Londres. Pour la septième fois, le "vengeur" a frappé, tuant à nouveau un mardi soir une jeune femme blonde. Seule précision dont on dispose : il dissimule le bas de son visage. Mrs Bunting loue une chambre à un jeune homme à l'allure quelque peu mystérieuse. Il demande que l'on enlève les portraits de jeunes femmes qui se trouvent dans sa chambre. Daisy, la fille des Bunting, se sent attiré par cet étrange locataire, ce qui n'est pas sans exciter la jalousie de son fiancé, Joe Betts, qui est policier.
Mais l'énigmatique locataire sort la nuit même où un nouveau meurtre a lieu. Mrs Bunting commence à se poser des questions sur l'homme qu'elle héberge. Et s'il s'agissait du "vengeur" ? Mr. Bunting, mis au courant des soupçons de sa femme, interdit en tosu cas à Daisy de recevoir des cadeaux de l'inconnu. Daisy sort néanmoins avec le locataire. Le couple est surpris par Joe qui s'énerve. Daisy déclare alors ne plus vouloir le revoir .
Joe fouille la chambre du locataire et découvre un pistolet et des coupures de journaux relatives aux crimes commis par le "Vengeur". Il retrouve aussi une carte de Londres sur laquelle sont indiqués les lieux des crimes. Joe arrête alors le locataire et lui met les menottes.
Le locataire réussit à prendre la fuite et révèle à Daisy que sa sur a été victime du "Vengeur" et que sa mère lui a fait promettre sur son lit de mort de retrouver et de punir le meurtrier. Mais le locataire est poursuivi par uen foule déchaînée et décidée à le lyncher. Joe apprend alors que le véritable "vengeur" a été arrêté. Le locataire est donc innocent. Joe parvient à l'arracher à la foule. Daisy et le locataire pourront désormais s'aimer.
Après ses deux premiers films aux décors plus ou moins exotiques (l'Italie est les tropiques pour le premier, le Kentucky reconstitué en Allemagne et en Autriche pour le second), Hitchcock réalise une uvre dont le décor est le cadre qui lui est le plus cher, Londres. Mais il s'agit d'un Londres criminel et le film s'inspire d'un roman lui-même inspiré de la série d'assassinats commis par Jack l'éventreur.
Hitchcock présente le locataire comme un meurtrier possible. Il suffit que le locataire saisisse un tisonnier - un geste banal- pour que l'on pense aussitôt qu'il s'apprête à en frapper quelqu'un. Des détails a priori anodins deviennent autant d'éléments à charge de l'énigmatique locataire, comme le simple fait qu'il se protège le bas de son visage. Qui ne le ferait le soir dans un Londres envahi par le brouillard ?
Pour certains le roman de Mrs. Belloc Lowndes laissait planer un doute sur le locataire. Etait-il ou non l'assassin recherché ? Chaque lecteur pouvait interpréter l'histoire à sa manière. Pour Hitchcock l'homme en question était bien en effet le tueur. Hitchcock a souvent reconnu que le fait d'avoir comme vedette Ivor Novello, le jeune premier alors à la mode, l'avait obligé à modifier l'intrigue de façon à en faire un innocent, une vedette célèbre en pouvant personnifier un coupable.
On peut penser au contraire que cette obligation a été particulièrement bénéfique au film. Elle permet d'abord à Hitchcock de faire régner d'autant plus le doute, quitte à rendre le spectateur prisonnier à son tour de ses propres soupçons. Si le locataire était coupable, ces mêmes soupçons se révéleraient justes donc moins porteurs d'ambiguïté. Hitchcock peut ensuite développer le thème qui va marquer son uvre, celui de l'innocent injustement accusé et victime d'un transfert de culpabilité. Soupçonné à tort en raisons d'indices mal interprétés, le locataire est sauvé in extremis d'une foule prête à le lyncher
Le motif des menottes, obsession hitchcockienne, est également développé. Joe Betts, le policier qui convoite Daisy se plaît à dire que dès qu'il aura passé la corde au cou de l'assassin, il mettra la bague au doigt de la jeune fille, une manière de lier la mort au sexe. Equipé d'une paire de menottes, il les passe aux mains de Daisy -une vision qui frappe le locataire- puis, à la fin, à ce dernier. C'est d'ailleurs à cause de ces menottes que le locataire se trouve prisonnier des grilles, livré de part et d'autre à une populace décidée à rendre sa propre justice. L'aspect christique de la scène est évident, de même que la vue du locataire arraché à la foule et auprès de qui se trouve Daisy. Une vue qui fait penser à une véritable descente de croix.