Dans le cadre paradisiaque d'une petite île de Polynésie, les indigènes s'adonnent à leurs occupations quotidiennes. Au sein d'une nature luxuriante et généreuse, ils déterrent des racines et coupent les plantes qui serviront d'aliments. Près du rivage, les pêcheurs ont mis au point une technique aussi rudimentaire qu'efficace pour harponner les gros poissons. Ils chassent également la tortue géante qu'ils retournent sur le dos avant de l'embarquer difficilement. On traque aussi le petit sanglier et les enfants grimpent sur les troncs inclinés des cocotiers pour détacher les noix. Une jeune fille tisse une robe avec des fibres de palmiers.
Les parents et les amis de Moana se préparent à la cérémonie du tatouage qui représente un des moments essentiels de la vie du jeune homme, puisqu'elle consacre sa virilité. Le rituel commence par une minutieuse préparation culinaire. Les aliments, enveloppés dans de grandes feuilles, sont cuits sur de larges pierres chauffées. Moana subit avec courage l'épreuve du tatouage, alors qu'une pointe d'os enfonce sous sa peau une teinture faite de noix de coco, de suie de chandelle et d'épices. Sa jolie fiancée le réconforte avec des gestes amoureusement apaisants. La séance de tatouage se termine par des réjouissances. Les participants dansent une harmonieuse "siva". Moana et son épouse goûtent le bonheur d'être ensemble alors que la fête se prolonge.
Après le succès mondial de Nanouk l'esquimau (1922), Flaherty part dans l'hémisphère Sud pour tourner Moana en Polynésie. Il passe un an à Samoa, entre avril 1923 et décembre 1924, et raconte la vie des Polynésiens. Durant cette période, il s'intéresse aussi à l'aspect technique des prises de vue, il souhaite faire des images en couleur avec un nouveau procédé photographique. Mais le film est finalement tourné en noir et blanc.
Là encore, il concilie les exigences descriptives et celle d'un poème lyrique et senseul de l’homme au milieu d'une nature paradisiaque.
En 1929 à Bali, Robert Flaherty rencontre Friedrich Wilhelm Murnau qui lui propose de créer une société de production cinématographique. Ensemble, ils coproduisent Tabou, ils participent tous les deux à l'écriture du scénario, Murnau réalise le film, et Robert Flaherty devait être directeur de la photo. Mais Murnau engage le cadreur Floyd Crosby qui apporte sa caméra et doit aider Flaherty. Mais finalement Flaherty ne tourne que quelques plans. Flaherty et Murnau sont en désaccord sur la mise en scène, Flaherty croit à l'authenticité du documentaire, il aurait voulu filmer l'exploitation des autochtones par les blancs. Il estime que la façon dont Murnau dirige les acteurs est une manipulation.
Version sonorisée en 1980 par Monica Flaherty.