Au XVIIeme siècle, dans un temple rempli de statues du Bhoudha dont l'une lui rapelle les traits de son premier amant, Oharu, vieille prostituée encore en activité, se remémore sa vie.
Jeune fille de petite noblesse, elle devait épouser un jeune seigneur du voisinage. Mais elle avait cédé aux avances d'un homme au service de ce seigneur, et de plus basse extraction qu'elle. La police du seigneur les surprend ensemble ; elle est condamné à l'exil ainsi que sa famille, et son amant est exécuté.
Un envoyé du clan Matsudaira recherche une femme pour son maître, resté jusque là sans héritier. Par miracle, Oharu remarquée par l'envoyé parmi des danseuses, répond dans le détail aux multiples exigences du maître. Elle est vendue au chef du clan. Mais aussitôt qu'elle a accouché, elle est renvoyée et à peine dédommagée. Couvert de dettes parce qu'il s'était cru riche, le père de Oharu lui intime l'ordre de rejoindre le quartier des prostituées.
Là, un client très riche la veut pour femme mais se révèle vite être un faux monnayeur. Oharu retourne chez ses parents.
Elle entre au service d'une femme, devenue chauve. Le mari ayant eu connaissance de son passé de courtisane, entend profiter de la situation. L'épouse devient jalouse, Oharu est renvoyée.
Plus tard, mariée à un marchand d'éventail elle devrait connaître le bonheur mais son mari est tué par des bandits. Sans un sous elle trouve refuge dans un temple bouddhique, mais le drapier, venu récupérer ses étoffes, l'oblige à se donner à lui. Une religieuse du temple les surprend et elle est renvoyée.
Elle vit quelque temps avec le domestique du drapier qui a volé son maître et se fait bientôt arrêter. Elle devient mendiante. Elle est recueillie par des prostituées de la rue.
À la fin, de nouveau dans le temple aux mille Bouddhas, Oharu et ses compagnes remarquent en riant que leurs diverses expressions évoquent celles d'hommes qu'elles ont connues. Et Oharu reste solitaire et méprisée.
Oharu est l'héroïne tragique par excellence. Son destin, placé sous le signe permanent de la privation de libre arbitre, souligne aussi que pour Mizoguchi, seule la femme peut faire l'expérience extrême de la tragédie. Cette expérience est en effet la résultante d'une fatalité individuelle et d'une organisation sociale dont les bases reposent sur la sujetion de la femme. Sa vie, telle que Oharu la revoit, est une succession d'esclavages imposés par l'autre sexe sous les différentes formes, du père, du seigneur, du patron, de l'amant, du mari, du fils ou du simple client de la maison de prostituées.
La rêverie de Oharu s'achève et la ramène au présent. Elle retrouve sa mère qui lui apprend que son fils a succédé à son père. OHaru imagine son calvaire terminé, mais elle est condamnée à l'exil pour payer le prix de ses fautes. Elle est autorisé à revoir son fils. Elle s'échappe, elle devient prêtresse errante.
Scènes remarquables : Deux plans-séquence au sein des vingt derniers plans, tous remarquables après le retour au présent. Le premier débute par un faux raccord . Il résume tous les efforts de Oharu pour se confronter au monde. Efforts, qui malgré sa vitalité, sont voués à l'échec par la force des hommes. Le second est le dernier plan du film. Oharu se retire de l'écran et du monde. Cette fuite est le seul et pitoyable échappatoire à un monde où le combat de la femme est vain.