A Helsinki, Nikander est éboueur. Journée de travail depuis l'ouverture des portes, le démarrage du camion, les premières poubelles, le déjeuner du midi, la tournée l'après-midi et le parcours dans la déchèterie et le retour des camions. Son collègue lui propose une place de contremaitre dans l'entreprise qu'il compte monter. Le soir sa voiture démarre mal et, en la réparant, il se blesse au bras. Ill va faire els courses au supermarché et son poignet saigne. Il est troublé par la caissière, Ilona, qui remarque son bras blessé et le soigne. C'est vendredi, une collègue invite Ilona en boite où elle s'ennuie. Nikander suit des cours du soir en anglais et passe seul son week-end. Ilona s'ennuie en boite. Le lundi, le collègue de Nikander, renouvelle sa proposition ; l'entreprise qu'il projette aura pour slogan "Enlèvement d'ordure, la qualité depuis 1986" c'est maintenant justement ça attire l'attention. Mais le jour même, le futur entrepreneur décède. Nikander se saoule dans un bar et s'en prend au serveur qui ne veut plus continuer de le servir. Il le frappe, se fait jeter dehors, revient et, cette fois, finit en prison. Il y rencontre Melartin auquel il propose la place laissée libre par son collègue décédé. Melartin est pris à l'essai pour une semaine. Le soir devant les poubelles du supermarché, Nikander invite Ilona à sortir avec lui le lendemain. Il cache maladroitement à Melartin qu'il a rendez-vous avec Ilona. Il l'emmène jouer au Bingo; "ça ne peut pas marcher "dit-elle en l'embrassant sur la joue.
Le lendemain elle est appelée par le patron pour être licenciée, du fait d’une concurrence dure dit-il mais elle sait que c'est pour faire une place à sa fille qui finit ses études dans deux semaines. Il lui retirera aussi alors l'appartement; Elle dit vouloir partir le jour même; Elle vole la boite contenant l'argent de la caisse. La nuit, elle tente vainement de contacter quelqu’un au téléphone. Comme Nikander passe devant la cabine téléphonique pour s'arrêter à la station essence. Elle lui demande de l'emmener à la campagne. Il passe d'abord chez Melartin demander de l'argent et une chemise propre. Melartin voyant Ilona dans la voiture va jusqu’a casser la tirelire de sa fille pour donner à son ami. Au bord de la mer, Nikander prend deux chambres simples et l'invite au restaurant. Il s'inquiète de savoir si elle s'ennuie avec lui et refuse de répondre quand deux fois elle lui demande ce qu'il veut d'elle
Je ne veux rien de personne, Je suis Nikander, ex boucher, maintenant éboueur. Dents et estomac malades, le foie pas en état et ma tête n'est pas mieux. Ne me demande pas ce que je veux. Le soir ils rentrent chacun dans leur chambre; Ilona attendant sans doute que Nikander vienne la rejoindre.
Le matin, Ilona essaie d’ouvrir la caisse quand Nikander vient lui apporter le petit déjeuner. Il va chercher des outils pour l'ouvrir. Sur la plage, il l'embrasse. Sur le chemin du retour, Ilona dit sa lassitude d'avoir été renvoyée trois fois dans l'année et sa tristesse de ne pas être parte en Floride. Nikander affirme qu’il faut rendre l'argent et qu'il va s'en charger. Heureusement cardes son retour chez elle Ilona est arrêtée. Nikander parvient à remettre la boite. Pendant ce temps Ilona part de son appartement de fonction, en colocation avec sa collègue. Apres avoir erré toute la nuit avec sac et valise, elle se résous à aller chez Nikander où elle demande à dormir. Nikander lui laisse des draps et sen va travailler. Melartin le renvoie chez lui, promettant d'assurer le travail à sa place. DE retour chez lui, Ilona comprend et l'enlace.
Ilona trouve du travail. Il met son costume, elle passe chez le coiffeur mais ils ne sont pas assez chics pour le majordome et se voient refuser l’entrée. Il l'emmène dans un snack en bord de route. Quand il va la voir dans son magasin, en tenue d'éboueur, l’elle le reçoit froidement et son patron auquel elle dit que c'est son cousin lui ordonne de le voir ailleurs. Lorsqu’il fait la vaisselle, elle dit vouloir se promener seule. Melartin propose une sortie à quatre; dut-il forcer Ilona à venir. Mais devant le cinéma qui passe Le bon la brute et le truand, ils attendent vainement sa venue. Elle ne vient pas en boite
Le matin, elle rentre ; il l’attend. "Je n'y peux rien si tu as mauvaise conscience, salope", "C'est fort", elle part . Melartin le retrouve prostré dans son lit. Il travaille quand même achète une chaine hifi; reste seul joue aux cartes avec Melartin : tu n'as pas envie de gagner. Ilona discute avec son ex collègue. Elle regrette Nikander mais c'est trop tard.
Il continue ses cours d'anglais : il est bon mais c'est sur l'amour ce qui el blesse. Passe la voir à la sortie du travail pour qu'elle l'accompagne voir sa sœur dans un asile. Elle refuse. Il voit sa sœur souffrant de solitude. Ilona est dans le restaurant chic où elle fut refusée avec Nikander. Elle quitte brusquement son patron qui voulait l'inviter chez lui; Elle entre chez Nikander et découvre chaine et télévisions neuves. Nikander est passé à tabac par deux types auxquels il a refusé une cigarette dans un terrain vague quand il rentre chez lui. Elle s'en va
Au matin, des collègues ramassent Nikander prés des poubelles. Melartin vient le voir et l'incite à téléphoner à Ilona. Il quitte l'hôpital immédiatement. Je t'emmène la vie est trop dure seule. On vivra de pommes de terres, il y a des croisières pour Tallin en Estonie (La vie est si courte viens vers moi).
Premier volet de la « trilogie ouvrière », Shadows in Paradise est le film qui révèle Aki Kaurismäki à la critique internationale, grâce à sa sélection à la Quinzaine des Réalisateurs en 1987.
Les barbelés de la société de classe sont constamment présents. L'éboueur et la serveuse se voient interdire l'entrée du restaurant chic où le patron n'a aucun mal à y inviter sa conquête ; l'éboueur se voit interdire de garer sa benne devant un magasin de vêtements; quand il refuse une cigarette à un parfait inconnu, il se fait assommer -acte qui souligne l'imprévisibilité de la ville nocturne. La sœur de Nikander séjourne dans un hôpital psychiatrique. L'éternel effet de misérabilisme est cependant compensé par une réalisation où domine la dignité (jamais pompeuse, ni pesante) l'humour et une pincée de tristesse et une compréhension souveraine du sort des petites gens. Nikander se trouve sans doute pour toujours en marge de là où il est il peut être lui même et profiter des joies séditieuses. Son choix est aussi une question de fierté. Le pouvoir et l'argent semblent toujours corrompre absolument. Le minimalisme d'Aki Kaurismaki, son éthique et son esthétique véhiculent ce message. Ses films 'apparentent ainsi étroitement des grands noms du cinéma qui ont pratiqué ce même cadrage précis, laissés de coté les bavardages inutiles et repercé le plus absolument l'homme en créent un style cinématographique dont chaque plan exprime ce respect. La morale de l'histoire est assez cruelle. Impossible dans ces conditions de construire un bonheur partagé, "La vie est ailleurs». Nikander emmène son Ilona en Estonie (-décision qui est à la fois d'une audace vertigineuse et d'une absurdité totale. Leur destin reste ouvert, mais un premier pas vers l'avenir a été fait
Attention à la musique pour donner à éprouver ce que ressentent les personanges ; de "Tu m'as donné que tristesse et douleur mais ça ne fait rien, je cache mon chagrin" à "La vie est si courte viens vers moi".
« Lorsque j’ai fait un film sur les conducteurs de bennes à ordures, Shadows in Paradise, j’ai organisé une première avec tous les conducteurs de bennes de la ville. Ils sont tous venus avec leurs familles et ont passé un bon moment… C’est un très bon souvenir pour moi. Il y avait une petite fête après. Ils disaient “Notre vie n’est pas vraiment ainsi, mais c’était drôle” ». Aki Kaurismäki. Propos recueillis par Christian Fevret et Serge Kaganski pour Les Inrockuptibles, 1990
Note d’intention « Ce film, situé à Helsinki, raconte l’histoire d’amour d’un conducteur de benne à ordures et d’une caissière de supermarché entre le printemps et l’automne 1986. Le film, qui tend par moments et de manière imprévisible vers le réalisme poétique, nous montre quelques baisers, la mer qui se jette à grand fracas sur le rivage, la gueule terrifiante d’un camion poubelle et toute la mélancolie tragi-comique de la vie dans une métropole. Il s’agit également d’un des 80 meilleurs films sortis en Finlande cette année, malgré quelques incohérences ponctuelles de l’histoire au début de l’avant-dernière bobine (juste avant que Nikander ne prenne Ilona dans ses bras) et l’optimisme aberrant de la scène finale (que ne justifie aucune expérience personnelle du réalisateur). Il n’est guère nécessaire d’éclairer davantage le film ici, à moins de préciser que quelques scènes particulièrement sentimentales (et ceci, même en tenant compte du cinéma américain) contrastent fortement avec le réalisme global du film, qui mène le spectateur à un sommeil progressif ou à la sortie. Un film remarquable ! » Aki Kaurismäki
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Editeur : Pyramide video. Juin 2008. |
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