Dans un village de Provence vivent deux hommes aussi dissemblables que possible. Jean Diaz est un poète, qui n'a pas quitté sa mère et qu'exalte la joie de vivre ; François Laurin est un être jaloux et brutal qui rend malheureuse sa femme Edith. C'est Mario Lazare le père inflexible d'Edith qui a contraint sa fille à ce mariage. Jean Diaz et Edith se connaissent, se rencontrent, se découvrent des affinités et leur amour s'amplifie tout en restant très pur. La guerre arrive. Devant l'ordre de mobilisation, Jean Diaz déchire ses poèmes, tandis que François Laurin, tout de suite incorporé, a exilé Edith chez son père dans les Ardennes. Le village où se trouve la jeune femme est envahi et toutes les femmes déportées en Allemagne. Sous ce coup, le dur Mario Lazare s'engage pour combattre et Jean Diaz, nommé sous-lieutenant, va retrouver François. Trois ans s'écoulent. Les deux hommes ont appris à se connaître et à s'estimer.
Jean est réformé, il rentre au pays pour y assister à la mort de sa mère et, dans une vision, il voit passer le cortège lamentable des mères en deuil. Or, Edith s'est échappée. Elle revient, elle aussi, au pays. Elle a été violée par des soldats et Jean Diaz à qui elle avoue tout voit alors se former la procession des rapatriés et des blessés. Il retourne au front, retrouve François qui meurt à l'hôpital de ses blessures.
Jean Diaz est devenu fou, rentré en Provence, il assemble tous ceux qui ont vu disparaître un être cher et s'écrie qu'il a vu surgir les morts; ceux-ci sont en marche, car ils veulent savoir, eux, les sacrifiés s'ils n'ont pas en vain prodigué leur vie. Et les morts apparaissent, parmi eux François et Mario Lazare, et Jean Diaz accuse, en leur nom, ceux qui ont profité de la guerre et qui s'enfuient, courbés sous la honte et la réprobation. L'évocation prend fin, les morts s'effacent et Jean Diaz meurt à son tour.
J'accuse constituait au départ le premier volet d'une trilogie qui devait comprendre aussi Les cicatrices, puis La société des nations, dont les scénarii furent écrits en octobre 1917.
Le financement de J'acuse, dû en partie à la contribution de Charles Pathé, le fait que le Service Cinématographique de l'Armée apporta son concours à la réalisation obligèrent Gance à composer pour édulcorer ce qu'il avait d'abord écrit, et sans doute à abandonner les deux autres projets.
À sa sortie, en avril 1919, entre la signature de l'armistice et celle de la paix, J'accuse provoqua des remous divers et déplut aux nationalistes et aux chauvins qui parlèrent d'antimilitarisme. Gance fit alors quelques coupures et modifications qui atténuèrent la violence initiale de l'oeuvre.
En 1938, Gance tourna rapidement une version parlante de J'accuse, à laquelle il garda le titre tout en modifiant beaucoup le scénario initial. Victor Francen, Jean Max et Renée Devillers interprétèrent ce nouveau film où étaient intercalées un certain nombre des scènes choisies dans l'oeuvre muette.