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We the workers

2017

(Xiongnian zhipan). 2h54

De 2009 à 2015, Huang Wenhai suit le travail d’activistes et de juristes qui défendent non sans risques les droits des travailleurs dans plusieurs régions de Chine. Aussi endurant qu’eux, il alterne les moments publics avec les coulisses intimes dans les appartements de ceux qui, anciens ouvriers, sacrifient aujourd’hui leur vie familiale. Entamé sur le quotidien de Peng Jiayong, qui quitte son appartement de Guangzhou pour se rendre au Centre du Travail de Haige, le portrait s’élargit en un récit plus ample, trépidant à mesure que pressions, arrestations et violences entravent ses actions. Aussi dangereuse que celle du désespoir, la tentation de l’héroïsme se paie cher : « Tu te prends pour un héros mais tu es trop impulsif ! », lance à Jiayong son directeur. L’élan pédagogique n’est pas toujours payant : « Les travailleurs abandonnent, ils se font marcher dessus, là c’est de leur faute ! »

La conscience de classe semble émoussée chez les ouvriers de « l’usine du monde », dont nous apercevons au passage des exemples de conditions de travail (les plans frappants dans un atelier de fabrication de clubs de golf et ceux du soulèvement réprimé dans une usine de sacs). De même qu’un Wang Bing esquisse film après film la naissance du concept d’individu dans la Chine contemporaine, Huang Wenhai (qui a été son cameraman sur Les Trois Sœurs du Yunnan) révèle et accompagne la naissance d’une action collective décapée de l’idéologie qui l’a longtemps étouffée. (Charlotte Garson)

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