Nadir Mokneche
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Alger, hiver 2003. Goucem vit à l'étroit dans une chambre d'hôtel qu'elle partage avec sa mère, Papicha, ancienne danseuse du Capacabana d'Alger. Elle travaille sans enthousiasme pour un photographe. Son amant lui promet de quitter sa femme pour l'épouser. Ce mariage, Goucem en rêve, mais Fifi, sa meilleure amie prostituée, lui remet les idées en place. Goucem envie la liberté de Fifi.
Par jeu, elle dérobe le revolver du souteneur de son amie. L'homme, Chouchou, un agent de sécurité du régime prend très mal la chose et tue Fifi. Goucem se sent responsable, retrouve le corps, l'enterre et va vivre sa vie auprès d'un jeune désuvré sympathique, Samir, qu'elle avait jusqu'à présent méprisé.
Le discours politique progressiste est très bien illustré par de magnifiques plans sur Alger : ses rues montantes lorsque Goucem est à la peine, ses plongées sur la mer lorsqu'elle cherche à s'évader en rêvant d'amour.
Mokneche risque un parallèle entre le mensonge d'un l'adultère mal assumé et celui du régime policier. Les Algériens sont montrés capable du pire (le cortège du mariage de la haute bourgeoisie) comme du meilleur (le photographe) ou les deux à la fois (les voisins-propiétaires).
Mokneche semble donner raison à Papicha qui s'est trouvée une petite fille idéale en subjuguant celle de ses voisins et qui, obstinément, dans un espace confiné mais avec un but concret qu'elle assume en partie en chantant au Rouge-gorge réussit à vaincre la prostration et la veulerie généralisée. Ce même espoir dans une vérité des sentiments et de la politique est illustré par le plan final de Goucem et de Yacim qui s'élargit sur des immeubles en construction. C'est dimanche, relâche, les hommes font du sport. Demain les verra-t-il sur les chantiers de la reconstruction ?
Note : Le film est joué en français car Lubna Azabal qui joue Goucem est marocaine et les différences de dialectes des algériens auraient été difficiles à maîtriser. Finalement, seul le titre, "Laldjerie", est issu du franco-algérien parlé à Alger.