Après une absence mystérieuse, certainement un séjour en prison, Xiao Wu revient dans sa petite ville de Fenyang. Il apprend que Xiao Yong, son ancien comparse, va se marier. Xiao Yong a abandonné le vol à la tire pour une activité plus lucrative, le trafic de cigarettes. C'est devenu un nouveau riche, salué et respecté par la télévision locale. Les deux anciens amis sont devenus tellement étrangers l'un à l'autre que Xiao Yong se refuse à inviter Xiao Wu à son mariage de peur qu'on lui rappelle son ancien métier de pickpocket.
Les haut-parleurs de la ville diffusent aux habitants les nouveaux principes plus strictes de la justice. Xiao Wu réunit néanmoins son petit groupe de pickpockets pour continuer son ancien trafic que tous, notamment son ami qui tient une épicerie, lui conseille d'abandonner. Xiao Wu a pris conscience que les victimes de ses vols souhaitent surtout retrouver leurs papiers d'identité; coûteux en temps et en argent à refaire. Il poste ainsi des enveloppes contenant des cartes d'identité à la police. Il réunit l'argent d'un vol pour faire un cadeau à Xia Yong et vient le trouver chez lui à la veille de son mariage. Le divorce entre les deux amis est consommé. Xiao Wu empoche par mégarde le briquet musical de son ancien ami et se saoule dans un restaurant.
Xiao Wu erre dans la ville, dont les vieux quartiers sont peu à peu rasés. Il rencontre Mei Mei dans un bar karaoké qui tente vainement de le faire chanter avec elle. Irrité, Xiao Wu se plaint d'avoir été maltraité par elle à la patronne qui la lui "prête" jusqu'au soir. Les deux jeunes gens parcourent la ville. Xiao Wu laisse Mei Mei téléphoner à sa famille puis l'emmène chez le coiffeur si bien que Mei Mei finit par se laisser apprivoiser et l'embrasse sur la joue en partant. Xiao Wu cherche à revoir Mei Mei et lorsque la patronne lui dit que celle-ci est restée malade chez elle, il craint qu'elle ne soit partie avec un client. Il la trouve néanmoins bien chez elle alors que ses colocataires partent au travail. Xiao Wu achète une bouillotte pour calmer le mal de ventre de Mei Mei. Les deux jeunes gens s'assoient côte à côte sur le lit. Mei Mei chante et demande à nouveau à Xiao Wu de faire de même mais celui-ci s'y refuse toujours prétextant ne pas savoir le faire. Ils restent alors silencieux un long moment avant que Mei Mei ne bascule dans les bras de Xiao Wu.
Dans un bain public, Xiao Wu est seul en journée. Il entre nu dans le bain et se met à chanter joyeusement alors que la fumée monte du bain au haut de la pièce. Sa relation avec Mei Mei devient très heureuse. Tous deux chantent souvent au karaoké et font la fête avec leurs amis. Mei Mei conseille à Xiao Wu l'achat d'une messagerie portable afin qu'elle l'appelle dès qu'elle en a fini avec un client. Xiao Wu lui achète une bague et vient la voir dans un costume tout neuf. Mais la patronne lui apprend alors qu'elle est partie avec de riches clients de Taiyuan, la capitale de la province. Lorsqu'il va chez elle, Xiao apprend qu'elle a complètement déménagé ses affaires, signe qu'elle ne reviendra plus avant longtemps.
Xiao rend visite à ses parents, une famille de paysans pauvres d'un village de montagne et offre à sa mère la bague qu'il destinait à Mei Mei. La famille est réunie pour préparer le mariage du fils cadet avec une femme de bonne famille avec laquelle il vit déjà depuis quelques années en ayant un enfant d'elle. Le père demande aux deux frères d'offrir 5 000 yuans pour le mariage. Ceux-ci refusent, prétextant leurs propres difficultés financières. Lorsque le couple arrive, Xiao sort consulter sa messagerie puis constate que la jeune femme porte une bague qu'il soupçonne être celle qu'il a offerte à sa mère. Celle-ci se met en colère quand il l'en accuse et le père le chasse alors le menaçant du bâton et lui affirmant qu'il est un fils bâtard qu'il aurait mieux fait de noyer à sa naissance.
Xiao retourne en ville et reprend ses activités de pickpocket. Mais alors qu'il va dérober un portefeuille, la sonnerie de sa messagerie retentit et il est capturé par les passants et emmené au poste de police. Il passe la nuit attaché devant un poste de télévision. Le chef de la police, qui le connaît bien, arrive le lendemain matin et le remercie pour les cartes d'identités restituées. Il lui annonce toutefois que cette fois-ci, contrairement à son arrestation d'il y a quatre ans, les conséquences vont être bien plus graves. D'ailleurs la télévision locale s'est déjà emparée du fait divers et a recueilli de nombreux témoignages hostiles à Xiao. Celui-ci demande à consulter sa messagerie qui ne donne que des nouvelles du temps et un seul message d'encouragement, probablement de la patronne du bar. Le chef de la police conduit Xiao menotté à la prison. S'arrêtant pour une course, il le laisse menotté dans la rue où Xiao peut constater que la foule le scrute avec des regards hostiles.
Jia Zhang-ke dépeint un monde en mutation prônant de nouvelles normes judiciaires, de nouvelles normes économiques, de nouvelles technologies (grosses radios portables, messageries électroniques, télévisions locales) mais aussi de nouvelles valeurs spirituelles qui vont à l'encontre des anciennes valeurs chinoises.
Si tous semblent accepter bon gré mal gré ces mutations, elles provoquent le désarroi de Xiao Wu, incapable de transformer son activité nonchalante et bienveillante de pickpocket (il restitue les cartes d'identité à la police) en business admis par le nouveau pouvoir. Il perd Mei Mei, embarqué par de riches hommes d'affaires et se fait chasser de chez ses parents, eux-mêmes déphasés vis-à-vis de la société moderne.
Jia Zhang-ke avait écrit un scénario dans lequel le personnage principal était un artisan, quelqu'un qui travaille de ses mains. Il modifie le scénario lorsqu'on lui raconte l'histoire de deux amis, l'un policier, l'autre pickpocket, l'un arrêtant finalement l'autre alors que le pickpocket avait un monde spirituel plus complexe : "Pourquoi vit-on ?" s'interrogeait-il.
Normalement le policier et le pickpocket menotté disparaissaient dans la foule. En observant les attroupements autour de lui, Jia trouve cette fin où tous regardent Xiao Wu qui s'en trouve terriblement humilié.
Jean-Luc Lacuve, le 17/12/2013