Philippe Fournier, dit Paco, décide de ne pas ramener ses fils de 6 et 7 ans à leur mère qui en avait obtenu la garde. Enfants puis adolescents, Okyesa et Tsali Fournier vont rester cachés sous différentes identités. Greniers, mas, caravanes, communautés sont autant de refuges qui leur permettront de vivre avec leur père, en communion avec la nature et les animaux. Traqués par la police et recherchés sans relâche par leur mère, ils découvrent le danger, la peur et le manque mais aussi la solidarité des amis rencontrés sur leur chemin, le bonheur d'une vie hors système : nomades et libres. La jeune Céline, croyant que la mère des enfants est morte, accompagne un temps le trio.
Les deux premières années avec les enfants petits le père est leur héros, leur guide et ils acceptent tout, l’idéologie et les conditions de vie qui vont avec. La dernière année, quand les fils approchent la majorité tout devient plus difficile. Tsali rencontre la jolie Clara et préférerait une vie moins clandestine pour s'en faire aimer.
La mère, Nora, prie et, miraculeusement (!), la police met enfin la main sur le père. Les fils, partis travaillés en Corse, reviennnent pour lui éviter une lourde peine de prison et réussissent à convaincre la mère de retirer sa plainte.
Le film s'inspire d'une histoire réelle : en mars 2009, Xavier Fortin est condamné à deux ans de prison, dont vingt-deux mois avec sursis. Onze ans plus tôt, il avait récupéré ses deux fils, 6 et 7 ans, chez leur mère. Il ne les ramènera jamais.
Vie Sauvage retrace les 11 années de cavale de Xavier (Paco), Shahi Yena (Tsali) et Okwari (Okyesa) à l’écart de la vie moderne et sociale. Ceux-ci ont raconté leur aventure dans un livre et Cédric Kahn, adopte le plus souvent un même point de vue positif sur cette vie marginale, multipliant les plans de chevaux sous le soleil, de forêts protectrices, de feux de camps joyeux.
Certes un certains nombre de plans viennent aussi dire, dans le regard des enfants qu'ils n'ont pas choisi cette vie et qu'ils ne l'acceptent que par amour pour leur père. A la fin du film, Kahn filme la prière de la mère dans une église et une musique liturgique accompagne la capture du père par la police. Tout reviendra alors dans l'ordre, mais le film ne dépassant jamais son sujet cet ordre n'avait pas non plus été bousculé avant.
Jean-Luc Lacuve, le 9 novembre 2014