Harry Yquem, est courtier en bourse mais doit aussi une part de sa fortune au trafic de fausse monnaie que lui procure Charles Meunier. Ainsi, lorsque celui-ci vient lui apporter une nouvelle liasse de billets, Harry se déguise avec une fausse moustache pour se rendre à "la bourse aux diamants", rendez-vous de voleurs et de receleur afin d'écouler sa fausse monnaie.
Werner, un marin désargenté, erre dans la ville et est repéré par un petit voyou comme un client potentiel de la bourse aux diamants qui se tient dans l'arrière boutique de la taverne d'Upton. Werner essaie sans succès de vendre quelques babioles jusqu'à ce qu'Upton s'aperçoive qu'il ressemble à son ami, William Krafft. Werner apprend à Upton qu'il est le frère de William. Le receleur accepte alors de lui prêter de l'argent. Cette transaction n'a pas échappé à Bobby, un habitué de la taverne qui suit Werner chez le barbier et le tailleur avant de réussir à le dépouiller juste devant le City Hotel où Werner sait pouvoir retrouver son frère. Cependant, dorénavant sans argent, Werner doit quitter l'hôtel et se rendre de nouveau chez Upton.
En partant tôt de son bureau, Harry rate la surprise que voulait lui faire sa femme, Florence. Chez Upton, Il refuse plusieurs bijoux sans valeur avant d'acheter un bijou précieux qu'il destine à sa femme.
William Krafft arrive chez Upton pour lui commander une bague bien précise dont il a besoin pour le soir. Le receleur est bien déçu de voir que William ne s'intéresse absolument pas à son frère et qu'il ne compte pas lui rembourser le prêt fait à celui-ci.
En sortant de l'arrière boutique, Harry aperçoit William Krafft qu'il confond avec son frère Werner dont il a en poche une photographie dédicacée où il déclare sa flamme à Florence. Extrêmement jaloux, Harry se lance à la poursuite de William et loue une chambre au City Hotel afin de le surveiller. Il envoie un télégramme à sa femme l'avertissant qu'il ne rentrera pas de la nuit.
Florence est extrêmement triste de ne pas voir rentrer son mari. Heureusement, son amie Margot vient lui rendre visite. Celle-ci l'incite à être infidèle tant les maris sont pris par leurs affaires. Elle a elle-même rendez-vous pour le soir même avec un inconnu rencontré la veille. Florence se déclare toute fois très amoureuse de son mari, bien davantage qu'elle ne le fut le jour de ses fiançailles où elle ne pensait qu'à Werner. Celui-ci était venu la voir au soir de la cérémonie et lui avait laissé la fameuse photographie que son mari avait découverte en forçant sa porte.
A dix heures du soir, Harry Yquem voit arriver au Royal Hotel, William, qu'il prend pour Werner... et Margot. Ceux-ci flirtent entre la succession des plats préparés avec délectation par le maître d'hôtel. William n'est pas intéressé par Margot mais par sa bague qu'il parvient à lui subtiliser et à remplacer par la fausse, commandée le matin à Upton.
Torturé par la jalousie, Harry explique à son ami Charles Meunier que le soir de ses fiançailles il avait vu fuir un homme de la chambre de sa femme, homme dont il avait gardé la photographie et qui ne cesse d'alimenter sa jalousie. De voir à nouveau Werner (en fait William) se livrer au libertinage le torture au point qu'il rédige une fausse lettre en imitant l'écriture de Florence qui demande à son ancien amant de venir la rejoindre le soir même chez elle.
Entre-temps, Charles Meunier qui désire la femme de son ami, s'est rendu chez Florence qui a accepté de le recevoir parce qu'il menace de révéler dans la presse le scandale de sa nuit de fiançailles que vient de lui révéler Harry. Florence le repousse.
William, bien évidemment surpris de la fausse lettre qu'un chasseur lui a remise, plante néanmoins là Margot, qui flirtait avec un autre convive, et se rend chez Florence dont il connaît la fortune.
Chez Upton, le voleur s'est aperçu que les billets étaient faux et jure bien de punir son acheteur et sa jolie femme dont Upton connaît les identités. Werner, qui a surpris leur conversation et craint qu'une femme soit victime des malfrats, décide de les suivre.
Harry, rentré précipitamment chez lui et armé, découvre Florence et William en pleine conversation et exige que sa femme quitte le domicile conjugal. William, qui a repéré le collier précieux au cou de Florence, s'interpose entre les époux pour éviter qu'ils ne se réconcilient et enferme Florence avec lui. Charles Meunier, qui n'a pas réussi à fuir de la maison de son ami, fait semblant de le réconforter en l'incitant à ne plus jamais faire confiance aux femmes.
Margot a découvert que sa bague avait été volée et remplacée par une imitation. Elle sait que William Krafft est l'auteur du larcin et qu'il l'a quittée pour se rendre chez les Yquem. Le commissaire et ses hommes se rendent immédiatement chez le courtier en bourse.
Werner se présente chez Harry et lui déclare que sa femme est en danger. Il comprend que cette femme, Florence, est celle qu'il cherche vainement depuis son retour. La porte lui est refermée au nez par Harry qui comprend alors sa méprise et veut sauver sa femme des griffes de William. Les deux époux se réconcilient, Florence expliquant enfin à Harry ce qui s'est passé la nuit de leurs fiançailles.
Harry a découvert le mot d'introduction que Charles avait laissé pour être reçu par Florence et qui prouve sa fourberie. En colère, il abat son prétendu ami. La police arrive chez les Yquem pour découvrir le cadavre de Charles Meunier. Elle arrête William Kraft et Harry qui a gardé en poche le bijou qu'il destinait à sa femme. Accusé de vol, Harry est dédouané de celui-ci par Florence, plus que jamais amoureuse de son mari, qui déclare que son journal intime, laissée dans la serre prouvera l'innocence de Harry.
C'est par la serre que Upton et le voleur sont venu s'introduire chez Harry. Ils tentent de kidnapper Florence mais en sont empêchés par Werner qui avis lui aussi fait le tour par la serre et qui les maîtrise jusqu'à l'arrivée de la police. Florence apprend alors de la police que son mari est un receleur et qu'il devra répondre du meurtre de Charles Meunier. Florence jure d'attendre son mari jusqu'à ce qu'il ait payé ses fautes.
Curs en lutte (Quatre hommes pour une femme) est sorti en 1921 en 1 707 mètres. La seule copie conservée jusqu'à nos jours provient des archives de la Cinemateca Brasileira de Sao Paulo. D'une longueur de 1 556 mètres, c'est une copie brésilienne intitulée Coraçaoes em luta. Elle a subi des virages chimiques et contient des intertitres portugais. Cette copie est très abîmée. Il n'existe plus de liste des intertitres allemands.
Le film a été remasterisé en 1987 grâce à la Fondation Murnau à partir d'un contretype négatif de la Deutsche Kinemathek museum für film und ferssehen de Berlin réalisé à partir de la copie de la Cinemateca Brasileira de Sao Paulo. Les intertitres et inserts portugais ont été retraduits. Les séquences les plus abîmées ont été retouchées en préservant l'aspect de la copie d'origine. Les irrégularités de couleurs ont été éliminées. Le film est présenté pour la première fois au ciné-club de F3 par Patrick Brion le 28 juin 2010.
Curs en lutte bénéficie d'une intrigue relativement complexe qui voit effectivement quatre hommes autour d'une femme : Harry et Werner qui l'aiment, Charles Meunier qui la désire et William qui n'en veut qu'à ses bijoux. Le montage alterné qui définie la psychologie de chacun est particulièrement brillant, culminant vers la séquence finale où tous se retrouvent chez les Yquem.
Alors que Harry, William et Charles entretiennent des relations étroites et complexes en terme d'argent et de désirs, Werner et Florence, sont deux êtres solitaires et idéalistes, a priori destinés à s'aimer. Le lien entre les deux époux, jamais expliqué, est ainsi probablement de nature sexuelle comme l'indiquent les troubles de Florence et la jalousie viscérale de Harry. Le film ne bascule pourtant jamais dans le naturalisme s'en tenant à un expressionnisme classique que l'on retrouve dans les mimiques de Bobby, du maître d'hôtel, du groom ou du petit voleur.
Le flash-back sur la nuit des fiançailles est repris trois fois avec des entrées et sorties amorcées et closes par des fermetures et ouvertures à l'iris. Plus généralement les effets de gros plans sont également obtenus par des obscurcissements de la périphérie du cadre soient circulaires soit rectangulaires.
Jean-Luc Lacuve le 30/06/2010.