A 58 ans, Gloria se sent toujours jeune. Elle vit seule et fredonne des chansons romantiques en allant travailler chaque matin. Elle passe ses nuits dans les dancings de Santiago où elle multiplie les aventures sans lendemain. Mais le jour où elle rencontre Rodolfo, elle retrouve un semblant d'espoir. Celui-ci n'est cependant divorcé que depuis un an et est toujours harcelé au téléphone par sa flemme et ses deux filles. Il invite Gloria dans un restaurant chic, lui fait visiter son parc d'attraction avec sauts à l'élastique et terrain de flash-ball. Leur entente sexuelle est bonne et il lui lit des poèmes. Seule sa volonté de ne pas parler d'elle à ses filles dérange Gloria qui se décide à l'inviter pour l'anniversaire de son fils, Marcial. Elle y retrouve son ancien mari et sa fille Anna, récemment enceinte d'un beau suédois qui l'invite à venir la rejoindre bientôt dans son pays. La soirée d'anniversaire se termine pourtant douloureusement pour Gloria qui découvre que Rodolfo s'est éclipsé l'abandonnant devant sa famille.
Après une courte période de colère, Gloria lui pardonne pourtant. Il l'emmène dans un hôtel chic sur la côte. Cependant, là encore, au milieu du repas, Rodolfo l'abandonne pour rejoindre sa famille car sa femme s'est faite des entailles profondes aux jambes en traversant une baie vitrée. Gloria, désespérée se saoule au casino, sort avec un moustachu empressé et se retrouve abandonnée au petit matin sur la plage. C'est sa femme de ménage qui lui ramène argent et papier pour quitter l'hôtel.
Cette fois, Gloria a du mal s'en remettre. Elle s'abandonne de plus en plus souvent au haschisch. Elle soigne un glaucome qui s'est déclaré aux yeux. Elle ignore les manifestations étudiantes et trouve du réconfort seulement chez ses amis, Luz et Hugo, qui vont marier leur fille, la belle Maria. Le jour du mariage, Gloria se fait belle et s'en va se venger en tirant au flash ball sur la maison de Rodolfo et sur lui devant son portail sous les yeux de sa famille ulcérée. Le regard encore obscurci par le haschisch, Gloria rejoint ses amis pour le bal. Elle boit et refuse de danser puis sort dans le parc où elle voit un paon faire la roue. Les invités dansent sur le Gloria d'Umberto Tozzi chanté en espagnol. Gloria, le bras en croix, courageuse, rejoint la danse.
Le regard bienveillant et chaleureux du cinéaste sur son héroïne ne l'empêche pourtant pas de lui faire subir un vrai chemin de croix où le thème de la roue et de son éternel possible recommencement voisine avec celui de la mort et de la crucifixion.
Côté roue et renaissance possible, on a le manège sur lequel l'entraine sa rencontre d'un soir et la roue du paon qui lui donne envie de revenir dans la danse finale où est entonné le fameux Gloria qui résonne quand même de façon un peu désespéré. Gloria, les bras en l'air, semble tout autant heureuse que crucifiée. L'un allant peut-être avec l'autre la pulsion de vie ou la pulsion sexuelle n'étant jamais aussi proche que lorsque la catastrophe menace. Ainsi l'abandon sexuel alors qu'elle allait fuir après l'appel téléphonique reçu par Rodolfo dans la chambre d'hôtel. Peu de temps après, Gloria s'agenouillera aussi devant la figurine dansante d'un squelette animé par un artiste de rue.
L'énergie amoureuse de Gloria est sa vraie force vitale, celle qui lui permet d'accueillir avec gentillesse tous les travers de la vie : son habitat collectif où elle subit le bruit de son voisin psychotique, son travail en open-space et les manifestions d'étudiants vis à vis desquelles dont elle se sent étrangère. Ses amis avaient pointé leur distance avec le Chili contemporain devenu capitaliste loin de ses traditions qu'ils savent encore chanter. Elle aime son fils et sa fille en les soutenant dans leurs projets et vie amoureuse fragiles. Elle ne semble pas garder rancune envers son ex mari, à l'origine probable de leur séparation puisque Anna, sa fille, semble lui en vouloir.
Jean-Luc Lacuve le 23/02/2014