Jean-Luc
Godard répond au téléphone tout en triturant une calculatrice
- le cinéma nest-il pas une question de nombres ?
Anne-Marie Mieville repasse du linge devant une table à repasser ou
de la pellicule devant une table de montage
- le cinéma nest-il pas une question de repassage ?
pendant quil mime un tennisman en chambre
- le cinéma nest-il pas une question dillusion ?-
Elle descend de la voiture et séloigne dans la campagne, il
poursuit sa lecture puisque la beauté se dévoile comme la cruauté
- le cinéma nest-il pas une question de dévoilement ?
Puis au terme de ce soliloque sous le cosmos, JLG et AMM sont enfin face
à face dans leur salon. : Godard de dos, une cigarette à la
main ; Miéville de face, un bloc note à la main.
Et durant ce dernier quart d'heure, JLG et AMM vont mimer une séance
de psychanalyse, comme il mimait un tennisman durant la première partie.
Elle, dans le rôle de lanalyste, puisque cest elle qui prend
des notes, lui, dans celui du patient, puisque cest lui qui exprime
son impuissance face à la télé, lusurpatrice
ou en s'interrogeant "Parce que je fais des images au lieu de faire des
enfants, est-ce que cela empêche que je sois un être humain ?
".
Elle, en fond de cours, renvoyant chaque mot, chaque doute, lui, acrobate
des mots et des pirouettes, tentant de répondre à léternelle
question :
- comment monter ce que lon na pas vu ?
Sous-titrée "Soft conversation on a hard subjetc between two friends", c'est une conversation intime entre Godard et Mieville où se raconte l'histoire, leur histoire, un monde d'images en perte de sujet.
Cette promenade à deux voix, deux regards est creusée par la trace de vieux films perdus, de souvenirs d'enfance, de paysages baignés de lumière, de peintures et de musiques. Pour montrer l'amour on ne peut aller plus loin que le baiser hollywoodien ou alors montrer un processus en cours, un uf avec rien qui bouge à l'extérieur et pourtant le poussin qui va naître.
Discussion, souvent entrecoupée de séquences animalières ou de paysages lyriques sur comment exercer une activité professionnelle qui ne se distinguerait pas de la vie du couple, abolissant par là l'organisation d'une société qui a séparé travail et loisir.