Shingo Ogata, homme d’affaires d’une soixantaine d’années, vit à une heure de Tokyo dans la calme banlieue résidentielle de Kamakura avec son épouse Yasuko, son fils Shuichi et sa bru Kikuko. Shuichi, qui travaille dans la société que dirige son père, est de moins en moins présent pour le souper ; délaissant son épouse qui semble ne pas le satisfaire sexuellement, il préfère rester en ville pour sortir avec sa maitresse, Kinuko, demandant à Eiko Tanizaki, la secrétaire de son père de l'accompagner. Shingo en est fortement attristé, d’autant qu’il éprouve une affection profonde pour sa belle-fille qui est aux petits soins pour leur vieux couple. S’occupant de toutes les tâches ménagères, Kikuko accueille même avec beaucoup de cordialité sa belle-sœur Fusako - sur le point de divorcer avec deux jeunes enfants sur les bras - pourtant jalouse de sa beauté et de la constante attention que lui portent ses parents alors qu’elle estime au contraire en avoir toujours été privée. Kikuko, toujours souriante et attentive aux autres, est constamment rabrouée, critiquée, méprisée par Shuichi qui ne se prive pas de rejoindre sa maitresse le dimanche. Pour se justifier, il avait dit à son père qu'elle est comme un « torrent », alors que sa femme serait « semblable à un lac »
Un soir que Shingo et Shuichi rentrent après un typhon, ils trouvent Kikuko écoutant de la musique pour se calmer. Fusako est repartie auprès de son mari. Yasuko qui l'y a poussé pour être tranquille se reproche son égoïsme comme elle reproche à son mari de couvrir les frasques de leur fils tout en se montrant gentil avec Kikuko ce qui empêche celle-ci d'extérioriser sa jalousie. Bientôt un télégramme vient annoncer que Fusako a quitté de nouveau son mari pour se refugier à Shinshu (Nagano) dans la maisonnette de campagne de ses parents avec ses enfants. Ils décident de convaincre leur fils de ramener Fusako à la maison. Pendant se temps, Eiko Tanizaki, la secrétaire, entraine Shingo chez la maîtresse de son fils qui vit avec une autre femme. Mais il n'ose pas rentrer.
Un ami vient faire essayer un masque de la veuve d'un autre ami pour lui vendre. Il demande à la secrétaire de l'essayer. Elle lui dit devoir démissionner mais qu'elle demandera à Kinuko de ne plus revoir son fils. Celui-ci pense que sa femme est une enfant à tout point de vue et que c'est d'ailleurs pour cela qu'elle est aimée de son père.
Shuichi a ramené, sans enthousiasme, Fusako à la maison. Seule Kikuko en semble heureuse et prépare le repas du soir. Lors de celui-ci, Shingo déclare "Si un homme arrive à vivre sans trop de complication, c'est un" vie réussie. Mais la vie d’un père ne peut être réussie que si ses enfants sont heureux en mariage".
Le lendemain, après avoir vainement tenté de raisonner son fils, Shingo a rendez-vous avec Eiko Tanizaki qui lui présente Ikeda, l'amie de la maîtresse de son fils. Elle demande à ce qu'ils vivent en tête à tête. Le soir, Shuichi rentre ivre. Fusako se plaint d’être méprisée. Seule Hakiku admire la pleine lune. Le lendemain, elle et Shingo apprécient le soleil du matin. Il reproche à Fusako d'être en pyjama. Elle le rabroue : elle est une minable, épouse du minable qu'il lui a choisi. Shuichi propose à sa femme de sortir au cinéma. Kikuko refuse à cause du travail domestique qu'elle doit accomplir.
Après quinze jours, Yasuko reproche à Shingo de n'avoir rien fait pour régler le problème de Fusako. Tristement, Shingo part travailler le matin. Mais cette fois, Kikuko l'accompagne en train à Tokyo pour voir une amie à l'hôpital. Dans le train, Shingo déclare qu'il serait mieux pour elle de ne vivre qu'avec son mari. Elle craint de ne pouvoir supporter l'attente de son retour sans la gentillesse de Shingo. Ils se quittent à l'entrée de l'hôpital. Shingo prévient Shuichi que sa femme est allée à l'hôpital.
Le lendemain, Yasuko et Shingo discutent tranquillement chez eux de la lettre d'adieu d’un couple âgé de 68 et 69 ans préférant mourir que d’être un poids pour leurs enfants. Kikuko, fatiguée et prétextant une migraine, n'en continue pas moins de les servir et de regretter ne pouvoir jamais écrire une telle lettre et pleurant de savoir que Shingo y songe. Shingo comprend que Kikuko a plus qu’une migraine et pousse son fils à avouer que Kikuko, par son attitude sans tendresse, a avorté alors qu’elle tenait tant à avoir un enfant. Shuichi tente vainement de réconforter Kikuko.
Shingo va voir Kinuko qui lui révèle être enceinte et qu’elle veut élever seule l'enfant tant Shuichi était furieux et l'a frappée. Shingo voudrait "une solution" et ne trouve que quelques billets à donner. "Un baume pour le cœur" dit-elle, écœurée, demandant si un reçu est nécessaire.
Shingo rentre tard, saoul. Kikuko est partie se reposer chez sa mère. Fusako se sent rejetée par son père qui ne pense qu'à Kikuko, meilleure cuisinière et plus attentionnée. Sa femme le pousse à voir son gendre. Celui-ci est allé voir Shuichi et les deux hommes se sont bien entendu. Quand Shingo rentre au bureau, il est appelé au téléphone par Kikuko qui lui donne rendez-vous dans dans l'ancien parc impérial de Shinjuku.
"En tant que beau-père je ne pouvais pas grand-chose pour toi". "Oh si père !". "Je te voulais du bien et je t'ai enchainé. Pardonne moi". Il va se retirer à Shinshu. Ils admirent tous les deux le parc : "Une vista bien conçue fait paraitre les choses plus grandes". "Vista ?". 'Vous ne connaissez pas ce mot ? Perspective".
Le grondement de la montagne est un roman de l'écrivain japonais Yasunari Kawabata, édité par Chikuma Shobō en avril 1954. Contrairement à ce qu’avait rêvé un Shingo affaibli par l’âge et la maladie, et malgré toutes ses tentatives de "colmatage", les relations familiales s’effritent. Kikuko est l'enfant qu'il aurait aimé avoir, empathique et dévouée. Kikoko, émerveillée par tout, est heureuse de ce statut d'enfant dans lequel la maintient son beau-père mais c'est aussi une prison qui l'empêche d'être une femem pour son mari. En avortant puis en quittant son mari, elle laisse une porte ouverte à une possible réconciliation; c'est une affaire de perspective comme elle l'insinue à la fin. Shingo est condamné à la solitude et à la retraite à la campagne. De l'enfance, il ne lui restera bientôt que le masque qu'on lui a proposé d'acheter.
Jean-Luc Lacuve, le 3 décembre 2021
Editeur : Carlotta Films, novembre 2018. Le coffret des cinq DVD ou Blu-ray, 50,16 € | |
DVD1 : Le grondement de la montagne (1h31). DVD 2 : Au gré du courant (1h52). DVD 3 : Quand une femme monte l'escalier (1h46). DVD 4 : Une femme dans la tourmente (1h34). DVD 5 : Nuages épars (1h44). |