Réalisateur globe-trotter, Jon Jost a habité à New York, Los Angeles, San Francisco, Portland, Chicago ; Paris, Londres, Rome, Lisbonne, Frankfort, Berlin, Seoul... et a tourné des films dans quasi chacun de ces endroits. Une parenthèse biographique d’ailleurs s’impose, son parcours familial et ensuite de vie ayant indéniablement influencé son cinéma.
Fils d’un colonel de l’armée américaine, dans les années 50 sa famille se déplace de la Géorgie au Kansas, ensuite au Japon et puis encore en Europe avant de retourner aux Etats-Unis. En 1965 Jon Jost est appelé à intégrer les Marine pour aller combattre au Vietnam. Anti-militariste et farouchement opposé à toute forme d’autorité, il brûlera sa carte de conscription et sera pour cela incarcéré pendant plus de deux ans. Cette expérience sera “une claque en pleine face”, selon ses dires, et l’incitera à s’engager dans une dialectique critique de la société américaine. La décennie 60 est aussi celle de ses premiers films, essentiellement des courts métrages qui reflètent son esprit ouvertement caustique et radical. Pendant cette même période il contribue à la création de la branche de Chicago du collectif de production et distribution de cinéma indépendant "Newsreel".
A partir des années 70 et jusqu’à aujourd’hui il a enchaîné un nombre impressionnant de longs métrages, souvent réalisés avec des budgets réduits, ce qui lui a permis de garder son indépendance. Depuis le début son cinéma navigue entre le documentaire, le narratif, et l’ expérimental, et a toujours été marqué par une volonté aguerrie de constamment renouveler aussi bien l’écriture scénaristique que les styles, sans pour autant manquer de lyrisme. Au fil des décennies la dimension politique s’est estompée mais reste néanmoins la clé de voûte pour comprendre le regard que Jost porte sur la société et les individus qui la composent. Ses films des années 70 et 80 demeurent incontournables dans le panorama du cinéma indépendant américain. Tournés en 16mm ou 35mm ils affichent souvent des choix formels audacieux. A partir des années 90, Jost bascule, sans préjudices esthétiques, vers la vidéo. Parallèlement son cinéma devient plus introspectif.
Filmographie :
Courts-métrages :
1970 : City ,Canyon
1980 : Godard 1980
1982 : Infermental 1
2012 : Empire's Cross segment de Far from Afghanistan
Longs-métrages :
1973 | Speaking Directly |
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1977 | Last Chants for a Slow Dance |
Ce film (au titre au jeu de mot si appréciable) est une sorte de road-movie qui raconte l’histoire d’un jeune américain, Tom Bates, qui est, selon les mots de Jon Jost, « just an asshole ». Parti de chez lui après une dispute avec sa femme, il se retrouve à errer de bar en bar, avant de finir par prendre la route et de conclure le film en Dead End (titre alternatif du film). Avec cette fiction, Jost s’attaque à la société américaine à travers les comportements déviants que celle-ci peut entraîner. Il met en scène cet homme dans une série de plans-séquences virtuoses, dont les dialogues ont été à moitié improvisés, et donne à voir un road-movie d’un style unique, qui s’affirme via une économie et une esthétique radicale, sans pour autant que celle-ci puisse être considérée comme élitiste. Ce film est d’ailleurs le premier d’une trilogie qui se prolongera avec "Sure Fire" (1990) et "The Bed You Sleep In" (1993), avec toujours au centre le personnage de Tom Bates (interprété par Tom Blair). |
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1977 | Angel City |
1h15. Frank Goya, personnage principal du film, est un détective privé embauché par le président d’un consortium international, Pierce del Rue, pour enquêter sur l’assassinat de sa femme. Avec ce long métrage, qui est à la fois une fiction et un essai sur Los Angeles, Jon Jost s’attaque de plein fouet à la machine Hollywood. Bien que ses films n’ont rien à voir avec ceux produits par cette industrie ("Angel City" avait été entièrement réalisé avec la modique somme de 6000 $), Jon Jost en connaît néanmoins les codes qu’il moque ici non sans humour. Frank Goya circule à travers le film, qui est structuré sous forme d’un compte à rebours allant de 12 à 1, s’adressant parfois face caméra, pour prendre le spectateur à témoin de ses progrès dans ses investigations. En résolvant l’enquête, c’est toute la face d’un monde véreux que Goya finira par découvrir. |
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1978 | Chameleon |
1981 | Stagefright |
1984 | Slow Moves |
1986 | Bell Diamond |
1987 | Plain Talk & Common Sense |
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1989 | Rembrandt Laughing |
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1990 | Sure Fire |
1990 | All the Vermeers in New York |
Avec : Emmanuelle Chaulet (Anna), Stephen Lack (Mark), Katie Garner (Nicole), Grace Phillips (Felicity), Laurel Lee Kiefer (Ariel Ainsworth) Gracie Mansion (La galièriste), Gordon Joseph Weiss (Gordon) Roger Ruffin (Max). 1h27.
Anna, une actrice française, est approchée par le courtier financier Mark dans la salle Vermeer d'une galerie new-yorkaise. Cependant, la romance ne s'ensuit pas. |
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1993 | Frameup |
1993 | The Bed You Sleep In |
1994 | Uno a me, uno a te e uno a Raffaele |
1997 | London Brief |
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1999 | Nas Correntes de Luz da Ria Formosa |
Depuis maintenant presqu’un siècle, le cinéma est en couleurs. Mais combien de films ont-ils été réalisés avec la couleur comme sujet principal ? C’est avec une caméra SONY DX700, modèle retiré du marché par Sony car défectueux au niveau de son système de mise au point, que Jon Jost s’y est attelé. En plus de sa manière unique d’aborder la couleur, le film est aussi un très beau témoignage de ce à quoi ressemble la vie humaine sur terre. Le point de vue adopté à travers le film pourrait être celui d’un extra-terrestre venu d’une planète noir et blanc et qui, en venant sur terre, découvrirait la couleur pour la première fois. Tourné pendant l’été 1997 à Cabanas, Portugal, "Nas Correntes de Luz da Ria Formosa" (en français, "Dans les rayons de lumières de Ria Formosa") est un film qui nous amène à méditer sur la vie et sur notre place sur terre et dans l’univers. | |
2000 | 6 Easy Pieces |
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2000 | Roma - un ritratto improvvisario |
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2002 | Oui Non |
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2004 | Homecoming |
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2007 | Over Here |
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2006 | La lunga ombra |
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2013 | Coming to Terms |
Un homme âgé (interprété ici par James Benning, par ailleurs cinéaste et ami de Jon Jost), habitant seul depuis plusieurs années, décide de convoquer chez lui ses deux fils ainsi que leurs deux mères (fils et ex-femmes avec lesquelles il avait coupé les ponts). Il leur fait part de sa décision de mettre fin à ses jours, et ira jusqu’à leur demander de l’aider à passer à l’acte. Entre les séquences les plus narratives, Jon Jost nous offre des passages méditatifs jouant avec maîtrise avec notre sens de la vue, à l’aide notamment de fondus enchaînés les uns plus hypnotisants que les autres. Un film poétique et audacieux dans les choix de mise en scène, qui propose une méditation sur la mort (assistée) et son impact sur ceux qui restent. La structure narrative est pour le moins inhabituelle tant elle est épurée grâce aux choix de cadres et au montage radicaux. Le jeu d’acteur est lui aussi dépouillé et frôle un naturel quasi "documentaire". L’alternance entre la majestuosité des paysages du Montana et les dialogues volontairement intimes est un formalisme radical et assumé. |
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2015 | They Had It Coming |
2015 | Blue Strait |
2019 | Pequenos Milagres |
2023 | Deadendz |