne, les empreintes digitales subtilisées
par Selina ayant permis de faire des transactions à perte en son nom.
Wayne suspecte, à raison, que Bane travaille avec son rival John Daggett,
et demande à Miranda Tate de prendre le contrôle de Wayne Enterprises
à sa place. Elle y parvient, et Daggett, furieux, est tué par
Bane qui a d'autres plans.
Grâce à Selina, Batman retrouve Bane dans les égouts de Gotham et apprend son plan : en tant qu'héritier de la Ligue des Ombres, Bane souhaite achever le plan de Ra's al Ghul et détruire Gotham. Les deux hommes se battent, mais Bane prend facilement le dessus et brise le dos de Wayne, le laissant impuissant alors que le terroriste masqué s'empare de toutes les technologies secrètes de Lucius Fox remisées pour Batman. Bane envoie ensuite Wayne dans une prison dont il est impossible de s'échapper, la sortie consistant à escalader les parois friables d'un puits ; seule la progéniture de Ra's al Ghul, que Wayne suppose être Bane, y est parvenue enfant.
Bane retourne ensuite à Gotham mettre à exécution son plan : couper la ville du monde, emprisonner la police sous terre et activer le réacteur à fusion en révélant que toute tentative d'évasion de la ville entrainera l'explosion de la bombe. Révélant la véritable nature de Harvey Dent, Bane libère les prisonniers de Blackgate et instaure la loi martiale, les personnes riches étant jugées par un tribunal présidé par Jonathan Crane et condamnés à la mort ou l'exil. Le gouvernement américain est forcé de coopérer et organise le blocus de la ville.
Les mois passent et Bruce Wayne guérit de ses blessures, pendant que les quelques soutiens à Batman résistent aux forces de Bane. Wayne parvient finalement à s'échapper de la prison en s'affranchissant de la corde qui le sépare de la dernière marche. La peur de sauter dans le vide lui donne le supplément d'énergie pour l'atteindre par un bond prodigieux depuis l'avant dernière.
Il rejoint Gotham, où avec Selina Kyle, Lucius Fox, John Blake, Miranda Tate et le commissaire Gordon, il organise la contre-attaque. Reprenant le costume de Batman, Wayne réussit à libérer les policiers avant de retourner affronter Bane. Alors qu'il prend le dessus, Batman est trahi par Miranda Tate, en fait Talia al Ghul, fille de Ra's al Ghul et membre de la Ligue. C'est elle qui s'est échappé de la prison enfant, ayant fui grâce à son protecteur dans la prison, qui s'avère être Bane. Elle poignarde Batman, espérant ainsi mener à bien le plan de son père et venger sa mort en activant à distance l'explosion de la bombe. Cependant, Gordon parvient à brouiller le signal radio, et Selina Kyle abat Bane. Batman tente alors de ramener le réacteur vers la chambre confinée, mais Talia parvient à distance à noyer la chambre, la rendant inaccessible. Elle meurt alors que son camion chute de la route, assurée que la bombe détruira la ville.
Batman n'a d'autre choix que d'utiliser le Batwing pour héliporter le réacteur dans la baie, où son explosion ne causera pas de dégâts humains après avoir dit de manière indirecte son identité à Gordon.
Gotham est libre et célèbre l'héroïsme de Batman, tandis que Bruce Wayne est déclaré mort dans les émeutes. Blake, qui a quitté la police, compte révéler au monde l'identité de Batman, mais Gordon l'en empêche, affirmant qu'il est mieux pour tous que cela reste un mystère. L'héritage de Bruce Wayne est revendu pour couvrir les dettes, le reste revenant à Alfred Pennyworth, sauf le manoir qui doit rester intact et devenir un orphelinat. et John Blake, dont on apprend alors que le premier prénom est Robin, découvre les coordonnées de l'entrée de la batcave. Fox apprend que le batwing a été muni d'un pilote automatique par Bruce Wayne. Plus tard, en vacances à Florence, Alfred surprend, comme il l'a toujours espéré, Bruce Wayne en compagnie d'une femme à la terrasse d'un café. Il s'agit de Selina.
Un discours solide et bien américain sur la manière de rendre la justice mâtiné d'un divertissement très bien construit comportant une dimension biblique, il n'en faut certainement pas plus pour faire de Batman un succès mondial mérité sans être inoubliable.
Une justice rendue par la loi mais sous surveillance humaine
Un monde qui a besoin du sacrifice d'un héros pour rendre la justice ne répondra jamais à l'idéal démocratique des fondateurs de Gotham city. C'est bien pourquoi Batman avait décidé de s'effacer face à Harvey Dent. Mais celui-ci avait fait preuve de pulsions destructrices plus nocives encore que celles cachées au fond de Bruce Wayne. Et finalement, seule la loi abstraite prise en l'honneur du procureur avait ramené l'ordre dans la ville. Le deuxième opus se terminait donc dans la foi en la population -aucun des deux bateaux n'avait fait sauter l'autre - et la foi en la loi inscrite en chacun. C'est ce beau programme que, courageusement, Nolan remet en cause dans le troisième opus.
La loi d'exception n'a plus lieu d'être une fois le fonctionnement de la justice rétablie mais surtout elle a généré une haine chez les prisonniers privés de conditionnelle et la déception dans la population quand elle apprend qu'elle a été prise au nom d'un procureur finalement très dangereux. De telles lois doivent donc être prises bien plus exceptionnellement qu'elle n'a pu l'être à Gotham city. Le maire apprend d'ailleurs que Gordon perdra bientôt son poste de commissaire tant la ville est maintenant trop sure pour cet homme d'exception.
Il n'est en revanche aucune raison de faire confiance aux populistes qui promettent la justice incarnée par des tribunaux populaires. Bane, en dépit de ses discours faits au nom du peuple ne vise qu'à l'anéantir... ce dont n'ont pas conscience ceux qui l'écoutent naïvement. La justice de Crane rappelle la sainte horreur de l'Amérique devant les tribunaux révolutionnaires de la terreur française. Il est dangereux de libérer les forces du populisme, surtout si les foules sont excédées par l'arrogante richesse des nantis. Haine de la terreur : Jonathan Crane, rendant un jugement invariable entre la mort et l'exil, ressemble à Robespierre ou saint Just siégeant dans un tribunal populaire.
Reste donc une voie médiane entre la justice abstraite de la superstructure et la justice populaire, celle sous contrôle d'homme d'exception, tel Gordon, qui peut être un recours vis à vis de Bane. En période de crise, les héros permettent de vaincre les entraves des institutions.
L'Ascencion de Batman au paradis
Ce parcourt Wayne le pratique lui même sur un mode plus symbolique et quasiment biblique depuis l'enfer de la prison jusqu'au paradis florentin. La traduction française du titre L'Ascension du Chevalier Noir aurait d'ailleurs eu le mérite de souligner le caractère christique de Batman qui ressuscite de la mort nucléaire grâce au pilotage automatique et qui réapparait aux yeux d'Alfred un paradis où la violence a disparue.
La dimension symbolique travaille continuellement le montage alterné sur chacun des huit personnages que el scenario s'est attelé à ciseler avec précisons en trois pôles autour de Bruce Wayne. La dimension infernale du mal, qui nécessite le combat de Batman, est incarnée par Bane et Miranda. A l'opposé, le pole du paradis libéré du mal est représenté par Selina et Alfred. Entre les deux se situent ceux qui affrontent le mal au quotidien : Gordon, Lucius et Blake contre les affreux banquiers et boursicoteurs.
Jean-Luc Lacuve le 2/08/2012