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The visitor

2008

Genre : Drame social

Avec : Richard Jenkins (Walter Vale), Haaz Sleiman (Tarek Khalil), Hiam Abbass (Mouna Khalil), Danai Jekesai Gurira (Zainab), Amir Arison (M. Shah), Maggie Moore (Karen), Tzahi Moskovitz (Zev). 1h43.

Professeur d'économie dans une université du Connecticut, Walter Vale, la soixantaine, a perdu son goût pour l'enseignement et mène désormais une vie routinière. Il tente de combler le vide de son existence en apprenant le piano, mais sans grand succès...

Lorsque l'Université l'envoie à Manhattan pour assister à une conférence, Walter constate qu'un jeune couple s'est installé dans l'appartement qu'il possède là-bas. Victimes d'une escroquerie immobilière, Tarek, d'origine syrienne, et sa petite amie sénégalaise Zainab n'ont nulle part ailleurs où aller. D'abord un rien réticent, Walter accepte de laisser les deux jeunes gens habiter avec lui.

Touché par sa gentillesse, Tarek, musicien doué, insiste pour lui apprendre à jouer du djembe. Peu à peu, Walter retrouve une certaine joie de vivre et découvre le milieu des clubs de jazz et des passionnés de percussions. Tandis que les deux hommes deviennent amis, les différences d'âge, de culture et de caractère s'estompent.

Mais Tarek, immigré clandestin, est arrêté par la police dans le métro, puis menacé d'expulsion. Walter lui rend visite en prison dans le Queens et lui trouve un avocat.

Walter doit repartir dans le Connecticut. Mouna, la mère de Tarek qui vit dans le Michigan, inquiète de n'avoir plus son fils au téléphone arrive chez Walter. Elle veut voir où son fils est détenu. Celui-ci exhorte Walter de la renvoyer. Mouna tient à rester et Walter à toutes les peines du monde à l'inviter à rester chez lui.

l'avocat se montre raisonnablement optimiste et Walter fait rencontrer Zainab à Mouna. Il l'emmène voir le fantôme de l'opéra. Walter rentre dans le Connecticut, décidé à changer de vie, il vend son piano, écoute Fêla Kuti.

Un matin Tarek appelle sur le portable de Walter : il va être transféré. En fait, il est expulsé. Mouna doit rentrer en Syrie. Le soir, elle entre dans la chambre de Walter et lui avoue qu'elle a jeté l'ordre d'expulsion. Avant le 11 septembre tous s'en fichaient et elle avait tenté d'oublier.

Walter accompagne Mouna à l'aéroport. Ils s'étreignent tendrement tout en sachant qu'ils ne se reverront plus. Plus tard, Walter qui a bandonné ses cours adsn le Connecticut vient jouer du djambé dans la sation Broodway-Lafayette où Tarek rêvait de jouer avec lui.

The visitor traite de plusieurs thématiques avec une grande finesse psychologique : la régénerescence d'un professeur sexagénaire grâce à l'amitié et à la musique, une histoire d'amour avortée entre ce même professeur et la mère de son ami et une charge contre la politique d'expulsion paranoïaque des Etats-Unis après le Onze septembre. La densité humaine du film est portée par deux générations d'acteurs. On a d'une part les acteurs expérimentés, Richard Jenkins (Walter Vale) et Hiam Abbass (Mouna Khalil) et, d'autre part, des acteurs dont c'est la première expérience cinématographique : Haaz Sleiman (Tarek Khalil) et Danai Jekesai Gurira (Zainab).

La musique est le lien qui rend l'amitié possible, qui serait bien moins forte sans cela. C'est la musique qui permet la libération du personnage. Il survit en jouant du piano dont sa femme était virtuose avant d'exister enfin en abandonnant ce piano trop contraignant pour les rythmes du djambé. Emblématique de ce revirement, après l'onservation des deux jeunes noirs tapant sur leurs pots en plastique, la scène dans Central park où il rejoint l'ensemble des joueurs de couleur. Jusqu'ici visteur de sa propre vie, antihéros jusque là amorche,Walter vit intensement sa révolte lorsqu'il assume de jouer tout seul dans le métro.

La mise en scène, discrète, use de la figure des fenêtres et des vitres. Le premier plan découvre Walter derrière la vitre lors de la première séquence qui précède l'échange glacial avec le professeur de piano. Ce sont ensuite de jeunes étudiants que regarde Walter. Il franchit enfin la porte entre l'enfermement et le monde lors du départ du couple de clandestins lorsquil va les chercher dans al rue. Jeu répété avec la vitre de la prison, d'abord séparation puis transparente lorsque les deux hommes communiquent par la musique puis retour du thème de la frontière "Monsieur éloignez-vous de cette vitre" qui sera repris avec la vue des avions à destination de Damas lors de la séquence de l'aéroport

La charge contre la politique d'expulsion paranoïaque des Etats-Unis après le Onze septembre n'est pas abstraite mais s'incarne dans un personnage que l'on a vu vivre et qui n'est pas seulement au service d'une thèse. Avec son aspect documentaire sur les centres fermés, le film traite des terribles conséquences humaines, la suspicion généralisée, de la politique américaine envers les étrangers d'origine arabe. "Je veux vivre ma vie et faire de la musique. Quel mal y a-t-il à cela ? dira Tarek". Mona, palestinienne de Damas établit directement une équivalence entre l'arbitraire en Syrie et les expulsions aux USA.

Jean-Luc Lacuve le 08/09/2010 (après le ciné-club au CCAS de Basse-Normandie)

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