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J. Edgar

2011

Genre : Biopic

Avec : Leonardo DiCaprio (J. Edgar Hoover), Armie Hammer (Clyde Tolson), Naomi Watts (Helen Gandy), Judi Dench (Anna Marie Hoover), Geoff Pierson (Mitchell Palmer), Josh Lucas (Charles Lindbergh), Dermot Mulroney (Colonel Schwarzkopf), Jeffrey Donovan (Robert Kennedy), Ken Howard (Harlan Fiske Stone), Christopher Shyer (Richard Nixon), Josh Hamilton (Agent Irwin), Ed Westwick (Agent Smith), Michael Rady (Agent Jones), Miles Fisher (Agent Garrison), Ary Katz (Agent Owens), Jessica Hecht (Emma Goldman), Geoff Stults (Raymond Caffrey), Lea Thompson (Lela Rogers). 2h15.

1962. La façade de l'immeuble du FBI à Washington. Une voix monocorde scande son discours avec application. Le SCLC (Southern Christian Leadership Conference), association confessionnelle dont le dirigeant le plus éminent est Martin Luther King serait une organisation contrôlée par les communistes. C'est du moins ce qu'affirme J. Edgar Hoover à l'agent Irwin chargé de retranscrire les mémoires de son patron. Celui-ci réfute de tels propos. Hoover découpe dans le journal un article où King dément aussi ces accusations. La secrétaire annonce à Hoover l'arrivée d'un nouvel agent, Smith, rédacteur aux archives criminelles. Hoover lui rappelle qu'il vit aujourd'hui dans un pays libre car il a réussi à vaincre la menace communiste.

Le 2 juin 1919, huit bombes explosèrent dans différentes villes de la côte Est visant des personnalités du gouvernement dont Mitchell Palmer du département de la Justice où travaille le jeune Hoover. Celui-ci s'est rendu en vélo sur les lieux de l'explosion pour constater combien étaient alors artisanes les méthodes de la police. Il s'empare de tracs de propagande indiquant qu'il y aura des meurtres. Palmer le reconnait dans la foule.

1962. L'agent Smith, qui a fait toute ses études de droit à Washington et vit avec sa mère, plait bien davantage à Hoover qu'Irwin. Il reconnait même sans animosité qu'il était peu probable qu'il se soit rendu chez Palmer le soir de l'explosion. Il constate toutefois que Smith a les mains moites.

1919. Dans les couloirs du département de la justice, Edgar rencontre Helen Gandy en compagnie d'autres secrétaires qui se moquent un peu de l'empressement personnel et professionnel du jeune homme. Le soir, Edgar rentre chez lui. Il dédaigne sur le perron, les jérémiades de son père et salue sa mère. Pour elle, il est toujours le petit garçon auquel elle promit autrefois un grand destin. Edgar est donc fier de lui annoncer que Palmer vient de le nommer chef de la division anti-extrémistes avec un salaire de 3000 dollars par an. Il a déjà dans la journée dressé une liste de 40 noms. Sa mère est toutefois plus attentive à sa tenue et au fait qu'il fume encore. Elle s'occupe sans ménagement de son mari et souhaite à son fils une bonne soirée en compagnie de la jeune fille avec laquelle il sort. Elle lui recommande de bien veiller à être romantique.

Edgar emmené Helen Gandy à la librairie du congrès, déserté la nuit, et lui montre le système de classement qu'il y a élaboré. En à peine une minute, il retrouve le livre sur n'importe quel sujet. Celui qu'il sort à la demande d'Helen sur les indiscrétions ne porte toutefois pas sur celles strictement politiques lui fait-elle remarquer. Edgar explique aussi son rêve de disposer un jour de fichiers d'empreintes pour retrouver facilement les criminels. Cette discussion l'a enflammé. Il tente d'embrasser Helen. Lorsque celle-ci recule, offusquée, c'est à genoux qu'il la demande en mariage. Helen surprise de son empressement refuse sa demande car elle pense avant tout à sa carrière. Edgar lui propose alors d'être sa secrétaire particulière ce qu'elle accepte avec joie.

1962. Helen Gandy signale à Hoover que Robert Kennedy attend ses enregistrements de Los Angeles. Hoover dit de le faire patienter et fait installer Smith dans son bureau pour continuer ses mémoires.

1919. La mission de la division anti-extrémistes se heurte aux peu de moyens juridiques dont elle dispose. Certes Edgar commence à ficher les suspects mais la seule solution serait l'expulsion or seul le ministère du travail dispose d'un tel pouvoir. Le ministre du travail refuse d'expulser sans preuve les noms que lui soumettrait le département de la justice. Toutefois Caminetti déteste Emma Goldman, la leader du mouvement anarchiste. Edgar sait que s'il réussit à rassembler les preuves du mariage blanc de celle-ci pour l'expulser, alors Caminetti le laissera continuer d'instruire des procès d'expulsion.

1962. L'ombre de Tolson derrière la porte presse Hoover de partir pour leur rendez-vous. Hoover demande à Smith d'ignorer cette intervention et continue d'égrener ses souvenirs.

1920. La menace rouge gagne le pays. Des anciens combattants avait été abattus le onze novembre précédent et des émeutes embrasent Chicago. Hoover sait que des arrestations individuelles ne serviront à rien. Il faudra un grand coup de filet mais comment y parvenir alors qu'ils ne sont que quatre agents dont Stokes qu'Edgar trouve bien trop mondain ? Heureusement les renseignements qu'il a trouvés contre Emma Goldman suffisent pour un procès où celle-ci est condamnée à l'expulsion. L'arme juridique est donc maintenant prête. Le 14 février, Edgar dirige la descente d'agents fédéraux dans la ville de Paterson (New Jersey) afin d'arrêter un groupe d'anarchistes italiens. Il ne se sert pas de son arme et la violence de ses agents l'indispose. Il découvre la presse qui a servi à imprimer le tract de l'attentat de juin 1919. L'ensemble des agents fédéraux arrêtent 4000 suspects et 500 seront expulsés. La menace rouge s'étant éteinte, Palmer est renvoyé.

1962. Hoover déclare qu'il avait alors 24 ans. Tolson entre cette fois dans le bureau pour l'interrompre, mais Hoover continue.

1921. Stone, le secrétaire d'Etat à la justice transforme la General Intelligence Division de son département en Bureau of Investigation (BOI) et y nomme Edgar à sa tête. Celui-ci pose quelques conditions : il veut recruter des agents de niveau universitaire, veut les rétribuer au mérite et ne dépendre que du ministre. Stone remarque qu'Hoover ne vit que pour son métier, qu'on s'amuse de lui en el surnommant "Speed" mais trouve néanmoins recevables les demandes d'Edgar. Celui-ci peut alors mettre en œuvre ses méthodes de recrutement. Passant en revue ses troupes, il félicite Caffrey d'être sur l'affaire Frank Nash mais renvoie aussi le fidèle et trop mondain Stokes qui l'indisposait depuis longtemps.

Chez lui, sa mère est fière de sa promotion et elle conserve l'article de journal où il est mentionné qu'il est directeur adjoint du BOI. Elle lui offre une magnifique bague qu'il fait admirer à sa jeune nièce qui déjeune avec eux.

1925. Dans un restaurent, le jeune Clyde Tolson est présenté à Edgar. L'admiration entre les deux hommes est réciproque et immédiate. Edgar félicite Tolson de son élégance et lui demande sa carte.

1927. Lorsqu'il examine ensuite les dossiers de candidature avec Helen, Edgar s'enquiert de celle de Tolson. Même si celui-ci ne veut pas s'engager sur une période trop longue, ce qui est habituellement rédhibitoire, Edgar décide de le recevoir. Il se plaint auprès d'Helen d'être vu de haut par ses collaborateurs. Elle lui promet de remédier à cela s'il veut bien les recevoir à son bureau... qu'elle fait surélever. Edgar lui demande de gérer un nouveau fichier qu'il compte mettre en place. Il sera composé de dossiers personnels et confidentiels de personnalités. "L'information c'est le pouvoir" conclut-il lorsqu'Helen accepte cette charge.

1962. Pendant qu'Helen attend dans l'antichambre, Hoover est reçu par Robert Kennedy. Celui-ci lui reproche d'enquêter trop mollement sur la mafia mais veut surtout cette retranscription sur les écoutes qu'Hoover a pratiqué dans une chambre de Los Angeles. Hoover se défend d'avoir voulu mettre son frère le président sur écoute. En voulant écouter des gangsters il est tombé sur une relation extraconjugale du président avec une allemande de l'Est. Robert Kennedy sait que Hoover souhaite quelque chose en échange de ce savoir. Hoover voudrait mettre sur écoute Stanley Levinson afin de mettre hors d'état de lui nuire. Cet avocat blanc de la SCLC se repend dans la presse du peu d'empressement que met le FBI à résoudre les crimes racistes. Hoover insiste sur cette nouvelle menace communiste infiltrée au sein du SCLC. Kennedy refuse. Il remarque que Levinson s'en prend bien davantage à Hoover au département de la justice et niant une menace communiste intérieure. Il demande à Hoover de lui laisser la transcription des écoutes ce que celui-ci fait d'autant plus volontiers qu'il souligne garder en sécurité la sienne propre... restreignant ainsi la liberté des Kennedy.

1927. Hoover recrute Clyde Tolson. Il se fait confectionner costume chez un tailleur chic. Lors d'un second essayage, on fait remarquer à Hoover qu'il n'a pas payé sa note. Clyde apaise le marchand et Hoover signe pour la première fois J. Edgar Hoover.

1933. Helen apprend à Edgar que Caffrey vient d'être tué lors du massacre de Kansas city ce 17 juin.


1962. Hoover raconte en effet à l'agent Jones qu'au début des années 30, le BOI n'est pas populaire aux Etas Unis. La propagande pour la police fédérale qu'il tente d'imposer dans les cinémas est sifflée par les spectateurs qui vénèrent James Cagney dans L'ennemi public (William Wellman, 1931). Un événement allait cependant tout changer et transformer la perception du FBI par le peuple américain. Hoover interroge Jones sur l'homme alors le plus connu aux USA. Il ne sait pas répondre, pas plus que deux de ses successeurs des archives criminelles. L'agent Garrisson sait qu'il s'agit de Lindbergh. Hoover lui raconte leur rencontre en 1932.

1932. Lorsque Hoover arrive chez les Lindbergh après l'enlèvement de leur enfant, il s'oppose au colonel Schwarzkopf qui n'a prêté qu'une attention distraite aux empreintes, à l'échelle cassée et au lette de demande de rançon pourtant truffée de fautes. Edgar qui a, dit-il, été bien accueilli par Lindbergh ne le convainc pas de lui laisser l'enquête.

1933. Devant le congrès, Edgar plaide pour la cause du Federal Kidnapping Act afin que le FBI puisse lutter efficacement contre les enlèvements d'enfant aucun d'entre eux n'étant en sécurité depuis que le ravisseur de Lindy Lindbergh n'a toujours pas été retrouvé. Il obtient gain de cause et les fichiers d'empreintes sont enfin centralisé au BOI qui est autorisé au port d'armes. Edgar demande à Helen de lui fournir le dossier sur la femme de Roosevelt. Celui-ci défile en grande pompe à Washington et Edgar craint de ne pas être maintenu à son poste.

1962. Hoover explique en effet à Garrisson que Lindbergh eut le tort de confier à John Condon les négociations avec les ravisseurs de son enfant.

1932. Pendant que Lindbergh et Condon préparent leur rencontre avec les ravisseurs. Edgar demande à Albert Osborne d'identifier les nouvelles lettres des ravisseurs. Ce qui celui-ci parvient à faire, le propulsant par la même dans l'équipe d'Edgar qui double son salaire. Edgar décide alors de réquisitionner un bureau du département de la justice comme laboratoire scientifique du BOI. Il exige que les billets de la rançon soient marqués. John Condon ne parvient pas, dans un cimetière, à obtenir une preuve de vie du bébé Lindbergh auprès du ravisseur. Lindbergh accepte avec réticence que les billets soient marqués. Dans un cinéma, Edgar et sa mère voient les actualités consacrées à l'enlèvement de l'enfant Lindbergh. Lindbergh regarde Condon négocier avec le ravisseur et recevoir, contre la rançon, une lettre indiquant où trouver le bébé sur un bateau. Il n'y a hélas aucun bateau au lieu indiqué.

1962. La discussion entre Hoover et Garrisson est interrompue par Clyde Tolson qui veut empêcher celui-ci de pratiquer de nouvelles écoutes. Hoover ordonne à son subordonné de transmettre ses ordres à leurs agents. Hoover et Tolson sortent du bureau, s'engouffrent dans l'ascenseur pendant que les agents du FBI truffent de micro la chambre 308 d'un hôtel. Sortent de l'ascenseur Hoover et Clyde tels qu'ils étaient...

... en 1933. Ils se rendent à La Maison Blanche où, après une courte attente dans l'antichambre du président où figure un portrait de George Washington, Hoover entre dans le bureau de Roosevelt. Hoover en ressort enchanté dit-il plus tard à Clyde car le président a peur et lui a laissé mettre sur écoute sans autorisation ce que lui a confirmé Hull, le secrétaire d'Etat. Certes Hoover pense aussi que le dossier sur sa femme a sans doute joué dans sa nouvelle marge de manœuvre. Maintenant que Clyde est depuis dix-huit mois à ses cotes, il souhaite en faire son second. Clyde qui n'aime pas le feu des projecteurs n'accepte que si Edgar déjeune chaque jour avec lui.

1932-1934. En mai 1932, le squelette du bébé Lindbergh est découvert par hasard à portée de vue de sa maison. Lorsque Edgar annonce cette nouvelle à sa mère, celle-ci les inclut dans une responsabilité collective : "Nous avons fauté, nous avons laissé le mal gagner. Le sang de ce bébé nous retombera sur les mains". Six mois après affirme Hoover, off, la loi Lindbergh était votée et il étoffe alors son équipe scientifique d'un spécialiste du bois qui ausculte l'échelle. Il est cependant chassé du laboratoire scientifique improvisé par le ministre. Devant le Congrès, Edgar demande de nouveaux crédits arguant de 6,5 millions de butins récupérés auprès des gangsters contre 2 millions de subventions fédérales. Le sénateur McKellar le contre néanmoins sur l'utilisation de cet argent en publicité, en propagande et s'interroge sur les capacités d'Edgar à diriger le BOI. Clyde ne trouve aucune fiche pour aider son patron qui s'embourbe en niant la publicité et en avouant qu'il n'a effectivement jamais arrête personnellement un gangster. En sortant du sénat, Edgar refuse de déjeuner avec Clyde et lui ordonne de renvoyer l'agent Purvis qui lui fait de l'ombre. Edgar cherche du soutient auprès de sa mère, malade, qui lui dit d'être fort, de "ne pas faner comme une petite fleur fragile". Pour contrer le sénateur McKellar, Edgar décide donc d'arrêter lui-même des gangsters. Tombent ainsi sous sa direction personnelle et bien qu'il soit effrayé un temps par un cheval blanc, Karpis puis Manhan et Brunette. Il peut ensuite donner une conférence de presse qui le met en avant. Dorénavant, même les paquets de céréales sont à l'effigie de G-men (Governement men). Edgar est cependant irrité que Purvis soit plus célèbre que lui et ordonne à Clyde de l'exclure du BOI. Edgar s'amuse avec Clyde que Mme Roosevelt n'ai pas eu une liaison extraconjugale avec un homme mais avec une femme dont Edgar lit à Clyde une belle lettre d'amour. Edgar invite Clyde à partir avec lui en vacances à Del Mar où ils pourront occuper deux chambres adjacentes. Il voit Koehler qui a retrouvé un indice sur les planches de l'échelle mais à besoin d'argent pour les timbres à envoyer aux scieries. Edgar, Clyde et sa mère assistent à New York à la première de G-Men (William Keighley, 1935) à la gloire du FBI. Edgar peut se prendre pour une vedette à l'égale de Shirley Temple qui se trouve là. Edgar et Clyde terminent la soirée au Strok club où ils partagent une table avec les sœurs Rogers et leurs amies. Lorsque l'une d'elles, séduite, demande à danser avec Edgar, celui-ci fuit précipitamment avec Clyde. Leur déroute fait rire les femmes.

Le soir, Edgar s'ouvre à sa mère de son dégoût lorsqu'une femme lui demande de danser. Sa mère lui demande de se calmer alors qu'Edgar reprend un bégaiement qu'il avait jusqu'alors soigné mais qui était à l'origine de son surnom de "speed". Elle lui rappelle un souvenir d'enfance où l'un de ses camarades, pris déguisé en femme, fut tellement humilié qu'il se suicida. "Je préférerais avoir un fils mort plutôt qu'un fils de la jaquette" conclut-elle. Elle apprend ensuite à Edgar à danser.

Koehler a trouvé l'adresse de la scierie mais la piste ne donne rien. En revanche, les billets du kidnapping ressortent dans un quartier du Bronx. Ceux à qui ils ont été remis parlent tous d'un homme au menton pointu, aux pommettes saillantes, à l'accent germanique. Un pompiste a noté sur un billet le numéro de la voiture. Si bien que le 19 septembre 1934, Sisk et Edgar arrêtent Bruno Hauptmann.

1963. Ainsi Hoover raconte-t-il la fin de l'histoire à Garrisson. Mais Helen lui apporte ensuite les bandes qu'il a tant voulues de cette chambre d'hôtel où JFK donna rendez-vous à Marilyn. Il a à peine le temps de les écouter, Helen lui annonce, qu'à Dallas, on a tiré sur le président. Hoover annonce à Robert Kennedy la mort de son frère. Hoover et Tolson sont sur le champ de courses de Del Mar et ainsi étaient-ils en...

1933... Lors de ces premières vacances ensemble, "I love you" avait dit Clyde à Edgar. Celui-ci annonça alors à Clyde qu'il allait épouser Dorothy Lamour. Clyde s'emporte. Les deux hommes se battent. Clyde plaque Edgar au sol et l'embrasse. "Ne me refait jamais ça" dit Edgar qui rattrape pourtant Clyde et l'incite à rester le lendemain avec lui. Clyde lui dit de ne plus jamais lui reparler d'une femme, ou alors il le perdra. Edgar murmure des "je t'aime" en le voyant s'éloigner. Le lendemain, Clyde est à côté d'Edgar sur le champ de course comme en...


1963... où Clyde fit soudainement une rupture d'anévrisme. Il est emmené à l'hôpital. A cette occasion, Hoover rencontre un médecin auquel il fera désormais appel quotidiennement pour augmenter son énergie. Clyde tente de dissuader Hoover d'employer des moyens peu glorieux pour faire chanter Luther King. Hoover balaie ses arguments tout en lui préparant aimablement son œuf.

Hoover dicte une lettre à Helen censée émaner du camp de Luther King. Il peine à convaincre l'agent Owens de la certitude de la culpabilité de Bruno Hauptmann que le témoignage filmé d'époque semble pourtant confondre.

Chez Clyde, Hoover regarde à la télévision Luther King qui va, le croit-il, refuser le prix Nobel. Lorsqu'il l'accepte, c'est pour Hoover une terrible défaite qui lui rappelle la mort de sa mère. Ce soir-là, Edgar avait tenté de la faire revivre en s'habillant de ses vêtements.

1972. Nixon est élu et Hoover sort une nouvelle fois sur le balcon saluer le nouveau président, son huitième. Il sait pourtant que cette fois il aura du mal à rester en place. Apres l'entrevu il demande à Helen de détruire tous ses dossiers après son éviction. Elle promet quelque soient les pressions. Hoover se rend chez Tolson, trop faible pour le restaurant, qui lui conseille de se retirer. Apres un premier mouvement de colère où il traite son collaborateur de toujours de traitre. Hoover se reprend. D'ailleurs il ne peut mentir à Tolson qui sait bien que sur de nombreux points ses mémoires sont mensongères. Hoover fait une très belle déclaration d'amour à Tolson. Lorsqu'il rentre chez lui il est toujours investi de cette mission qui consiste à se dépasser pour sauver l'Amérique.

Le matin, la femme de ménage téléphone à Helen pour lui annoncer la mort de Hoover. Nixon lui fera des funérailles nationales mais, en attendant, il envoie ses agents récupérer les dossiers de Hoover. Ils ne trouveront rien, Helen les détruit. Tolson est arrivé chez Hoover et le trouve gisant à côté de son lit. Il l'enroule dans une couverte et sanglote à côté de lui.

Nixon prononce l'éloge funèbre de Hoover à la télévision. Dans sa chambre, Tolson relit la lettre de l'amante de Mme Roosevelt.

Des cartons précisent que Tolson hérita de Hoover puis fut enterré dans le même cimetière que lui à quelques mètres de distance. Helen Gandy ne révéla jamais rien des dossiers de Hoover et seuls quelques dossiers mal classés ressurgirent.

Hoover fut le directeur adjoint du BOI de 1921 à 1924, son directeur de 1924 à 1935 puis celui du FBI qui le remplaça de 1935 à sa mort en 1972. Sur ces cinquante ans d'histoire, le film d'Eastwood ne s'intéresse qu'à trois courtes périodes. Les flashes-back sont initiés lorsqu'Hoover fait écrire ses mémoires, en 1962-63. Mais seules deux périodes de son passé sont scrutées. Celle 1919-1921 narre, linéairement, son accession à la tête du BOI. Celle de 1932-34, qui voit toute à la fois sa lutte contre les gangsters et l'enlèvement du bébé Lindbergh, entrecroise la chronologie pour narrer ces deux évènements. Le recrutement de Tolson en 1927 et la mort de sa mère en 1938 ne sont pas situés dans une chronologie identifiable par un évènement historique mais viennent s'agglutiner à la manière dont Hoover ressent les évènements en 1962-63.

Le film se clôt sur un épilogue situé en 1972 et un court passage en noir et blanc évoque les années 60 mais c'est finalement bien peu par rapport au sujet central du film basé sur la confrontation de Hoover avec deux époques son passé pour écrire ses mémoires dans un moment décisif de son histoire. J. Edgar est ainsi bien moins un film historique sur Hoover qu'une tentative de cerner la façon dont un homme, J. Edgar, se réapproprie son passé tant officiel que personnel.

Une figure monolithique hantée par le passé.

Pour Edgar, sa période de formation fut essentielle. C'est là qu'il incarne le destin que sa mère lui avait promis enfant. Son goût du travail, de l'innovation et de la science (la bibliothèque du Congrès) en sont les principaux piliers. La période 1932-34 est plus ambivalente avec ses échecs et ses réussites et la période 62-63 le fait basculer du maximum de pouvoir à la perte de celui-ci.

L'amour de sa mère condamne Hoover à refuser l'amour de Tolson et le sien pour lui. Le coup de foudre est immédiat et la loyauté sans tâche. Edgar prononce quelques "je t'aime" et fait une émouvante déclaration d'amour avant de mourir. Marqué à vie par le destin que sa mère lui promit enfant (flash-back dans le flash-back), sa vie est hantée par l'idée que le châtiment divin doit tomber sur les méchants. Lorsque Edgar annonce la mort du bébé Lindbergh à sa mère, celle-ci les inclut dans une responsabilité collective : "Nous avons fauté, nous avons laissé le mal gagner. Le sang de ce bébé nous retombera sur les mains".

En ce sens, l'interprétation de Hoover par Di Caprio est formidable, le même sous des traits rajeunis ou vieillis. Tolson et Helen, qui ne changent jamais eux non plus, méritaient le même traitement mais leur performance d'acteur n'est peut être pas à la hauteur de la monstruosité exigée par les personnages. Vieillie, Noémie Watts est un peu éteinte et le jeu de Armie Hammer, mal maquillé, excessif.

Le temps présent, celui de l'écriture des mémoires est sans doute le plus difficile à saisir du film. Pas moins de onze séquences se déroulent néanmoins en 1962-63 où l'action semble bien moindre que dans les neuf grandes séquences de flash-back. Pourtant s'y joue la perte de pouvoir de Hoover. Il domine pleinement Robert Kennedy dans le premier entretien qu'il a avec lui. Tolson lui reproche ensuite de s'avilir dans la poursuite des écoutes sur J. F. Kennedy et par sa tentative de diffamation de King. L'assassinat du premier et l'échec de sa manipulation sur l'autre marquent la perte de son pouvoir sur histoire. C'est juste après la séance de télévision traumatisante mais peu spectaculaire qu'a lieu l'un des points d'orgue du film, la mort de la mère et le travestissement malheureux de Hoover pour tenter de concilier ce qui ne peut l'être.

Durant ces multiples retours au présent, la figure de Tolson que l'on n'identifie d'abord pas vient hanter Hoover. Ombre derrière une porte, silhouette fragile, Tolson est alors la mauvaise conscience de Hoover, celle qui ne peut dorénavant coller avec celle, si séduisante, décrite dans ses mémoires. C'est pourtant elle, que dans la fameuse séquence d'ascenseur, Hoover tente de réunifier. Il sort avec Tolson, sans doute pour leur déjeuner rituel, mais après avoir ordonné une nouvelle mise sur écoute de JFK. Il se rappelle alors le temps où ils sortaient ensemble pour un rendez-vous bien plus glorieux, celui chez Roosevelt qui marque le début de son emprise sur les présidents des Etats-Unis.

Mensonges du mémorialiste, discrétion du cinéaste

Pour accompagner le destin d'Hoover désinvesti de son pouvoir en 1962-63, Eastwood y place discrètement le dérisoire épisode de la cheminée du bureau de Robert Kennedy. Hoover l'admire dans le bureau du ministère la justice. Il fait ensuite activer deux ouvriers à modifier un pan de mur de son bureau. Dans un troisième épisode, la même cheminée trône désormais dans sa salle de réunion.

En s'attaquant à une figure monstrueuse de l'histoire américaine, Eastwwod qui s'est toujours intéressé aux manipulations de l'histoire s'emploie à ne pas utiliser d'autres procédés que ceux découlant des frictions entre présent et passé. C'est moins l'Amérique qui se ment à elle-même, qui cache ses traumatismes que Hoover qui se ment à lui-même et ne peut alors se déployer dans l'histoire.

Comme un disque rayé, Hoover use successivement les agents Irwin, Smith, Jones, Garrison et Owens qu'il a pourtant préféré à d'autres. Ceux-ci ne sont guère capables de s'opposer à lui. Il admet toutefois devant Smith, son agent préféré, qu'il ne fut pas chez Palmer en 1919. Il cache cependant qu'il ne fut pas nommé immédiatement directeur du BOI en 1921 mais seulement directeur suppléant (ce que sa mère signale dans le film). Ce n'est que Tolson qui révélera in fine les mensonges que nous mêmes n'avions pas perçus : Hoover ne fut pas reçu chaleureusement par Lindbergh en 1932. Il n'arrêta lui-même aucun gangster pas même ceux qu'il dit avoir mis en scène après l'attaque politique du sénateur McKellar. Le fantasme du cheval blanc n'est qu'une métaphore psychanalytique de sa peur bien réelle des armes à feu. Pire même, il n'était pas présent lors de l'arrestation le 19 septembre 1934, lorsque l'agent Sisk arrêta Bruno Hauptmann.

 

Jean-Luc Lacuve le 17/01/2012

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