L'auberge du dragon

1457. Les eunuques se sont emparés du pouvoir à la cour et contrôlent les deux grandes polices secrètes : la chambre orientale (en noir) et la garde impériale (en blanc) commandées par Mao Zongxian, second commandant et Pi Shaotang, premier commandant, maitres en arts martiaux. Leur chef est l'eunuque Cao Shaoqin, au kung fu d'un niveau exceptionnel.

Cao Shaoqin dirige l'exécution de Yu Qian, précepteur du prince et ministre de la défense, accusé à tort d’avoir aidé des étrangers. Ses trois enfants sont, eux, condamnés à l’exil et emmenés  à la frontière du pays, vers la porte du dragon. Mais Cao Shaoqin prévoit en réalité de les exterminer en chemin. Les enfants et leurs gardes sont néanmoins sauvés par un mystérieux guerrier vêtu de jaune.

Prévenu, Cao Shaoqin ordonne à ses deux fidèles commandants de préparer une embuscade à l’Auberge du dragon, où les enfants Yu sont attendus. Cet endroit, habituellement désert en basse saison, est ainsi bientôt envahi par les agents de la police secrète déguisés qui, immédiatement arrivés, exécutent leur quatre porteurs et les douze soldats qui stationnaient à proximité. En l'absence de Wu, le patron de l'auberge, seul le comptable et un serviteur sont laissés en vies.

C'est alors qu'apparait, un mystérieux voyageur vêtu de blanc que quelques membres de la police secrète tentent vainement d'assassiner avec un vin empoisonné. Le voyageur tue leur chef puis, lorsque Mao Zongxian essaie d'en faire autant, tue deux de ses soldats. C'est à Pi Shaotang seulement que le mystérieux voyageur dévoile son nom :  Xiao Shaozi. Il accepte de partir car il était venu voir Wu, toujours absent. Mais Xiao Shaozi rencontre Wu Ning sur le chemin et, comme il est venu à sa demande, tous deux rentrent à l'auberge.

C'est alors qu'arrivent à l'auberge, deux mystérieux voyageurs,  Zhu Ji, le guerrier en jaune, vu précédemment et celui, vêtu de bleu qui se prétend son frère.  Pour les protéger Dun assassinat qu'il pressent, Xiao Shaozi se montre désagréable avec eux puis les averti quand la police secrète tente de les empoisonner avec du vin. Mao Zongxian et son second, Pi Shaotang, complotent alors de faire se disputer et s'entre-tuer Xiao Shaozi et les Zhu. Mais leur plan échoue. Dans l'escarmouche, Xiao Shaozi, comprend que le prétendu frère de Zhu est une femme. C'est Wu Ning qui donne la clé du mystère. Les Zhu, frère et sœur, sont ses neveu et nièce, comme lui dévoués à défendre les intérêts des descendants du ministre injustement exécuté. Tous les quatre décident de partir le lendemain à la recherche des enfants de Yu Qian pour les détourner de l'auberge.

Au matin, police secrète et défenseurs des enfants Yu partent à leur recherche mais ceux-ci parviennent dans l'auberge...qu'investissent juste à temps Xiao Shaozi, Wu Ning et les Zhu. La défense est acharnée et les quatre amis soignent même chevaleresquement les soldats ennemis. Deux d'entre eux demandent à passer de leur coté. Il s'agit de deux jeunes tatars Duola et son frère cadet,  venus s'engager chez le ministre puis enrôlés de force dans la police secrète et castrés pour avoir rendu hommage au ministre sur sa tombe.

Au matin la petite troupe de six amis, avec les enfants Yu s'en va vers la frontière après avoir piégé l'auberge. Bientôt cependant Mao Zongxian, Pi Shaotang et même l'eunuque Cao Shaoqin, bien décidé à en finir, sont à leur poursuite. Mao Zongxian et Pi Shaotang sont tués successivement mais Cao Shaoqin se révèle un adversaire hors du commun que seul l'asthme qui l'affaiblit désormais peut permettre de vaincre. Mais même à cinq contre lui : Xiao Shaozi  et les deux Zhu et les deux tatars, l'eunuque résiste. C'est finalement Duola, blessé à mort, qui lui tranche la tête. Xiao Shaozi, et les Zhu s'en retournent vers la Chine tandis que les trois enfants Yu restent sous la protection de Wu Ning.

Réalisé en 1967, L'auberge du dragon est la première production taïwanaise de King Hu, suite à son départ précipité de Hong Kong où le réalisateur était sous contrat avec la Shaw Brothers. Dans la lignée de son précédent long-métrage, L’hirondelle d’or (1966), L'auberge du dragon est un film d’arts martiaux qui permet d’asseoir la réputation de ce cinéaste érudit et perfectionniste qui éleva le genre du wuxia,"film de sabre chinois" au rang d'œuvre d’art.

Situé en 1457 dans la Chine de la dynastie Ming, les trois-quarts du film se passent dans l'auberge de la porte du dragon où se forme petit à petit  une coalition disparate qui se porte au secours des enfant du ministre injustement exécuté. On finit par apprendre que Xiao Shaozi, le valeureux samouraï, a été appelé par Wu Ning, le tenancier de l'auberge qui n'est autre que le général du ministre. Son neveu et sa nièce, les Zhu, eux-mêmes fideles au ministre sont venus de leur propre chef dans cette dernière halte avant l'exil promis aux trois jeunes enfants de Yu Qian. Se joignent à eux les deux jeunes soldats tatars enrôlés contre leur gré dans l'armée secrète.

Du côté de méchants le trio constitué der Mao Zongxian et Pi Shaotang,  commandants des armées secrètes et leur chef,  l'eunuque Cao Shaoqin est également convainquant.

Révélation retardées, nom propres qui précèdent les prénoms, humour un peu répétitif, cette grande première partie est assez ardue à suivre et n'est pourtant pas très éloignée du ton des westerns spaghetti. La virtuosité des combats est reportée dans la dernière demi-heure avec le combat contre l'eunuque.

En 1992, Raymond Lee réalisera un remake du film.

Editeur : Carlotta-Films. Septembre 2016. Nouveau master restauré HD V. O., Sous-Titres Français. Durée du Film : 1h51. 20 €.

Suppléments : Préface de Pierre Rissient, Hostel forces (15 mn) « Parfois, le mouvement crée un effet 3D. […] La caméra subjective intensifie le suspense, rappelant Le Train sifflera trois fois et les films de Sergio Leone. » Un essai réalisé par David Cairns, critique. Actualités : Retour sur l’engouement du film à Taipei lors de sa sortie en salles en 1967 au gré d’images d’actualités inédites. Bande-annonce 2015.