Ancien policier de la route, Max Rockatansky erre désormais seul au volant de son bolide dans un monde dévasté par les guerres atomiques où les clans de cannibales, les sectes et les gangs de motards s'affrontent dans des déserts sans fin pour l'essence et l'eau.
Traumatisé par la perte de sa femme et de son enfant qu'il s'accuse de n'avoir pas su protéger, il réagit trop tard à l'attaque d'un clan aux ordres de Immortan Joe. Il est fait prisonnier dans la Citadelle où, après une vaine tentative de fuite, il sert de "globular" à Nux, un guerrier d'Immortan Joe. Celui-ci est furieux, l'une de ses plus fidèles partisanes, l'imperator (générale) Furiosa, l'a trahit en s'enfuyant avec un bien d'une importance capitale pour le chef de guerre : ses "pondeuses", un groupe de jeunes femmes lui servant d'esclaves sexuelles pour la descendance male qui lui sert de garde rapprochée. Immortan Joe se lance à la poursuite de Furiosa avec toute son armée motorisée à travers le désert. Max est embarqué malgré lui dans cette traque délirante par Nux qui a besoin d'être rechargé en sang. Il est enchaîné à l'avant du véhicule de Nux, bien décidé à s'ouvrir les portes du Walhalla promis par Immortan Joe s'il se sacrifie pour capturer Furiosa. Le but de celle-ci est d'échapper à l’emprise du dictateur et au statut de mère pondeuse attribué à La Splendide Angharad, Capable, Savante et Fragile pour rejoindre la "Terre Verte", un endroit idyllique, géré par des femmes, les Vuvalinis, et où l’eau coulerait à flot.
La Splendide Angharad meurt la première alors que Nux, converti par Capable, bascule dans le camp de Furiosa et trouve le moyen de tracter le camion ensablé dans la terre de la désolation. Mais les Vuvalinis ne sont plus que quelqu'unes dont la gardienne des graines et La Walkyrie. Elles décident de prendre le risque de franchir le désert en moto.
Mais Mad Max les convainc que l'espoir est un leurre : seul l'affrontement peut les sauver. Le camion fait donc demi-tour pour attaquer la citadelle. Immortan Jo comprend trop tard que sa citadelle est sans défense et tente d'arriver le premier au passage des éboulis. Nux se sacrifie pour protéger la fuite de Max et de Furiosa, Capable, Savante et Fragile. Celles-ci accèdent au pouvoir alors que Max s'en va estimant que le meilleur moyen de survivre est de rester seul.
Marchand sur les traces de Métropolis (pour la citée coupée en deux : aristocratie du haut et peuple-esclave en bas), d'Indiana Jones (pour le rythme du film d'aventure) et de Matrix (pour l'avenir dévasté), Georges Miller donne un ton de chevauchée apocalyptique au reboot de la trilogie Mad Max dont il avait pris les commandes en 1979, 1981 et 1985.
Alors que le monde a perdu espoir, Immortan Joe promet le paradis à qui se sacrifiera pour lui (encore faut-il être "Nickel chrome" et pas "médiocre"). Tous les bricolages sont conviés dans cette vaste fresque : lézard à deux têtes, muselière, ceinture de chasteté, voitures mythiques bricolées et montées sur chenilles, assaillants perchmen, avec tronçonneuse ou lance-flammes, voitures-hérissons, poignards, pistolets de toutes sortes à disposition de Furiosa, bombes aérosol nickel chrome, guitariste rock à la prou du véhicule de poursuite, nitroglycérine crachée dans les moteurs... Cette succession d'inventions trouve son unité dans cette vaste marche en avant vers la destruction. Et comme on ne s'en lasse pas, et que le film menace de disparaitre dans le désert, il faut aussi le voyage retour. Mais celui-ci est vécu cette fois avec la crainte de perdre les membres d'une communauté qui s'est trouvé des solidarités : Nux et les Vulvanis en feront les frais.
L'espoir d'un ailleurs est un piège : seul le combat permet la rédemption avait lancé Mad Max qui préfère repartir seul alors que la situation de départ est renversée : le patriarcat d'Immortan Joe qui dispensait chichement les faveurs d’une eau dont il détenait le monopole est défait. Furiosa incarne le nouvel espoir de la Citadelle. Une fin digne de celle d'un western classique.
Jean-Luc Lacuve le 14/06/2015.